Lu sur
e-torpedo.net :
"Dans nos sociétés, s’il est une chose que tous les dirigeants de toute espèce ne supportent pas, c’est notre opposition à ce qu’ils sont et ce qu’ils représentent, par rapport à l’image et l’importance qu’ils s’octroient eux-mêmes. Nul doute que leur réaction serait encore pire si nous leur opposions une royale indifférence.
Ne sont-ils pas ceux qui savent ? Ne sont-ils pas ceux qui ont « étudié » ? Ne sont-ils pas aussi, ceux à qui le peuple, sous une forme ou une autre, a offert le pouvoir ? Ne sont-ils pas, encore, ceux qui possèdent les fortunes, certes, à divers degrés, de la petite fortune à la plus indécente ? Ne sont-ils pas en fin de compte, les « icônes », les « Bibles » de ce temps ? Et d’ailleurs, n’ont-ils pas tous, ou presque, la « légion d’honneur » ?...
Et nous, que sommes-nous à leurs yeux ? Rien !
Ou plutôt, si : Nous sommes cette réserve d’humains, cette quantité massive à l’intérêt négligeable dont ils sont convaincus qu’elle n’a pas la moindre intelligence, la moindre sensibilité, le moindre sens des « valeurs obligées » de l’élite. Une telle masse d’ignorants ne peut qu’être corvéable selon leurs volontés et intérêts ; oui, il ne faut pas perdre l’opportunité de profiter de ce vaste troupeau ; à quoi servirait-il d’autre ?...
Et puis, nous sommes, et ce n’est pas rien, la garantie de leur supposée supériorité. En effet, qu’est un riche ou un puissant, face à un autre riche ou puissant ? Rien de plus, rien de moins ! Avouons que ce n’est pas très amusant, pas très motivant. De ce constat, d’ordre psychologique mais bien réel, il ressort, en toute logique, que les pauvres et modestes seront toujours nécessaires aux riches et puissants. Nous sommes les seuls garants de leur éclat. Et ceci par le simple fait de notre infériorité sociale à laquelle ils ont puissamment travaillé et qu’ils ne cessent de développer.
Si nous n’existions pas, ils en seraient réduits à se faire la guerre pour savoir lequel d’entre eux brille le plus... C’est le complexe du coq, l’intelligence de l’animal en moins. Si nous n’existions pas, adieu l’enrichissement permanent au travers d’une exploitation qui ressemble de plus en plus à l’esclavage.
Aucun discours d’humaniste ou d’esprit spirituel sincère ne les convaincra jamais de l’urgente nécessité de nous reconnaître comme leurs égaux, ce que pourtant nous sommes.
- Victor Hugo avait beau placer la lutte contre la pauvreté au sommet de tout devoir parlementaire ; y eu-t-il seulement un bourgeois de son époque qui ait daigné l’écouter, qui ait simplement tendu l’oreille pour l’entendre ?
- Jean Jaurès, en dépit de ses luttes, en dépit de sa puissante voix et de son éloquence géniale, n’a-t-il jamais pu tirer autre chose de leurs yeux que des larmes séchées avant même d’avoir eu le temps de couler ?
- Marx a-t-il pu extraire de ces cœurs plus endurcis que la plus dure des roches autre chose que la peur de perdre leurs fortunes ?
Non, les fortunes, les titres, les héritages ont ce don d’effacer tout sentiment autre que l’orgueil et l’envie dans le cœur de la majorité des riches et puissants, de tous ceux qui s’imaginent être l’élite parce qu’entre eux, de génération en génération, ils ont décidé, seuls, qu’il en était ainsi. Ils ont bâti leurs valeurs, leurs critères, leurs lois.
Ne doutant pas de leurs certitudes, ils nous les imposent.
Sans le moindre droit, sans la moindre justification autre que notre propre lâcheté ou, si vous préférez, notre laisser-faire... Sommes-nous tenus de leur obéir ? De les admirer ? De reconnaître ce qu’ils prétendent être ?
Une remarque préliminaire :
Je pars du principe que nul combat, nulle résistance n’est efficace et n’a de sens sans le respect de l’humain, de la personne humaine, femme et homme.
Si nous perdons de vue ce principe essentiel, nous ne savons plus pourquoi nous nous battons, et encore moins pour qui, hormis pour des haines personnelles, le plus souvent égoïstes pour ne pas dire égocentristes. Je considère que c’est vrai dans pratiquement tous les cas. Cette façon de percevoir mon propre combat m’amène nécessairement vers la non-violence active et déterminée. Il ne s’agit donc, pratiquement jamais d’un combat à mort contre un humain, mais d’un combat sur les idées, donc d’un combat d’esprit à esprit. Les exceptions possibles et sans doute nécessaires se trouvent face à des esprits dégénérés comme ceux des nazis ou de leurs successeurs ultérieurs en actes génocidaires.
Le respect dû :
Ce respect n’est lié à rien d’autre que la nature humaine de l’être, de tout humain vivant sur cette terre. Cela me semble évident pour les humains, partout sur la surface terrestre, mais j’étends aussi ce respect à toute forme de vie. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui font que je m’oppose totalement à l’absurdité fondamentale qu’est la « marchandisation » de la vie, quelle que soit la forme de cette vie.
Si nous avions, majoritairement, et en particulier dans les centres de pouvoirs, politiques, scientifiques et économiques, ce respect naturel face à toutes les formes de vie, l’existence d’une foule d’animaux et de végétaux ne serait pas en danger mortel aujourd’hui. Si ces mêmes centres de pouvoirs avaient ce respect naturel de la vie, la mondialisation financière et marchande n’aurait jamais vu le jour puisqu’elle est à l’opposé absolu du respect non seulement des humains mais encore de la vie elle-même.
Le respect qui n’est pas dû :
Si nous n’avions pas à déplorer cet immense irrespect de la vie en général, et de la vie de chaque être humain en particulier, cette réflexion, cet article n’aurait pas lieu d’être. Cette constation de la faillite des élites m’oblige à remettre en cause le respect d’un certain nombre de valeurs imposées par ces soi disantes élites. Mettre en cause les élites n’absout pas la responsabilité personnelle qui peut être la nôtre dans toutes sortes de dérives ; qu’elles soient racistes, égoïstes, orgueilleuses. Mais les élites prétendent nous éclairer, elles prétendent pour cela, prendre, posséder et conserver tous les pouvoirs. Elles ont, par conséquent, une responsabilité bien plus importante et doivent répondre devant l’humanité, en permanence, de leurs échecs, mais surtout de leurs dérives volontaires du sens des valeurs que pourtant ils nous imposent.
Faut-il respecter une « fonction », un « titre », « une fortune », un « héritier » ?
Ce respect particulier, nos élites (tous considèrent en faire partie) voudraient à tout prix nous l’imposer. Cela fait partie des « valeurs » de la République, mais qui à vrai dire font penser à l’obligation de respect et d’admiration, de même qu’à l’obligation impérieuse d’obéir qu’avait le peuple face à tous les éléments du pouvoir attachés à la royauté.
Ces « fonctions », « titres », « fortunes » et « héritiers », ce sont les mots qui traduisent, le plus souvent, les attributs des gens de pouvoir, mais d’un pouvoir au sens large, pas seulement politique. Ce dernier, de plus en plus, ne gouverne plus réellement ; il n’est plus qu’au service de quelques multinationales ou gros groupes d’intérêts qu’on nomme aussi des lobbies ; par exemple, en France, le Medef.
Ces « attributs » du pouvoir sont censés, par leur seul énoncé, nous faire courber la tête, nous obliger à un respect automatique d’un autre âge, cet âge où l’on courbait la tête devant les rois, les nobles, les évêques et autres personnages le plus souvent creux.
Le drame de la société actuelle est précisément que les « républicains », car ils affirment tous l’être, singent de façon absolue la façon de faire, la façon de vivre, la façon de penser des élites d’avant la révolution française de 1789. Il y a eu un glissement énorme, on peut même parler de dérapage non contrôlé de la pensée démocratique de ceux qui nous dirigent, quels que soient les niveaux et les lieux de leurs pouvoirs. Ils sont, en réalité, si l’on se donne la peine de décrypter leurs discours et leurs actes, des « nobles » qui se disent « républicains » dans le dessein de sauvegarder les apparences et leur pouvoir. Il n’y a cependant, et c’est d’une clarté totale depuis le référendum du 29 mai dernier, pas la moindre différence entre la morgue des nobles et celle des élites du pouvoir ou liées de près au pouvoir ; il n’y a pas, dans leur esprit, la moindre différence de volonté de posséder le pouvoir absolu tel qu’il était conçu aux temps de la royauté ; il n’y a pas non plus, la moindre différence entre le mépris des puissants de ces époques reculées et le mépris des possédants de pouvoir d’aujourd’hui.
Ils ont signé la mort de l’esprit révolutionnaire ; ils ont enterré les acquis de la Révolution comme les acquis de la Résistance. Ce sont les fossoyeurs de l’esprit des Lumières, des Droits de l’Homme et de la liberté du peuple français.
La conséquence de ce retour à l’esprit des dérives monarchiques est évidente [1] : Nul respect n’est dû envers celui ou celle qui nous oppose ou nous impose une fonction, un titre, une fortune ou un héritage, si prestigieux qu’ils soient !
Le prestige est déterminé par les élites elles-mêmes, ceci pour servir leurs intérêts et pérenniser leurs pouvoirs, mais rien ne nous oblige à nous incliner devant ce diktat. Une fonction, un titre, une fortune ou un héritage, n’est que l’écume de l’être ; ces éléments ne disent rien de la personnalité de l’individu qui le porte. La valeur profonde de l’être comme sa fatuité ne peuvent se voir à partir de tels éléments qui, en soi, ne veulent strictement rien dire. La valeur réelle d’un humain se détermine au travers de ses actes et non de ses titres.
Certes, lorsque nous prêtons ou plutôt abandonnons notre intelligence et notre sens critique au paraître, ce paraître qu’ils mettent toujours en avant, nous pouvons nous arrêter à cette légèreté, cette inconsistance de l’être ; c’est leur souhait le plus profond, c’est ce qu’ils cherchent à nous transmettre, mais rien ne nous oblige à les suivre sur les chemins de l’insignifiance. S’ils font un tel usage des medias, notamment de la télévision et plus particulièrement des émissions les plus nulles, c’est à la fois pour assurer leur propagande mais aussi pour que nous nous habituions au seul paraître qu’ils veulent nous transmettre et nous imposer.
La personnalité d’un être humain, femme comme homme, ne pourra jamais se résumer à sa fonction, à son titre, à sa fortune et son éventuel héritage ; tout cela n’est que misère profonde et désolante si l’être intérieur n’est qu’un vaste vide ou un désolant chaos. Ceci, c’est notre sens critique, nos analyses de la réalité des faits et non de l’écume seule transmise, qui nous le montre, nous le dit, nous le crie ! Or, la spécificité des élites de ce temps, particulièrement de ce temps présent qui pèse si lourd sur toute l’humanité souffrante, c’est précisément un vide intérieur proche de l’absolu. Seulement proche, parce qu’en fait, ces personnages des pouvoirs divers, qui exigent que nous les considérions comme nos élites, ont tout de même une immense cupidité, un non moins immense orgueil ; ils ont, souvent, un peu d’intelligence, mais jamais ou si peu, de cœur. Or, l’intelligence sans le cœur n’est qu’une pauvre plaisanterie qui mène aux catastrophes que nous connaissons et dont nous souffrons. Certains « métiers » semblent faits pour eux
Ces métiers où l’on a que faire du respect de la vie d’autrui (liste non exhaustive...) :
- Politiciens : Cette profession devrait être l’une des plus belles. Quelques dirigeants l’ont honorée réellement. Mais l’immense masse de ceux qui se plongent dans cette carrière, en particulier depuis l’avènement de notre époque du vide organisé de la pensée (en fait, ces trente-quarante dernières années) fait partie de ce « troupeau » bêlant, passant son temps devant les miroirs médiatiques, faisant beaucoup de bruit pour rien ou tout juste pour nous rappeler qu’ils existent en dépit de leur insignifiance de plus en plus évidente. En fait de « serviteurs de l’Etat », donc du peuple, ils ne servent plus que les intérêts de leurs commanditaires multinationaux et, hormis leurs discours sans valeur, n’ont plus rien à nous dire, à nous, les peuples. Que ce soit un Sarkozy qui vocifère ses insultes pour s’attirer les voix de tous les extrémistes de France ; que ce soit un Hollande qui ne sait plus comment tricher le mieux pour garder son précieux poste [2], que peuvent-ils apporter à la Nation sinon pour le premier le copié-collé de la politique Bush et pour le second la pâle copie du premier ?...
- Publicistes : Voilà un métier dont les responsables se considèrent, eux aussi, comme appartenant naturellement aux élites. Or, il consiste en quoi, ce métier ? A tromper le plus gravement possible le consommateur. Plus la triche est bien cachée, le mensonge bien transformé en offre alléchante « qu’on ne peut refuser », plus ils sont fiers d’eux. C’est là un exemple extraordinaire du vide de la pensée et de l’absence de cœur, ne parlons plus de conscience à ce niveau de duplicité, remplacées par les méfaits de l’avidité.
Banquiers : Comment ignorer ce qu’est ce métier, fondamentalement ? Certes, il est présenté comme un « service », mais en fait c’est le « sas » nécessaire pour utiliser, voire subtiliser, l’argent des plus modestes et le transférer dans les poches des plus riches, surtout dans celles des actionnaires de grandes entreprises. La dérive boursière qui consiste à posséder son « conseiller » en « portefeuille boursier » dans la plupart des banques confirme ce jugement personnel. Car les vrais investisseurs, les gros, ne passent pas par ces officines bancaires. Il ne s’agit que de « happer » le petit épargnant pour l’offrir aux cannibales de la finance et ainsi agrandir encore les fortunes dues aux jeux du « casino boursier ». Et que dire de la « pompe à fric » qu’est l’interdit bancaire et le vol scandaleux que subissent les plus modestes d’entre nous au travers des taxes et prélèvements indus, exorbitants toujours, en cas de dépassement de « l’autorisation de découvert » ? Et tout cela, bien sûr, est approuvé par les Parlements successifs qui votent des lois de complaisance en faveur des banquiers et consorts.
- Dirigeants de grandes entreprises et pire, de multinationales : Que dire de ces gens qui se désignent eux-mêmes, concernant les dirigeants des multinationales, « maîtres du monde », et comme les « maîtres des pays » pour les simples entrepreneurs du style Ernest-Antoine Seillière ? Qu’ils soient mégalomanes, nous ne pouvons en douter. Qu’ils soient extrêmement dangereux pour la paix mondiale, c’est évident. Qu’ils deviennent, ou redeviennent des esclavagistes, on peut de moins en moins douter. Alors, s’ils sont les élites de quelque chose, ils le sont de la sauvagerie, de l’opposition à toute démocratie et à tout humanisme. Il y a absence totale de conscience humaine. Aucune confiance ne peut être accordée à ces gens et encore moins un quelconque respect de leurs fonctions, titres, fortunes ou héritages.
- Dirigeants de médias : Là encore, nous l’avons vu de façon très violente après le référendum de mai 2005, voilà des gens qui exigent d’être considérés comme les élites non seulement de l’information, mais encore de la pensée. Or, de pensée, chez eux, il n’y a que la « pensée unique », c’est-à-dire le « prêt à porter » intellectuel concocté par les néoconservateurs américains à destination de tous les « abdicateurs » de la pensée critique et intelligente. Si l’on ajoute à cela leur fâcheuse habitude de manipuler leurs fidèles lecteurs, téléspectateurs ou auditeurs, nous avons le tableau complet d’une élite non seulement inutile mais de plus nuisible.
- Marketing : Proches de publicistes, ces gens-là ont pour profession la manipulation des clients toujours vus sous l’angle du « pigeon » à plumer. Ayant fait un tour chez eux il y a quinze ans, je peux témoigner de cet esprit malsain qui consiste à utiliser la PLN pour mieux manipuler le chaland, pour mieux lui extorquer ses sous y compris en lui vendant du vide. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nos dirigeants politiques usent de plus en plus de leurs services et de ceux des publicistes. Les politiciens n’ayant plus rien à nous apporter, il faut bien que les gens du marketing et de la publicité leur procurent au moins le papier-cadeau laissant penser que le vide n’est pas sidéral...
- Les scientifiques sans conscience : Même problème que pour tous les autres, à ceci près que leur vide de la pensée et de la conscience produisent les bombes atomiques, les OGM, les pesticides et autres poisons qui sont en train d’offrir sur un plateau une magnifique brochette de cancers, sans parler de toutes les nouvelles maladies qui s’attaquent au système nerveux central. On leur devra, sans aucun doute, le règlement par le vide du problème démographique mondial...
Comme on peut le constater au travers de ces quelques exemples, qui ont l’air caricaturaux, mais ne le sont pas (qu’on me prouve le contraire !), je ne vois pas en quoi ces gens qui nous dirigent méritent le moindre respect, la moindre courbette.
Donner du « Monsieur » ou du « Madame » à ce genre de prédateur de la vie, c’est donner un plat de gourmet à des cochons !
Et, vu l’état de l’humanité, en fait l’héritage qu’ils nous laissent après s’être servis, nous avons autre chose à faire d’infiniment plus urgent.
Jean Dornac