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L'En Dehors


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Fermer les bases militaires de la Françafrique !
--> Les événements d’Abidjan disqualifient un dispositif incurablement néocolonial
Lu sur Indymédia Paris : "Le dispositif de bases et troupes militaires françaises en Afrique est depuis plus de 40 ans l’un des piliers de la Françafrique, ce système néocolonial de confiscation des indépendances africaines, de pillage des ressources, d’escroquerie financière, de dictatures « amies de la France », de manipulations barbouzardes, d’instrumentalisation de l’ethnisme et de fomentation de guerres civiles. Ces bases (quelque 6 000 hommes au total) concourent au maintien des dictatures tchadienne, djiboutienne et gabonaise. Directement issues des troupes coloniales, les forces françaises opérant en Afrique n’ont jamais été incitées à se départir de leur postulat d’origine, selon lequel la vie d’un « indigène » n’est que quantité négligeable face aux « intérêts de la France » (ceux, en réalité, des lobbies coloniaux puis néocoloniaux). Ce qu’elles ont fait exactement au Rwanda, comme principal instrument de la complicité française avec les génocidaires, demeure toujours frappé du plus grand secret.

La Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny a été un « modèle » françafricain de pillage des ressources et de l’argent public. Le protectorat français ne lui a pas permis de traiter (comme c’est le devoir et l’honneur d’un pays indépendant) des questions aussi cruciales que la citoyenneté, le droit foncier, la sécurité intérieure et extérieure, la diplomatie régionale. Houphouët, qui avait été l’un des principaux artisans de la mise en échec des projets d’unité africaine, puis l’un des relais des agressions françafricaines contre les pays anglophones d’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Liberia, Sierra Leone), a aussi favorisé la rivalité entre les leaders politiques susceptibles de lui succéder. Depuis 5 ans, donc, la Côte d’Ivoire connaît une crise grave qui peut finir par l’embraser, ainsi que la sous-région. En 2002 ont été déclenchés un coup d’État puis une rébellion, correspondant certes à des problèmes réels de citoyenneté et d’accès à la terre, mais manifestement soutenus par les réseaux de la droite françafricaine et leur relais local, le dictateur burkinabè Blaise Compaoré, qui élimina en 1987 Thomas Sankara avec l’aide d'Houphouët et de Jacques Foccart, conseiller du Premier ministre français d’alors, Jacques Chirac. Rappelons que ce dernier est depuis trente ans parrain de la Françafrique.

Devant les risques de pogroms suscités par cette guerre civile et l’absence d’alternative immédiate, Survie et de nombreuses associations françaises ont appelé en 2002 à ce que les troupes françaises stationnées sur place (le 43e BIMa) s’interposent en attendant une intervention des Nations unies. Une force de l’ONU est arrivée (l’ONUCI), mais les troupes françaises, considérablement augmentées en « opération Licorne », ont conservé un statut à part. Ces forces de tradition coloniale et néocoloniale auraient pu montrer leur conversion aux objectifs pacifiques de la Charte des Nations unies si, d’une part, avaient été tirées les leçons de leurs crimes passés (au Rwanda notamment), et si d’autre part le chef des Armées, Jacques Chirac, avait su se départir d’une gestion françafricaine de la suite des événements.

Mais la Françafrique n’a pas voulu savoir que la trêve était très précaire. Forte de ses milliers d’hommes sur place, elle a cru pouvoir continuer son business as usual, jouant sur tous les tableaux économiques, politiques et barbouzards – sans guère réagir lorsque des civils étaient massacrés, et notamment à Abidjan fin mars 2004. Asservie aux évaluations fluctuantes des stratèges et entreprises françafricains, cette politique illisible (au regard des objectifs officiels) a soufflé successivement le chaud et le froid sur les parties en conflit, cherchant une fois de plus à les instrumentaliser.

À ces jeux, l’Élysée s’est fait piéger. Cible du coup d’État de 2002, le président Laurent Gbagbo a compris le bénéfice qu’il pouvait tirer de trop de contradictions et de la présence d’une importante communauté française à Abidjan. S’appuyant sur l’inavouable du passé et du présent néocoloniaux, il a replacé le conflit intérieur dans cette seule dimension Abidjan-Paris. Or il est devenu facile de mobiliser le sentiment anti-français face à une Françafrique pillarde et oppressive, qui a beaucoup trop duré. Trop arrogant pour l’avoir perçu et peu soucieux du mandat onusien de Licorne, Jacques Chirac a ordonné une réplique disproportionnée à l’attaque subie le 6 novembre à Bouaké par un campement militaire français. Les blindés et les commandos français ont été envoyés occuper les points névralgiques d’Abidjan, dont l’hôtel Ivoire à proximité du palais présidentiel. Cela signifiait affronter la foule, et lui tirer dessus, à plusieurs reprises. Aller au massacre. Des dizaines de civils sont morts, plusieurs centaines au moins ont été blessés (le décompte précis des victimes de ces tirs reste à établir). Cette barbarie-là, longuement occultée par les médias français, les peuples africains ne la supporte plus. L’abîme est trop flagrant entre les moyens extrêmes mis en œuvre pour protéger les vies et intérêts français, et le mépris des vies africaines que Licorne est censée préserver. Jacques Chirac doit comprendre qu’il s’agit du dernier massacre néocolonial.

Définitivement, la France ne peut plus exercer sa tutelle sur le continent noir. Nous sommes aux côtés de l’Afrique qui s’en affranchit. Si l’Élysée s’acharne à prolonger la Françafrique, ne fût-ce que de quelques années, cela se fera de manière de plus en plus sale. Et pas seulement pour les Africains. Il reste très peu de temps pour annoncer et engager de manière crédible un changement radical de la politique africaine de la France. Ce dont notre pays a à rougir, il ne lui reste qu’à le reconnaître et le corriger pour retrouver un peu d’honneur.

Le premier acte de ce changement consiste à constater que la présence de troupes françaises au nom de l’héritage colonial est indécente. Imposée par des « accords de défense » lors des pseudo-indépendances, elle n’a jamais été avalisée par des instances démocratiques africaines. Seules ne doivent rester possibles que des interventions multilatérales demandées par l’ONU. Mais il faut d’abord marquer par un retrait la rupture avec le passé. Dans le cas précis de la Côte d’Ivoire, une fois admise l’incompétence du pompier pyromane, il reste aux peuples d’Afrique et à leurs institutions en pleine émergence, l’Union africaine et les organisations régionales, à se montrer à la hauteur des périls – quitte à exiger pour leur action, en partie requise par les séquelles de la colonisation européenne, un apport matériel et financier. Si ces instances africaines ne se montrent pas assez réactives, c’est aux opinions publiques et aux forces citoyennes de les y pousser.

En même temps, Survie soutient les demandes parlementaires d’une commission d’enquête sur les faits et décisions qui ont amené l’armée française à tirer sur la foule abidjanaise. À cette occasion, Survie réitère son hostilité au fonctionnement monarchique français, qui a permis tant de dégâts et de crimes en Afrique sans que le Parlement veuille ou puisse s’y opposer. Nous demandons à ce dernier de se ressaisir.

Association Survie 210 rue Saint-Martin 75003 Paris Tel : 01 44 61 03 25 Fax : 01 44 61 03 20 survie@wanadoo.fr www.survie-france.org
Lire aussi : La Côte d'Ivoire demande une enquête internationale
Ecrit par libertad, à 22:20 dans la rubrique "Culture".

Commentaires :

  Anonyme
08-12-04
à 22:30

J'espère que l'objectif va enfin être repris.

Sur ce sujet,La dicrétion des militants d'extrème gauche(toutes tendances confondues) est vraiment surprenante. Et ça fait plus de quarante ans que ça dure...

Je me souviens d'avoir vu une affiche de l'OCL "Troupes françaises d'occupation hors d'Afrique" mais pas grand chose de plus.
Répondre à ce commentaire

  libertad
08-12-04
à 23:25

Re:

Tout à fait d'accord, nous dénonçons à juste titre les crimes de l'impérialisme américain mais en France on reste assez silencieux sur les crimes de l'impérialisme français
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
09-12-04
à 11:15

Re: Re:

je propose de battre campagne autour de nous afin d'attirer l'attention "militante" sur ce sujet...
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
09-12-04
à 11:15

Re: Re:

C'est un phénomène qu'il faudrait essayer d'analyser. Je pense qu'il y a une bonne part de chauvinisme inconscient dans ce désintérêt.

Surtout, il me semble que l'engagement sur les questions internationales suit généralement l'ordre du jour fixé par les médias dominants. Or, ceux-ci ne traitent pas du néocolonialisme français.

La logique voudrait que l'on s'oppose prioritairement aux crimes de notre propre classe dirigeante, à ces crimes qu'elle a l'audace de commettre en notre nom.

En France, la dénonciation des Etats-Unis,justifiée mais qui se transforme fréquemment en anti-américanisme, sert de diversion. Cela me fait penser à un chapitre de "La fabrique de l'opinion publique" de Chomsky dans lequel il montre que la dénonciation de l'URSS aux Etats-Unis servait de "mécanisme de contrôle". Les médias américains,pendant la guerre froide, se focalisaient sur les crimes bien réels du bloc soviétique, ce qui permettait d'occulter les crimes des Etats-Unis et de renforcer la cohésion nationale, le sentiment de la supériorité nationale face à l'ennemi extérieur.
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
09-12-04
à 11:50

Re: Re: Re:

je pense que ce texte peut aller dans le sens de cette réfelxion :

Pourquoi y a-t-il si peu de personnes de couleurs dans le mouvement anarchiste ?

http://fraternitelibertaire.free.fr/reserve/pourquoi_y_a.doc

Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
09-12-04
à 17:01

Les blancs au drapeau noir

Oui, sauf que dans les années 80, lorsque la chasse aux bones (skins nazis) a été donnée en France, avec notament la création des Scalps et autres groupes antifascistes, il y avait parmi ces activistes une majorité de blancs et aujourd'hui c'est encore la même chose. Peut-être que le fait que des blancs s'occupent de problèmes de discrimination qui ne les touchent pas directement au quotidien, discrédite ou rend douteuse l'action de ceux-ci au regard d'individus de couleur. A la vue des gesticulations de certains activistes blancs, on peut comprendre que certains choisissent le replie communautaire.
Il y a aussi un fossé d'incompréhension et de confusion lorsque le fait d'être athée chez les anars est perçu comme du racisme chez certains croyants, musulmans par exemple. Et je vois mal, des musulmans ou des catholiques, s'associer sur du long terme à des anars pronant l'anticléricalisme et rejetant les valeurs morales religieuses. Or, il faut bien avouer que la plupart des minorités de couleur, en France du moins, sont de culture religieuse.Donc pas facile non plus pour un individu, qui en est issu, de se confronter à sa famille ou ses amis qui constituent les seules cellules auxquelles il peut se raccrocher. En dehors de la communauté, c'est la discrimination, donc difficile d'aller voir ailleurs.
Et puis, je serais curieux de savoir de quelle classe sociale est issue la majorité des anars. A vue de nez, il y a beaucoup d'anars issus de la classe moyenne, même s'ils sont déclassés par la suite. En général on a accès à du Bakounine, par exemple, quand le mileu social dans lequel on vit l'autorise matériellement et culturellement, pour ne pas dire moralement. Or, les minorités de couleur sont parmi les plus pauvres, donc avec un accès plus difficile à la culture et à l'école. Tout cela pour conclure qu'ils sont rares les anars de n'importe quelles couleurs issus des cités, et que sont peu nombreux ceux qui s'y activent.


Répondre à ce commentaire

  Anonyme
09-12-04
à 17:13

Re: Les blancs au drapeau noir



La question religieuse est très importante. Les africains sont très imprégnés de culture religieuse et il me semble évident que le discours anti-clérical est plus que difficile à faire passer. Mieux vaut le mettre de côté pour privilégier la lutte de classe.
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
09-12-04
à 18:45

Re: Re: Les blancs au drapeau noir

je trouve votre absolution facile...

à nous de savoir construire des liens concrets et durables, à nous de trouver les humains qui sommeillent dans les brebis...

Répondre à ce commentaire

  marchal
09-12-04
à 19:08

Re: Re: Les blancs au drapeau noir

J'ai l'occasion de recevoir des personnes de toutes les couleurs au sens propre et figuré. Je prends très souvent le temps de discuter avec elles et lorsqu'il y a des enfants, cette discussion se passe au milieu des animaux d'élevage. C'est l'attraction… Catholiques, musulmans, avec moi l'impie, discutons de la pluie et du beau temps, ce qui permet de " déraper " sur d'autres sujets. Je n'ai encore jusqu'ici, rencontré de difficulté de parler de religion avec aucun d'eux. Je ne pense pas que soit vraiment un problème. Les convictions religieuses sont comme les goûts et les couleurs : personnelles. À partir du moment que l'on ne force pas l'autre d'en changer, on peut toujours en discuter.
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
09-12-04
à 21:51

Re: Re: Re: Les blancs au drapeau noir

Personnellement, j'évite d'être hypocrite et surtout de m'enfermer dans l'auto-censure. Quant à l'absolution, laquelle, où, quel rapport avec les propos ici tenus puisqu'il s'agit de constats et non d'excuses.
Il ne s'agit pas non plus ici de dire "je suis marchand de légumes, j'ai des clients de toutes les couleurs, sympas avec qui je peut parler de la pluie et du beau temps". Il s'agit de se demander moins naivement pourquoi dans les ghettos les anars sont presque inexistants alors qu'il y vit la population la plus opprimée et pourquoi ceux qui vivent en dehors de ces ghettos n'ont quasiment aucun contacts avec ceux-ci. Il me semble d'ailleurs que c'est aussi le questionnement du texte d'Ibubolo. Et quand nous aurons répondu au pourquoi, nous aurons peut-être des pistes pour savoir comment y remédier.
Répondre à ce commentaire

  marchal
10-12-04
à 08:53

POURQUOI ?

Il me semble vous l'avoir déjà dit. L'anarchiste a réussit à s'enfermer dans son petit univers utopique, alors que normalement, il aurait du être le fédérateur de nouvelles perspectives. Vous en êtes loin, et c'est fort dommageable !
Vous vous comportez de la même façon que les autres. Que ce soit au niveau politique ou syndical, votre décalage vis à vis de la population est énorme. Vous êtes loin, comme les autres des aspirations de cette population. De plus, certains, pour communiquer avec celle-ci, utilisent un langage qu'elle ne peut généralement pas comprendre (exemple : HB), c'est pour le moins surprenant pour des gens prônant l'égalité. Il faudrait déjà commencer à se mettre à la portée de l'autre… Comment voulez-vous que les anars puissent avoir une audience auprès des populations de ces ghettos ? Nombre de ces gens n'ont peut-être pas d'instruction : cela ne les empêche pas d'avoir une certaine intelligence. Puisque vous êtes aussi décalé que les autres, ils n'ont rien à attendre de vous !
Le chevrier bavard
Répondre à ce commentaire

  libertad
10-12-04
à 09:07

Re: POURQUOI ?

Serait-il possible que les discussions ne dévient pas vers des généralités sur le mouvement anar, alors que ce fil portait sur la politique néocolonialiste de la France. Soit nous n'avons rien à dire sur ce sujet, mais parler d'autre chose pourrait laisser supposer que nous ne sommes pas très différents de la majorité de nos concitoyens pour qui se sujet est un non sujet.
Répondre à ce commentaire

  marchal
10-12-04
à 10:09

Re: Re: POURQUOI ?

Bien sûr que c'est possible, à condition de ne pas continuer de se décaler des réalités. La globalisation des problèmes ne le permet pas. Si je dévie, il faudrait que l'on m'explique comment la France a pu avoir cette politique néocolonialiste et pour quelles raisons ? Comment d'autres pays européens ont pu avoir cette même politique, ainsi que l'oncle Sam et pour quelles raisons ? On le sait bien sur, alors arrêtons de jouer les autruches !
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
10-12-04
à 12:16

Re: POURQUOI ?

"Il me semble vous l'avoir déjà dit. L'anarchiste a réussit à s'enfermer dans son petit univers utopique, alors que normalement, il aurait du être le fédérateur de nouvelles perspectives. Vous en êtes loin, et c'est fort dommageable !
Vous vous comportez de la même façon que les autres. Que ce soit au niveau politique ou syndical, votre décalage vis à vis de la population est énorme. Vous êtes loin, comme les autres des aspirations de cette population. De plus, certains, pour communiquer avec celle-ci, utilisent un langage qu'elle ne peut généralement pas comprendre (exemple : HB), c'est pour le moins surprenant pour des gens prônant l'égalité. Il faudrait déjà commencer à se mettre à la portée de l'autre… Comment voulez-vous que les anars puissent avoir une audience auprès des populations de ces ghettos ? Nombre de ces gens n'ont peut-être pas d'instruction : cela ne les empêche pas d'avoir une certaine intelligence. Puisque vous êtes aussi décalé que les autres, ils n'ont rien à attendre de vous !
Le chevrier bavard"

N'empèche que y a bon les site de "décalés anars dont les autres n'ont rien à attendre" pour venir faire le paon. Marchal, je te dédicace ce poème de Gaston Couté.

MOSSIEU IMBU

Môssieu Imbu est mort, est mort et entarré !
Môssieu Imbu ! ... un gâs qui v'nait d' èt' décoré
Pour pas avouèr mis d' cess' depis qu'il 'tait au monde
A bagosser: "Imbu ! ... Imbu !..." et qu'était pus
Counnu qu' sous c' sobriquet à dix yieu's à la ronde...
Môssieu Imbu est mort, est mort et entarré !
I dira pus : " Imbu !.. Imbu ! " Môssieu Imbu !

Il avait tro's, quat' cépé's d' vigne en haut d' la côte
Et queuqu's minieaux d' blé dans la plain' de pus qu' les aut'es.
Pas des mass's, pas des tas ! pas ben larg', pas ben long !
Mais assez, pour pouvouèr avouèr eune opignon...
I' passait su' la place en lisant son journal.
Il 'tait républicain !... rouge... anticlérical !
Et c'est pour ça qu'il 'tait, depis troués élections,
L' Maire !... el' maire ed' cheu nous ! ... Môssieu l' mair' ! nom de Guieu !

"Les curés !..." qu'i' disait - et i' d'venait furieux ! -
"Des ouésieaux qu' la République engréss' dans son sein,
Et des cochons qui sont s'ment pas républicains !
Et pis qu'i's prenn'nt pas d' gants pour chatouiller les fesses
Aux femm's et aux garçaill's dans leu bouéte à confesse...
Moué !... j'veux pas qu'la bourgeoués' foute el' pied à la messe !"

C'est vrai !... Mame Imbu foutait pas l'pied à la messe !
Tout d'même, il 'tait cocu... cocu coumme à confesse :
I' gangnait trop souvent l' notaire à la manille,
Le p'tiot notair' qu'avait des si fin's moustach's breunes !
Mais, assorbé dans la gérance ed' la coummeune,
Môssieu Imbu portait ses cornes sans les vouér
Et l' r'dev'nait gâitieau à dévider c'tt' histouére,
C'tte bounne histouèr' de franc-maçon en mal d'esprit,
C'tte vieille histouér' du charpenquier tourneux d'chevilles :
Le cornard du pigeon et d'la Vierge Marie...
" Ah la r'ligion ! ... qué's couillonnad's et qué's môm'ries !"
Et l' dégoût l'empougnait si fort qu'à des moments
S'il avait pas été c' qu'il 'était : eune houmme' conv'nab'e :
I' vous aurait craché su' un Saint-Saquerment !

Mais, quand qu'c'est qu'i vouéyait passer un régiment,
Eun' vent-vol trifouillait soun âm' de contribuab'e
En revolt' cont' les couillounnad's et les môm'ries;
D'vant l' drapieau, c'tt' aut' Saint-Saquerment : c'ti d' la Patrie !

l' faisait un salut à s'en démancher l'bras
Et qu'était, ma grand foué ! joliment militaire
D'la part d'un gâs qu'avait jamais été soldat...
Il avait ses idé's su' les vu's d' l'Angleterre
Et il 'tait poummouniqu' d'avouér gueulé la R'vanche,
L'hounneur de nout' armée et la glouér de la France !

C'est avec ça qu'il bouchait l' vid' de ses discours
Que l'maît' d'écol' passait en r'vu' pou' les grands jours
De Fête-Dieu laïqu', de Paradis scolaire :
Quatorz' juillet d'lampions roug's et d'pompiers brinzingues,
Distribution d'prix aux mardeux à qui qu'on s'ringue
Du républicanisse à les en fer' querver :

Il 'tait memb' d'eune flopé' d'sociétés d'brav's gens,
Et des foués président - d'quoué qu'il 'tait honoré -
Société d'secours mutuels et d'gymnastique,
Société d'tir et société d'musique !
Société d'tempérance et, tout en mêm'temps,
Société des francs-buveurs : les "Amis d'la vigne " !
Il 'tait pardu dans les rubans et les insignes :
Les mains qui s'quienn'nt, les p'tit's lyr's, les grapp's ed' raisin
Et aut's verrotaill'ris d'petzouill's civilisés
Qui bé'nt coumm'gueul' de four d'vant cell's-là des sauvages:

Il avait fait planter su' la plac' du village
Eune estatu !... pasque la coummeun' d'à-couté .
N'n'avait eun'! et qu' j'étions ben autant qu'nous vouésins !...
...C'est l'poltrait d'un gâs qu'mém'les vieux ont pas connu !
Qu'est p'tét' qu'eun' blagu' !... Mais là !... j'avons nout' estatue
Et les deux chians au boucher ont eun' pissoquiére ! ...
D'aucuns ont dit qu'il 'tait pus urgent d'fére un ch'min,
Mais allez don' contenter tout le monde et son père !

Le jour d'l'inauguration de c'tte sapré' garce
D'estatu' ! yieau tombait, tombait coumm' vach' qui pisse !
Môssieu Imbu gangna chaud et fréd sous l'avarse
Et est décédé, coumm' les lett's de deuil le disent :
- A cinquante ans !... muni des saquerments d'l'Eglise ! -

J'l'avons r'conduit là-bas, dans l'enclos à tout l'monde,
En r'broussant l'pouél à nous chapieaux en sign' de deuil.
J'l'ont pleuré avec des discours su' son çarcueil,
J'l'ont r'gretté avec des tas d'courounn's su' sa tombe
Et j'l'ont laissé, porteux d'ses tit's et d'ses médailles,
Couché en terre, à couté des dargniér's semailles.

Môssieu Imbu est mort... est mort et entarré ! ...
Ah ! qué' souleil et qué' bon vent su'les luzarnes,
Et coumm' le vin mouss' frais aux pichets des aubarges
Et qu'la fille est don' gent' qu'écart' des draps su' l'harbe ! ...
Moué, ça m'dounne envi' d'viv' de r'veni' d'l'entarr'ment !
...C'est ça, bon Guieu ! ... tant qu'a dur'ra... vivons la vie !
Vivons-la ! en restant des houmm's tout bounnément
Et sans l'embistrouiller d'étiquett's d'épic'rie
Ou d'sentiments d'bazar en chiffon et far-blanc ! ...
Leu' politique empéch' pas les fleurs d'ét' jolies !

Et, pisqu' Môssieu Imbu est mort et entarré,
I' bouéra pus !... Dis don', la belle, au coin du pré...
Buvons, nous aut's ! ... el'vin est bon ! ... A nout' santé !
Et chiffounnons les draps qu'tu t'en viens d'écarter !
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
10-12-04
à 12:18

Re: Re: POURQUOI ?

Au-dessus la dédicace est de moi.
Répondre à ce commentaire

  libertad
10-12-04
à 17:29

Re: Re: Re: POURQUOI ?

Quel rapport avec le néocolionalisme français ? Si la discussion se poursuit dans ce genre de propos, je ferme le fil puisque visiblement plus personne n'a rien à dire.
Répondre à ce commentaire

  kmilstg
11-12-04
à 09:41

Et l'ivoirité dans tout ça?

Je trouve que l'article fait très peu mention de la notion d'Ivoirité,théorie chère à Gbagbo,selon laquelle n'est ivoirien qu'un ivoirien du sud,chrétien de surcroit.
Il est certes encourageant de voir que partout dans l'Afrique, des populations se soulèvent contre l'impérialisme français! Mais c'est pas avec des types comme Gbagbo,que les africains s'épanouiront!
Sinon pour les gens de couleur dans le mouvement anar,je suis assez d'accord avec ce qui a été dit auparavant, les libertaires sont assez déconnectés de la réalité des quartiers pauvres.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
11-12-04
à 10:28

Re: Et l'ivoirité dans tout ça?


Libertad , ne soit pas trop inquiet : il est normal que l’international provoque encore plus de déviations que le reste. Ca vient du sentiment (vrai ou faux) qu’on gère mieux 50 personnes que 5 milliards. Les réalités géopolitiques sont si désagréables que si on hésite un peu à suivre la voie de l’anti-impérialisme orthodoxe, dont on se demande d’ailleurs pourquoi il serait si acceptable que ça, on attrape vite des migraines. On peut dire que le néocolonialisme français est un cas d’école (et le colonialisme aussi , suivez mon regard vers les dom tom). Le plus simple est effectivement de dire « la France hors d’Afrique », la seule question est de savoir si c’est réellement l’équivalent que « les USA hors d’Allemagne ». J’ai tendance à avoir les deux revendications, sauf que pour la première je crois qu’il faut y rajouter de gros compléments d’information…. Un réelle plateforme revendicative d’inspiration libertaire à usage géopolitique c’est de l’horlogerie de précision.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
11-12-04
à 11:20

Re: Re: Et l'ivoirité dans tout ça?


9h21, ta définition de l'ivoirité est complètement fausse. Je pense que tu es une victime de l'intoxication savament diffusée par les médias français qui ont diabolisé le mot sans jamais le définir correctement. Mais ce serait quand même bien d'éviter de dire n'importe quoi.

Il y a des musulmans dans le camp pro-gbagbo, a commencer par le président de l'assemblée nationale Mamadou Koullibaly, considéré comme un "dur" du régime. Ce conflit n'est pas un conflit religieux.

La notion d'ivoirité renvoie à la définition de la nationalité. Il s'agit de déterminer qui est ivoirien et qui ne l'est pas. Est ivoirien selon la constitution ivoirienne celui qui est né de père et de mère ivoirien. Il ne s'agit donc pas d'un critère religieux ou géographique.

Un problème s'est posé quand il a fallut "identifier" la population, c'est-à-dire, déterminer la nationalité. Il n'y avait pas de papiers en Côté d'Ivoire. Houphouet sans foutait puisque sa dictature lui évitait toute déconvenue électorale. "l'identification" s'est effectivement accompagnée de xénophobie et de discrimination vis-à-vis de burkinabé et de personnes d'origine burkinabe. Mais cela s'explique(et ne se justifie pas) dans ce contexte où la nationalité des individus n'étaient pas clairement établi.

Quand la rebellion a éclaté, une partie de la population du nord s'est reconnue dans ce discours anti-ivoirité. D'autres ont fui la zone tenue par les rebelles(plus d'un million de personnes).

En tant que libertaire, je suis bien sûr opposé a la notion d'ivoirité,comme à tous les Etats et à toutes les frontières. Mais il faut savoir exactement de quoi l'on parle. Et comparer la constitution ivoirienne aux autres constitutions.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
11-12-04
à 12:51

Re: Re: Re: Et l'ivoirité dans tout ça?


Les populations de Côte d'Ivoire sont victimes d'une opération de destabilisation, d'une agression extérieure, orchestrée part la françafique. Comme toujours,ce genre d'opérations instrumentalise des conflits internes.

Aucune opération de destabilisation orchestrée par tel ou tel impérialisme n'est légitime. Le résultat en Côte d'Ivoire, c'est des milliers de morts(ou des dizaines de milliers?)et plus d'un million de déplacés.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
11-12-04
à 16:08

Re: Re: Re: Re: Et l'ivoirité dans tout ça?

Le massacre perpétré par l'armée française a et aura un impact très important en Afrique francophone. Les images ont beaucoup circulé. Les militants qui écrivent sur le sujet doivent en prendre la mesure.
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  ibubolo
12-12-04
à 16:04

Re: Re: Re: Re: Re: Et l'ivoirité dans tout ça?

et ce qui me fait le plus gerber dans l'histoire, c'est d'avoir entendu, comme premières réactions, dénoncer le racisme antiblancs...

sinon, y a un texte que je ne sais pas où trouver actuellement (je l'ai en petit Maspéro) de Fritz Fanon ; "Les damnés de la Terre"...  bien qu'en désaccord avec certaines analyses, je le trouve intéressant pour comprendre les violences en terre colonisée...

...il ne peut y avoir de décolonisation sans violence, solidarité avec les peuples en lutte... et morts aux tyrans rouges, blancs ou noirs (les rouge, c'est pour ne pas se la jouer soutient critique à la bonne vieille sauce stal...).

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