Lu sur
Indymédia Paris : "Je pars donc ce lundi 14 novembre vers 12 h30 métro 5 direction le tribunal de grande instance de Bobigny. Plein de grands bâtiments en verre, c'est dans l'un d'entre eux, au fond, après une passerelle qui enjambe une 4 voies. A l'entrée, fouille obligatoire. Mon sac fait bip, il y a un couteau dedans. Je casse mes noix avec. Bon . Je ressors, je le planque dans des buissons, je refais la queue.J'y suis. Je demande où ça se passe, les comparutions des jeunes, on m'indique la salle d'audience 4. J'y vais, je rentre direct.Un flic me sort, il m'explique qu'il faut attendre une suspension d'audience pour entrer, « c'est écrit là ,sur la porte ».
Bon ,je vais attendre alors.Les parois sont en verre, on peut voir ce qui se pase dedans . Il n'y a presque personne, étrange. Je regarde aux alentours à la recherche d'autres cool-récup' genre moi.Je tombe sur une cool-jolinana. Elle aussi doute que ce soit la bonne salle d'audience ;elle aussi a répondu à « l'appel au rassemblement de soutien à 14 H au TGI de Bobigny ». Il est 1 3h40. Il n'y a vraiment personne à l'horizon. Devant la salle d'audience d'à coté il y a des jeunes ,arabes et noirs ; l'air de. Je leur demande si c'est là que se passent les « comparutions des jeunes qui ont brûlé les voitures et tout ça ».L'un me dit qu'il en sait rien, l'autre me dit que c'est bien là. Je m'approche des murs en verre pour regarder, mais je m'en éloigne vite, troublée.A l'interieur, pas de cool-récup' ,pas de cool-jolinanas, mais des hommes et des femmes l'air perdu ..
Qu'est-ce que je fous là ?Qui m'a demandé de venir ? Je ne suis même pas sûre de bien savoir ce que c'est,une comparution .Je m'assoie pas loin des jeunes, de plus en plus mal à l'aise .J'attends, mais je ne sais plus quoi. Je n'ai rien à dire,à personne. Je n'ai surtout pas envie de parler aux quelques rares cool-quelquechose qui trainent de-ci de-là maintenant. Je suis venue manifester ma solidarité à des gens qu'on maltraite ,je suis venue dire non aux expulsions, et je me retrouve là ,et rien.Je me rends douloureusement compte que je suis peut-être aussi venue sauter sur l'occasion d'une action ,initiée par d'autres et dont je ne suis pas.
Je n'ai pas brûlé de voitures, moi. Je suis solidaire…je commence à douter que qui que ce soit en ait quelque chose à foutre, de ma solidarité. Je doute qu'il se passe maintenant quoi que ce soit à quoi je puisse me meler et qui donne sens à ma présence ici. Je sors, je récupère mon couteau. J'attends encore un peu. Je pars. Mercredi je serai au rassemblement à 14h devant la fac de St Denis.
Nadine
le 14/11/2005 à 16h47