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La rue les a fait reculer, à nous tous maintenant de les faire plier...
En annonçant le retrait du CPE (même si pour garder la face ce retrait pur et simple est annoncé sous la forme d’un « remplacement » n’ayant aucune réalité supplémentaire que des dispositifs déjà existants qui sont encore et toujours des cadeaux au patronat) le gouvernement a entériné son recul face à la mobilisation qui dure depuis plus de deux mois des lycéens, étudiants et salariés. Au delà du CPE, cette annonce est une première victoire pour le mouvement social dans le bras de fer qui l’opposait aux classes dirigeantes. Une victoire qui permet après plusieurs années de reculs, de lois antisociales encaissées, de défaites parfois cuisantes comme en 2003, de relever la tête, de renouer avec l’action collective et de redonner espoir pour les luttes sociales à venir. Nous avons en effet démontré que la grève et l’action directe étaient capable de faire plier les plus inflexibles. Cette victoire doit marquer le début d’une nouvelle période plus offensive pour les luttes.
Bien sûr, le retrait du CPE ne signifie pas une victoire totale, loin de là... Mais il ne faut pas non plus se cacher que ce retrait, après le bras de fer de ces derniers mois, signifie un recul, d’autant plus intéressant qu’il s’agit d’une recul face à la rue, l’action directe, la grève, les manifestations, les blocages et les occupations. C’est une démonstration victorieuse que seule la lutte paye et que les choses ne se résoudront pas par les illusoirs espoirs des isoloirs de 2007.
On ne peut que regretter que les directions syndicales, après avoir fermement tenu une position unitaire, aient joué leur rôle de partenaire social en offrant, lors de la dernière semaine, une porte de sortie à un pouvoir réactionnaire qui utilise la violence et la fermeté contre le mouvement social. Ceci est d’autant plus dommageable que les étudiants, lycéens et travailleurs ont su créer un rapport de force sans précédent depuis 10 ans, notamment avec deux journées de grève interprofessionnelle regroupant trois millions de personnes. Les directions syndicales ont choisi de rester sur la seule revendication de retrait du CPE alors que les étudiants, lycéens et de nombreux travailleurs ont élargi celle-ci au CNE, à la loi sur l’(in)égalité des chances et plus généralement à la précarité devenue une norme de la gestion du monde du travail. En effet, si le CPE est retiré, le CNE est toujours là et surtout la Loi sur l’(in)égalité des chances contenant des mesures toutes aussi antisociales que le CPE comme « l’apprentissage junior » (apprentissage dès 14 ans), l’autorisation du travail de nuit pour les mineurs dés 15 ans ou encore le contrat de responsabilité parentale. Ces mesures enfoncent encore un peu plus le clou de "l’école à 2 vitesse", celle des riches et celle des pauvres.
Rien n’est donc fini, la lutte doit se poursuivre pour faire aboutir les revendications mais aussi celles propres à l’Education nationale sur la réforme des ZEP, la pénurie de postes ou encore la précarité dans notre secteur. C’est pour cela que la CNT-FTE maintient son appel à la grève et à se joindre à la journée nationale du 11 avril appelée par la coordination nationale étudiante. Enfin, nous réaffirmons notre soutien à toutes les personnes interpellées durant ce mouvement, et demandons l’arrêt de toutes les poursuites en cours ainsi que l’amnistie de toutes les personnes actuellement incarcérées. En espérant que la victoire contre le CPE soit porteuse d’autres luttes et d’autres victoires à venir pour construire un autre futur.
Rien n’est fini mais tout peut commencer !
Le secrétariat fédéral de la CNT-FTE