L'En Dehors

« Aujourd’hui, la plupart des augmentations de température sont très probablement dues à la croissance des émissions des gaz à effets de serre dans l’atmosphère. » Le constat du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), est sans appel. Ces conclusions ne sont pas bonnes pour les portefeuilles du lobby pétrolier.

« Très probablement » paraît pour le moins consensuel. Mais cela signifie qu’on est sûr à plus de 90% que le réchauffement terrestre est causé par les activités humaines. Le climat pourrait globalement se réchauffer de 2 à 4 degrés. La concentration de CO2 dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevée dans l’atmosphère depuis 600.000ans.

Le GIEC a été créé en 1988 par l’Organisation Météorologique Mondiale et le programme des Nations Unies pour l’environnement. Il s’appuie sur un réseau d’approximativement 2500 scientifiques à travers le monde et publie un rapport de synthèse de ses études sur les variations du climat tous les 6 ans. A l’heure actuelle, les rapports du GIEC font office de référence indiscutable pour les changements climatiques.

Et pourtant… Il existe des scientifiques « sceptiques », qui, n’ayant pas peur du ridicule prétendent que le réchauffement climatique est un complot mené par des groupes « d’éco-terroristes » contre leurs intérêts. Ces terroristes tenteraient de provoquer des catastrophes naturelles pour entretenir des craintes totalement injustifiées sur le changement climatique. Et il y a pas mal d’argent pour soutenir ce genre de thèse. ExxonMobil, la première compagnie pétrolière du monde, finance largement des groupes de réflexion, des groupes journalistiques et même des groupes religieux ou de défense des droits civiques pour tenter de contester les résultats scientifiques généralement admis sur le changement climatique. Au total, ces organisations ont gracieusement reçu plus de 8 millions de dollars entre 2000 et 2003.

Mais quand les sceptiques climatiques tentent de balayer du revers de la main plus de 2500 scientifiques à travers le monde, ils perdent toute crédibilité. En 1989, les secteurs industriels exploitant les énergies fossiles se positionnent aux côtés d’ExxonMobil pour remettre en cause les hypothèse anthropiques sur le réchauffement climatique. Cette même année a été créé le GCC, « Global Climate Coalition », financé par les pétroliers, afin de faire front à toutes les mesures contraignantes adoptées en réponse au réchauffement planétaire. Le GCC a tenté de prouver « scientifiquement » qu’il n’y avait pas de réchauffement climatique causé par les activités humaines. En 2001 le rapport du GIEC affirme déjà que les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine risquent de faire grimper les températures mondiales de 1.4 à 5.8°C en moyenne d’ici à 2100 si on ne fait rien. « Il est rare que les milieux scientifiques parviennent à un consensus aussi marqué que celui qui s’est créé autour de ce sujet », a alors écrit en éditorial le rédacteur en chef de la revue « Science », Donald Kennedy. Du coup, les principales compagnies pétrolières telles que Shell, Texaco, Britrish Petroleum ainsi que plusieurs constructeurs automobiles comme Ford, General Motors et Daimler Chrysler désertent le camp des « sceptiques » et quittent le GCC. Le « Global Climate Coalition » cessera ses activités peu après 2002.

Sources : « Courrier International » Hors série octobre - novembre - décembre 2006 « Le Soir » samedi 3 et dimanche 4 février 2007.

[Louis Jazz]