--> Maxime de la Révolution Française.
Lu sur
www.defrichage.org : INTRODUCTION
Au départ, plusieurs amis m'ont demandé d'écrire un récit qui pourrait leur servir de base argumentaire pour défendre le NON au référendum sur le traité établissant une constitution pour l'Europe (nous l'appellerons désormais Traité). Car bien souvent, ils repartaient de nos discussions avec le sentiment d'être mieux informés, mais peinaient à en restituer le contenu par la suite. C'est bien normal, vu l'extrême complexité du Traité. Peu à peu cependant, l'objectif a mué : je désire rendre ce Traité accessible à tous.
Restons mesurés, il s'agit de vous donner les moyens d'avoir une intime
conviction. Et là se pose une contradiction : comment être crédible
sans être complet, alors que cette incomplétude est nécessaire pour
être compris ? Bref, comment vous intéresser et susciter votre
curiosité, cher lecteur, sans être « chiant » et imbuvable ?
Se jeter à corps perdu dans le texte du Traité lui-même revient à
se noyer dans une mer inconnue : il est délibérément rédigé pour être
inaccessible ! On vous demande de naviguer dans les méandres d'un texte
difficile sans même vous dire ce qu'est une constitution, ce qu'elle
représente et surtout, ce qu'elle implique. Changer d'angle d'approche,
c'est-à-dire délaisser (en partie) le contenu pour s'intéresser au
contenant, c'est comprendre que l'enjeu est bien au-dessus des partis
et des clivages politiques, puisqu'il touche à la démocratie dans son
essence même. Ainsi ce récit s'adresse à tous, quelles que soient vos
convictions, parce qu'il n'est construit qu'autour de la question
supérieure de la défense de la démocratie.
Ce qui m'incite à prendre la plume aujourd'hui, sources de mes
nuits blanches, c'est l'indifférence ou le relativisme que ce
référendum suscite. « Evènement » politique comme les autres, il
demeure soumis à une lecture nationale, partisane, superficielle et
simpliste, ainsi qu'à une propagande qui nous rappelle les plus mauvais
jours. Partant de là, grosso modo, trois sentiments trop largement
partagés invitent au renoncement.
Le premier façonne les optimistes un peu béats, toujours disposés à
faire confiance aux discours des dirigeants. Pour eux, « il ne faut pas
louper le train de l'Europe », « la France a une responsabilité
historique » (certes, mais laquelle ?). Même si certains assurent que «
ça ne peut être que mieux », d'autres concèdent cependant qu'ils «
laissent une dernière chance » à leurs dirigeants (mais combien de fois
ont-ils dit ça ?).
A ceux-là nous disons, hélas : « Plus dure sera la chute ».
Le deuxième modèle les désintéressés, individualistes et un peu
j'menfoutistes. Ils dédaignent le sujet : « Ca m'intéresse pas », « de
toute façon, ça va pas changer la face du monde, ni celle de mon petit
chez moi », « moi, je ne suis pas concerné, donc je ne vote pas. Cette
démocratie est pourrie, ça sert à rien ». C'est le syndrome de
l'autruche qui se met la tête dans le sable espérant être ainsi cachée
et à l'abri.
A ceux-là nous disons : « Si tu ne t'intéresses pas à la politique, la politique s'intéressera à toi ».
Le dernier paralyse les résignés, intéressés mais fatalistes. Ils
disent : « A quoi bon, de toute façon, ils arriveront bien à leurs fins
d'une manière ou d'une autre ». C'est un peu l'histoire de l'homme
qu'on croyait muet, alors qu'il ne parlait pas, convaincu d'être le
seul à penser ce qu'il pense.
A ceux-là nous disons : « Les humains étaient, sont et seront toujours les acteurs de l'Histoire ».
C'est surtout à ceux que ces sentiments parcourent que je
m'adresse, à tout ceux, quelle qu'en soit la raison, qui ne sont ou ne
se sentent pas suffisamment informés. Il faut une prise de conscience.
C'est par elle que nous pouvons agir ensemble et inventer l'avenir.
Cela paraît impossible, tant on entend la rengaine : « Il n'y a pas
d'alternatives, pas d'autres solutions ». Cette affirmation, dans
l'esprit de ceux qui la diffusent, sert à nous dissuader de penser. Il
faut prendre de la hauteur, sortir de ce présent figé et perpétuel dans
lequel les « évènements » se succèdent sans cohérence. Ce récit
abordera donc la question du Traité dans sa dimension historique,
soucieux de la trame des causes et des conséquences. Il va permettre de
comprendre que ce Traité est ANTIDEMOCRATIQUE. Il n'est pas fondé en
droit (I). Le débat n'est ni objectif, ni à la mesure de l'enjeu (II).
Ainsi il faut le mettre en perspective historique (III) pour en mesurer
les conséquences (IV). Se mobiliser dans l'action dépendra de notre
capacité à assumer nos responsabilités (V). Pour que demain naisse sur
l'espoir d'un avenir à construire et non plus à subir (VI).
C'est ainsi qu' en connaissance de cause, nous irons voter NON au
référendum, choix éclairé de citoyens informés et responsables,
conscients des conséquences de nos actes, décidés à préserver une
démocratie qui n'en finit plus d'être « ce nom pompeux donné à quelque
chose qui n'existe pas », tant son essence même est altérée par sa mise
en représentation spectaculaire. Voilà bien tout l'enjeu : nous mettre
face à nos responsabilités, pour éviter les deux nauséeuses
justifications résignées des ignares : le « si j'avais su » et le «
c'est pas ma faute », qui tôt ou tard fleurissent sur le pare-terre de
nos inconséquences. Dans ce qui reste de notre démocratie, demeure
cette liberté exceptionnelle : celle de s'informer pour rester maîtres
de nos choix et de notre communauté de destin. C'est à portée de
chacun, en libre circulation, nous n'aurons aucune excuse valable.
Surtout, elles ne seront d'aucune utilité.
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