L'En Dehors

A Foix, l'Equitable est un lieu où se croisent beaucoup d'alternatives locales et où se brassent les idées. En 2001, Françoise Matricon, militante des Verts, s'investit dans l'ouverture d'un restaurant bio. Une SCI, société civile immobilière, est créée pour acheter des locaux.
Le restaurant bio ne va pas très bien fonctionner, mais accueille rapidement les réunions de nombreuses associations.
En 2003, le restaurant biologique s'arrête et une réflexion est menée pour maintenir ouvert le local sous une autre forme. Une structure collégiale permet aux associations présentes - six à l'origine - de partager les frais de gestion du local. Françoise Matricon devient l'unique propriétaire et passe un bail avec les associations, celles-ci prenant en charge les frais d'entretien du petit bâtiment.
Le, principe qui anime le lieu est la mutualisation des moyens: synergie entre les associations et économies d'énergie.

Débat sur le commerce équitable

En relais de la campagne "de l'éthique sur l'étiquette", un collectif ariégeois existe depuis les années 90. Après différentes campagnes militantes se développe progressivement un relais des produits Artisans du monde. Des stands sont présents sur les marchés. Des animations ont lieu en milieu scolaire.
La publication d'arguments montrant les limites actuelles du commerce équitable (1) va impulser un débat qui va avoir comme conséquence de remettre en cause leur adhésion à Artisans du monde
ils restent seulement "associés" ce qui leur laisse plus de liberté dans les achats. Ils privilégient les produits de Solidar'monde, la plate-forme d'achats du commerce équitable et d'Andines qui a une démarche plus équilibrée sur la question (2). Le collectif décide de boycotter les produits labellisés par Max Havelaar, label qui en choisissant de faire la promotion de ses produits dans les grands magasins, est en totale contradiction avec ce que pourrait être un commerce équitable.
Le débat sur le commerce équitable est très riche. Le collectif s'interroge sur ses rapports avec la bio qui, elle, respecte l'environnement. Elle pose la question dé l'ensemble de la filière : peut-on importer des produits fabriqués à bas prix de fort loin lorsqu'ils sont aussi produits localement ? L'importation de produits "hydratés" (les produits frais) venant de fort loin peut-il se justifier alors que cela consomme énormément d'énergie ? En résumé, faut-il contribuer à détruire la planète pour sauver les producteurs du Sud ? Le collectif a pris la .décision de ne plus proposer de produits "hydratés" et essaie maintenant de s'orienter vers un "commerce équitable local".
Kathy Wersinger, l'une des animatrices du collectif, est enseignante et dans ce cadre propose des animations au sein d'une structure départementale de débats de l'éducation nationale, l'ADEIC 09. Elle essaie d'y répercuter les débats qui animent le collectif. Elle constate que ce sont les enfants des écoles primaires qui sont les plus ouverts aux débats : ils comprennent mieux l'utilité de prendre en compte l'environnement. Peut-être parce qu'ils n'ont pas été encore suffisamment formatés ?

Les autres associations

Aussi présent dans les locaux de l'Equitable, Anima vote est une compagnie théâtrale qui outre son travail spécifique, participe souvent aux actions des autres groupes pour les aider à mettre en scène des stands et des animations.
Le collectif Chiapas mène une activité spécifique de solidarité proche du commerce équitable avec l'importation de café et l'organisation d'actions de soutien aux insurgés de cette région du Mexique.
Le collectif Danger OGM regorge de faucheurs volontaires qui ont fort à faire avec de nombreux essais dans la région.
Le Comité écologique ariégeois, l'un des plus anciens groupes écologiques de la région, mène des actions en particulier contre- les projets d'aménagements en montagne. Il a récemment gagné une bataille contre l'agrandissement d'un refuge dans une zone protégée.
On y trouve des groupes plus spécifiquement . politique comme Les Verts ou Attac Ariège.
Enfin, ARP Association de ressources pédagogiques (3), et l'antenne locale d'Ecorce, un collectif basé à Mirepoix pour la promotion d'un habitat écologique.

Repas et débats

Pour que les militants des différentes associations se rencontrent, des repas collectifs réguliers se tiennent régulièrement. Souvent ces repas sont à thèmes et permettent de confronter les différentes démarches.
Les repas sont organisés par les militants à tour de rôle et proposent des soupes, des salades, des tartines sucrées et  salées à tout petits prix, autour d'une grande table collective pouvant accueillir, serrées, une vingtaine de personnes. _
Le travail et la nourriture sont offerts par ceux et celles qui préparent le repas. Ainsi le bénéfice permet de financer une bonne part des frais du local et assure ainsi aux associations un loyer très bas.
Les repas permettent de faire circuler l'information et de faire progresser la réflexion pour aller vers une vision plus générale, une plus grande conscience... Ils ont été à l'origine de l'apparition de nouveaux comportements et de la création de nouveaux collectifs spécifiques comme Ecorce.
Le vendredi est devenu le jour d'affluence avec une trentaine de personnes qui se retrouvent à l'Equitable, obligeant certains à manger à l'étage dans une salle de réunion.
l'activité se révèle bénéficiaire et en deux ans, plus de 6000 € ont été économisés. Le collectif des associations a donc décidé d'investir, en lien avec le festival des Résistances (4) dans un projet de bibliothèque et de vidéos prêtées aux adhérents.
Les débats sont choisis à l'avance et sont annoncés aux sympathisants via le bulletin Libre échange un petit bulletin diffusé dans le sud du département par Michel Busch, un militant (5).
L'Equitable est ainsi un véritable carrefour des initiatives locales et la rencontre entre les militants permet un enrichissement permanent et un gain de cohérence dans les démarches, un mode de fonctionnement parfaitement réussi qui pourrait servir de modèle dans de nombreuses autres villes.

MB /

LEquitable, place Duthil, 09000 Foix, tel : 05 61 60 78 88.
Et également Ethika, 59, rue Brauhauban, 65000 Tarbes, tel: 05b2 93 06 12.

(1) Notamment à partir du S!lence n° 303, novembre 2003.
(2) Voir présentation d'Andines dans S!lence n°325, été 2005.
(3)ARP, voir page 27.

S!lence #331 janvier 2006