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Dimanche 30 mai 2004 à la Ferme du Bonheur Journée Décroissance
(Dans le cadre du Festival des Résistances et des Alternatives de Paris)
PROGRAMME INDICATIF
Toute la journée :
Tables de presse (Silence, Indésens, Le Publiphobe, Réseau Sortir du nucléaire, Offensive, etc.), convivialité et bon air de la Ferme.
12h30 – Pique-nique/auberge-espagnole et présentation de la Ferme du Bonheur.
14h – Passage d’enregistrements radiophoniques sur le nucléaire suivis d’une discussion sur le nucléaire : décroissance énergétique, totalitarisme et militarisme du nucléaire, critique du progrès technique, gestion de la catastrophe… avec le Réseau Sortir du nucléaire, le Collectif contre la Société nucléaire, Adhoc (Association pour le défense des hommes qui osent contester), Offensive libertaire et sociale, et autres ennemis du nucléaire.
16h – Jazz manouche avec la Brocante et bœuf musical.
18h – Discussions sur la décroissance : le dogme de la croissance, la notion de décroissance soutenable, aliénation dans le travail et la consommation, simplicité volontaire… avec la Ferme du Bonheur, une AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne), la Décroissance, Silence, Adhoc, des antipubs, et d’autres chercheur-euses-s d’une voie décroissante et conviviale.
Présentation générale des intervenants et des problématiques suivie de discussions en plus petits groupes.
20h – Repas bio
22h - Discussions et projections
La ferme du Bonheur, 220 avenue de la République, 92000 Nanterre
Prendre le RER A jusqu’à Nanterre-Université, sortir du côté de l’Université et aller en direction des chapiteaux, c’est juste après, en face du bâtiment A de l’université.
°°°
Contre la croissance et le nucléaire
La croissance économique et le nucléaire peuvent sembler de prime abord des problèmes bien distincts : d’un côté il s’agit d’une orientation générale de l’économie et de la société vers une inflation continuelle de la production et de la consommation (et donc une détérioration toujours plus poussée des ressources naturelles et de la vie), de l’autre de l’utilisation d’une source d’énergie qui fait peser en permanence la menace d’une abominable catastrophe et produit en attendant une pollution qui va perdurer pendant une quasi éternité.
Pourtant, quand on étudie ces questions d’un peu plus près, on découvre de nombreux points communs entre elles, des logiques communes, au point qu’il devient finalement difficile de les considérer séparément à nouveau. La recherche de la sobriété et du bien-être, et la critique du
scientisme et de l’ordre productiviste-consumériste sont indissociables.
L’industrie nucléaire, qui par sa propagande essaie de faire croire que le nucléaire est une technologie propre et sûre, permettant une production énergétique illimitée et bon marché, encourage la consommation à outrance, incite les individus, les ménages et les entreprises à ne
surtout pas être économes. Pourtant, comme les autres industries, celle du nucléaire a des coûts cachés, qu’il s’agisse d’écologie (épuisement de ressources en quantités limitées comme l’uranium, rejet de déchets radioactifs dans la nature tandis que davantage encore s’entassent dans les installations nucléaires), de finances (soutien public par divers biais plus ou moins détournés), de risques d’accidents (au lieu de supprimer la menace, on la cache en installant les sites nucléaires loin des lieux de consommation) ou de justice sociale (à l’échelle mondiale,
le pillage des ressources est très inégalitaire, les gisements d’uranium des pays du Sud, par exemple, sont exploités par les entreprises du Nord).
Cette dissimulation des coûts cachés favorise une sorte de virtualisation de la vie, une perte de contact avec le monde réel dont on n’a plus l’habitude de sentir la rugosité. On achète avec une certaine inconscience des produits joliment maquillés et emballés, sans se soucier ni de la façon dont ils ont été produits (destruction de l’environnement, souffrance humaine et animale) ni des conséquences de leur consommation (pollutions diverses et variées).
Ce mode de vie consumériste, présenté comme un grand progrès par la société industrielle et ses tenants, nous conduit à nous empoisonner nous-mêmes. Empoisonnement au sens propre et physiologique du terme quand il s’agit de la détérioration de notre santé à cause de la pollution, mais aussi dans un sens social quand il s’agit de négliger la qualité des rapport humains pour aller perdre sa vie au travail ou au centre commercial (quand on en a les moyens).
Tout ceci est favorisé par la délocalisation et la centralisation de la production (d’énergie, de biens de consommation) mais aussi par l’accaparement du pouvoir par quelques spécialistes qui se permettent de prendre seuls des décisions qui ont des répercussions sur le quotidien de
chacun et chacune (choix des structures de production, de transport des personnes et marchandises).
La foi scientiste dans la technique qui anime souvent ces spécialistes les amène à croire que les problèmes posés par la technique seront résolus par davantage de technique encore (la fusion nucléaire devrait soi-disant régler les problèmes de la fission, par exemple) ou même que la technique à elle seule est à même de résoudre les problèmes sociaux.
Cela ne fait qu’accentuer toujours plus la fuite en avant dans la technologie, la spécialisation et les méga-structures incontrôlables. Ce constat amène à s’interroger sur la maîtrise que nous avons vraiment, individuellement et collectivement, de nos vies. La démocratie exige en effet que tous et toutes puissent contrôler sens dans lequel évolue la société. Mais dans une société ultra-technique, on se trouve bien trop souvent obligé faire confiance aux spécialistes, leur confiant des décisions qui devraient être prises par tous et toutes. La spécialisation conduit à
une aliénation et une déresponsabilisation des personnes.
Chaque technique, chaque mode d’organisation de la société devrait être soumis à un examen critique collectif, une sorte de bilan dans lequel on comparerait ce que l’on gagne en adoptant une technologie, mais également ce que l’on perd.
Si les transports à grande vitesse nous permettent de nous déplacer très vite, par exemple, et de gagner du temps pour faire un trajet, ils nous font aussi perdre le temps de faire des choses en route.
Cette croissance de la vitesse demande aussi des infrastructures toujours plus complexes. Cela implique une augmentation générale de la quantité de travail nécessaire pour la production et l’entretien des moyens de ransport, ainsi que du temps de travail nécessaire pour pouvoir s’offrir
l’accès à des transports toujours plus payants. Cela contribue à accentuer la précarité des "improductifs" qui ne peuvent payer et n’ont plus le choix qu’entre rester à quai ou risquer l’embastillement pour "fraude par habitude" (LSQ).
Le développement technologique et industriel semble souvent se faire au détriment de la convivialité et de la démocratie. Ces dimensions fondamentales de la vie en société sont à reconquérir.
Pour reprendre le contrôle de soi-même et, collectivement, de la société, des choix sont à faire : croissance ou décroissance, sophistication ou simplicité des techniques, production et décisions centralisées ou non, exploitation ou entraide, autorité ou liberté…
Atelier Décroissance / Antinucléaire
du FRAP 2004