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Depuis des décennies, les anticapitalistes posent à juste titre la question de la redistribution des richesses entre le Nord et le Sud. Cependant, dans l’imaginaire commun, la « redistribution des richesses » signifie faire cesser le pillage du Tiers Monde par l’Occident, pour permettre aux peuples du Sud d’atteindre un niveau de développement équivalent. Pour schématiser, cette revendication peut se résumer à celle d’un rattrapage du « niveau de vie » du Nord par celui du Sud.
Or ce vieux schéma est bousculé dans son simplisme dès lors que certains pays sont concrètement en train de « prendre leur part » de ce gâteau qu’est la planète Terre, et que cela accélère la destruction des grands équilibres écologiques. L’avènement, en premier lieu, de la Chine et de l’Inde comme puissances industrielles, politiques et militaires obligent les révolutionnaires à repenser de fond en comble la question du modèle de développement.
Avec la crise écologique planétaire, personne ne peut plus nier que le socialisme sera incompatible avec le productivisme et la consommation de masse. En effet, sans revenir aux thèses catastrophistes de Malthus, force est de constater que les ressources de la planète ne sont pas inépuisables. Elles pourraient subvenir aux besoins de l’humanité, mais seulement si elles étaient utilisées de façon raisonnable et rationnelle, c’est-à-dire à l’exact opposé de la logique capitaliste qui en elle-même est source de déséquilibre.
1. Le monde est en surrégime
Selon le rapport « Planète vivante » du WWF de 2002, « l’empreinte écologique » de la population mondiale a grimpé de 80% entre 1961 et 1999, pour atteindre un niveau de 20% supérieur à la capacité biologique de la Terre. Les chiffres utilisés dans ce rapport sont contestés, y compris dans les rangs écologistes, mais néanmoins tout le monde s’accorde à en partager l’idée-force, selon laquelle « la consommation des ressources naturelles peut techniquement dépasser la capacité productive de la planète en diminuant le capital naturel de la Terre. Néanmoins cette situation ne peut être maintenue indéfiniment ».
Cette « empreinte écologique » est la superficie nécessaire (calculée en hectares) pour répondre aux besoins d’un individu ou d’une population en ressources naturelles, et pour absorber leurs déchets.
L’empreinte écologique des États-Unis est la plus importante au monde, avec 2,81 milliards d’hectares, soit environ 9,7 hectares par individu. Vient ensuite l’Union européenne avec 2,16 milliards d’hectares, soit 4,7 hectares par habitant. En troisième position, la Chine ne cesse de monter, avec 2,05 milliards d’hectares, soit seulement 1,6 hectare par habitant ! L’Inde enfin, avec seulement 0,8 hectare par habitant, a déjà doublé le Japon, avec 0,78 milliard d’hectares d’empreinte écologique totale.
La conclusion de cette étude est sans appel : il faudrait six planètes Terre si chaque pays avait un niveau de production et de consommation équivalent à celui des États-Unis. Trois planètes Terre pour un niveau équivalent à celui de l’Union européenne.
Si l’on conserve le schéma classique d’un « rattrapage » du Nord par le Sud, il reste donc encore beaucoup de distance à parcourir pour que « le Sud rattrape le Nord »... alors que les capacités de renouvellement de la planète sont déjà épuisées. Cette course au développement, qui est aussi une course au contrôle de ressources qui ne cessent de se raréfier, fait peser sur l’humanité un double péril : la montée des guerres impérialistes d’une part, la catastrophe écologique d’autre part.
1.1 Le péril écologique
L’activité humaine est à l’origine d’un ensemble de phénomènes gravissimes, au premier rang desquels le réchauffement climatique, qui pourrait se traduire par une augmentation de la température terrestre de 5,8°C en moyenne, selon les prévisions actuelles, d’ici 2100. On en voit les premiers symptômes avec la multiplication des catastrophes naturelles, la fonte des glaciers du Groenland, de la banquise du pôle Nord, la hausse du niveau de la mer, la désertification. Et au delà des modifications climatiques, d’autres périls écologiques nous guettent : la déforestation, la réduction des ressources halieutiques, la perte de la biodiversité, la pollution irréversible par les déchets nucléaires...
1.2 Le péril impérialiste
Les ressources énergétiques utilisées aujourd’hui (pétrole, gaz, uranium...) sont limitées, et la lutte pour leur contrôle va entraîner une exacerbation des rivalités impérialistes, notamment entre les États-Unis et la Chine. Après le Moyen-Orient, les pays pétroliers africains (Soudan, Gabon, Angola, Guinée Équatoriale, Nigeria, Congo, Saõ Tomé e Príncipe, Tchad ...) sont le nouveau théâtre de chassés-croisés diplomatiques et de guerres d’influence. Mais la concurrence ne pourra que devenir plus violente, à mesure que les ressources vont se raréfier et que l’appétit énergétique des grandes puissances va augmenter.
2. Le capitalisme n’apporte pas de solution
La société capitaliste peut être contrainte de faire évoluer sa politique, sous la pression d’une part des mouvements sociaux, et d’autre part des choix qui font consensus dans les classes dirigeantes.
Dans chaque pays, les classes dirigeantes sont, à certains moments historiques, amenées à élaborer une « doctrine » pour employer leurs termes. Les secteurs névralgiques du capital, toujours liés à l’appareil d’État, ont une influence déterminante sur l’élaboration de cette doctrine : que ce soit le lobby nucléaire en France, le complexe militaro-industriel en Chine, les multinationales pétrolières aux États-Unis, les magnats du gaz et du pétrole en Russie, etc.
Au niveau mondial, le gotha de l’oligarchie capitaliste s’est depuis longtemps dotée d’instances de concertation où l’on s’adonne à la prospective, comme chaque année le Forum économique mondial à Davos ou le groupe du Bilderberg. Les remises en cause du système par lui-même s’expriment déjà dans la doctrine du « développement durable », tirée du rapport Bruntland qui en 1987 préconisait « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »
Conformément à cette doctrine, les classes dirigeantes occidentales s’engagent de plus en plus dans la voie des nouvelles technologies, du développement des énergies renouvelables, du recyclage des déchets, de la production « propre », etc. Ainsi, principalement dans les pays occidentaux, des innovations technologiques sont mises en œuvre et permettent de ne pas augmenter « trop » l’émission de gaz à effet de serre.
Mais force est de constater que cette « voie » n’apporte aucune solution :
La réduction de la pollution dans les pays occidentaux, en particulier sous la pression des luttes écologiques, est simplement un transfert vers les pays du Sud. Il n’y a eu aucun progrès global sur la planète depuis que ce processus est à l’œuvre, bien au contraire.
De toutes les façons, les mesures prises restent très insuffisantes pour réduire l’empreinte écologique de l’humanité.
Et en dernière analyse, ces propositions ne sont souvent brandies que pour éviter une remise en cause globale du modèle de développement qui ruine la planète.
Alors que les États-Unis ont, pour la première fois, subi de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique, avec la destruction de la Nouvelle-Orléans, l’oligarchie capitaliste est totalement incapable de se poser les questions nécessaires pour enrayer le processus de destruction de la planète.
Les causes de cette incapacité du système capitaliste à l’anticipation et à l’autorégulation sont intelligibles, pourvu que l’on en examine simplement le fonctionnement. Le capitalisme est fondamentalement une société inégalitaire. Sa logique interne le pousse à une fuite en avant suicidaire. Son idéologie, le conditionnement qu’il impose à la conscience humaine (frustrations et violences provoquées par l’appropriation des richesses par une minorité, absence de solidarité, besoin de consommation sans limite, irresponsabilité individuelle...), la nécessité d’une croissance exponentielle pour conserver un semblant de stabilité sont des obstacles majeurs rendant impossible un contrôle de son activité.
Au total, loin d’apporter une solution au processus de destruction de la planète, le « développement durable » se contente de proposer un modèle dans lequel les capitalistes s’affirment écocitoyens, là où les luttes écologiques rendent cette étiquette rentable. Ainsi Total ou la Cogema sponsorisent largement les actions de « développement durable ».
Cette vision aclassiste est particulièrement perverse car elle tend à faire porter la responsabilité de la pollution sur le consommateur qui ne fait pas son tri sélectif... pour mieux masquer les responsabilités industrielles des multinationales ou des États, qui s’arrogent seuls le droit de déterminer ce qui est fabriqué, et qui modèlent le comportement des consommateurs par la publicité. Il n’y aura jamais de solution sans rompre avec la logique actuelle de la production au service de l’accumulation de profit, pour parvenir à une production organisée pour répondre aux besoins de l’humanité et au service de son bien-être.
Pour remédier à l’actuelle destruction de la planète, il faudra bien plus que la révolution technologique supposée par la doctrine du « développement durable ». Il faudra également une révolution dans les échanges et dans le modèle de consommation. Et on touche là à un ressort vital du système capitaliste, qui est la nécessité de son expansion. Ce qui revient à remettre en cause le capitalisme lui-même.
Ainsi, pour échapper à la destruction de la planète, il n’y a que deux voies possibles :
soit empêcher les pays du Sud de rattraper le « niveau de vie » du Nord ;
soit repenser complètement le modèle économique au Nord comme au Sud.
La première voie, aussi cynique qu’utopique, pourrait correspondre à l’expression qu’avait eu George Bush Senior lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992 : « Notre niveau de vie n’est pas négociable ». Puisqu’il est hors de question de réviser le niveau de consommation des États-Unis, le seul moyen serait de maintenir les concurrents à distance, notamment en monopolisant les ressources énergétiques au détriment de la Chine.
La deuxième voie implique une triple révolution : des modes de production, d’échange et de consommation. Loin d’être inéluctablement une régression pour tous du niveau de vie, ce qui est en jeu, c’est une réorientation de l’activité économique, pour retrouver un équilibre écologique.
3. Trois révolutions sont nécessaires
Nous pourrions nous contenter de dire qu’une seule révolution est nécessaire : la révolution socialiste. C’est, en soi, totalement exact. Mais le « socialisme », fut-il libertaire, ne résout pas en lui-même la question du modèle de développement. Au-delà de la question de la propriété des moyens de production et de l’abolition du salariat, le socialisme devra en effet se poser la question de l’empreinte écologique de l’humanité. Et cette perspective nous invite dès à présent à « penser » de quelles révolutions dans les modes de production, d’échange et de consommation, la planète a besoin.
3.1 Révolution dans les échanges : en finir avec la mondialisation
Le réchauffement climatique est dû à l’ensemble des activités humaines émettant des gaz à effet de serre. Il n’existe pas encore d’étude à l’échelle mondiale pour cibler les secteurs les plus polluants de ce point de vue. On s’accordera à penser que les transports, avec le boom du transport aérien, sont en première ligne.
Pour prendre un exemple, en 2003 selon le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), la France a rejeté 557 millions de tonnes d’équivalent CO2 dans l’atmosphère. Les secteurs d’activité en cause sont les suivants :
transport, 26,5% (contre 22% en 1996) ;
industrie manufacturière, 20% (23% en 1996) ;
agriculture, 19,5% (18%) ;
bâtiment/habitat 18,5% (18%) ;
production d’énergie 13% (8%) ;
traitement des déchets 2% (3%) ;
gaz frigorigènes (climatisatio) : 0,5%.
Le secteur des transports est le principal pollueur en volume, et il ne fait aucun doute qu’à l’échelle planétaire, le problème est similaire, du fait de l’explosion des échanges avec la mondialisation capitaliste. La délocalisation des productions est telle aujourd’hui que les différentes composantes d’un produit, au fil des étapes de sa fabrication et de sa distribution, parcourent des dizaines de milliers de kilomètres. Le secteur des transports joue donc un rôle clef dans la mondialisation capitaliste, et les luttes de classe dont il est le théâtre revêtent d’autant plus d’importance.
La remise en cause de la mondialisation capitaliste n’a donc pas uniquement une motivation sociale et anti-impérialiste, elle a également une motivation écologique fondamentale : il n’y aura pas de réduction massive des gaz à effet de serre sans remise en cause de la division internationale du travail, relocalisation des productions et indépendance économique des différentes régions du monde : bien sûr, il ne s’agit pas de prôner une logique d’autarcie, mais celle d’une capacité de développement autonome.
3.2 Révolution dans les modes de consommation : la question de la décroissance
La notion de décroissance est souvent associée à la simplicité volontaire. Les initiatives individuelles se multiplient, à la fois par prise de conscience de l’importance du problème, mais aussi par sentiment de responsabilité directe (notamment à travers le mode de consommation). Ces initiatives constituent des contre-exemples utiles, et permettent de développer la conscience collective du problème, mais en aucun cas un contre-pouvoir. Il est vain d’espérer une généralisation de ce genre de pratiques, la vraie solution ne pouvant être que collective, et passant par une transformation radicale de la société.
Le capitalisme en plus d’être un système d’exploitation est aussi porteur d’une logique de mort de l’humanité de façon intrinsèque. Toute alternative à celui-ci devra prendre en compte la dimension écologique, à l’inverse des précédentes expériences de socialisme autoritaire (ou capitalisme d’État).
La notion de « décroissance » en tant que telle n’apporte aucune solution si elle n’est pas associée à une rupture avec le capitalisme. En effet, la crise de 1929 aux États-Unis et la Russie de 1990 ont ouvert des périodes de forte « décroissance » économique. Ces « décroissances » dans le cadre capitaliste n’ont été porteuse que de plus de misère pour les plus démunis, sans rien apporter de significatif en terme de « progrès écologique ».
Nous affirmons que :
L’objectif d’une décroissance reste dérisoire s’il n’est lié à celui de l’appropriation collective des moyens de production. Une vision a-classiste de la décroissance ne constituerait qu’une nouvelle lune idéologique à la mode, et les communistes libertaires n’y peuvent souscrire. Elle conduirait, au pire, à une politique de rationnement pour les classes populaires, au mieux, aux diverses solutions individuelles de « simplicité volontaire » sans impact global.
La « décroissance » est un aspect et non la totalité de la solution au bouleversement climatique - il faut y adjoindre une révolution dans les modes d’échange et de production.
La « décroissance » ne peut être un objectif dans l’absolu : si les pays du Nord consomment trop, nombre de pays du Sud ont besoin de développement, d’infrastructures de transport, d’éducation, de santé. Et y compris au sein des pays du Nord, un accès amélioré aux mêmes services pour les groupes sociaux défavorisés est une nécessité.
Militant(e)s communistes libertaires, nous n’avons aucun penchant pour l’exotisme qui voit dans le dénuement et la pauvreté un « supplément d’âme » à ce monde sans pitié. La nécessaire révolution dans les modes de consommation ne peut donc s’entendre que différenciée selon les régions du monde. Pour schématiser : il faut que les « riches » consomment moins pour que les « pauvres » vivent mieux.
La « solution au défit écologique » signifie un bouleversement économique impliquant une redéfinition :
de la finalité de la production, organisée uniquement pour satisfaire les besoins de l’humanité ;
de la meilleure utilisation possible des innovations technologiques, pour éliminer la plus grande partie de la pollution, de la généralisation du recyclage, de la production de biens matériels qui ne seront plus conçus pour tomber en panne après quelques années ;
du mode de transport (automobile, transport collectif, route, rail, aérien) ;
de la place des emballages, de la publicité ;
des choix énergétiques (énergies fossiles, énergies renouvelables, économies d’énergie).
Au total, c’est à une redéfinition générale du nécessaire et du superflu dans le système économique qu’il faut réfléchir. Notre objectif n’est pas celui d’un appauvrissement de l’humanité, mais une révolution dans les modes de vie : une baisse drastique de la consommation de produits matériels et un enrichissement de la vie sociale et culturelle, un développement des relations sociales, de la culture, de l’art, de la connaissance...
3.3 Révolution dans les modes de production : les économies d’énergie
Le seul aspect positif de la doctrine du « développement durable » - et de l’épuisement des énergies fossiles - est d’avoir mis au goût du jour, dans la recherche technologique, la question du recyclage, de la production propre, de l’économie d’énergie, des carburants verts, de l’économie d’eau dans l’agriculture, des énergies renouvelables, de l’habitat écologique, etc.
Autant d’innovations technologiques que l’on peut reprendre à notre compte, même s’il faut avoir bien conscience qu’il ne s’agit là que d’un aspect et non de la totalité de la solution au bouleversement climatique.
La question de l’énergie sera forcement au centre du débat. Et devant la fin des énergies fossiles, le débat autour du nucléaire va rebondir. Mais le nucléaire n’est pas une solution à l’effet de serre. La part du nucléaire dans la consommation mondiale d’énergie est en effet marginale (3%). Imaginer freiner le réchauffement climatique en construisant des milliers de nouvelles centrales nucléaires dans le monde est donc complètement insensé à cause des risques sanitaires et environnementaux connus et des tensions géopolitiques existant dans le monde qui font des centrales des cibles militaires de choix.
Même si la question des moyens d’une sortie du nucléaire demeure dans un pays ultra-dépendant de cette industrie comme la France - et devrait faire l’objet d’un débat spécifique dans AL -, Alternative libertaire reste donc opposée à l’énergie nucléaire, qui fait peser sur nos sociétés des risques sanitaires et sociaux disproportionnés.
4. Conclusion stratégique
L’environnement n’est pas une question « humaniste » dépourvue d’enjeux politiques. Pour agir concrètement, il faut l’analyser en lien avec les luttes de classe, les stratégies du capitalisme, les rapports de production, les rapports de forces impérialistes dans le monde, etc. C’est pour cela que nous devons parler systématiquement d’écologie politique. En même temps, les solutions à ce défi majeur qu’est la destruction de la planète transcendent la simple opposition entre capitalisme et socialisme. S’il est évident que le capitalisme, en lui-même, n’apporte pas de solution, nous ne pouvons affirmer, de façon symétrique, que le socialisme est la réponse à tout.
D’une part parce que cette assertion aurait pour effet de renvoyer toute action à un futur post-révolutionnaire dont rien n’indique qu’il adviendra avant la destruction complète de la planète par le capitalisme. Ce n’est donc pas « trois » mais « une seule » révolution qui serait nécessaire : la révolution socialiste.
D’autre part parce que le socialisme doit intégrer dans sa finalité la question écologique. Les « modèles » socialistes de jadis sont révolus. Aussi bien le modèle productiviste cher aux staliniens, que le modèle « abondanciste » des anarchistes de jadis, où la « prise au tas » était censée résoudre la question de la production et de la consommation.
Le communisme libertaire devra atteindre le point d’équilibre entre les capacités productives, les besoins des populations, et les capacités de la biosphère. Et au delà d’une gestion rationnelle des ressources naturelles, la question écologique doit nous amener à repenser fondamentalement la question de la place de l’humanité sur la planète. Face à l’héritage judéo-chrétien qui incitait les hommes et les femmes à dominer la planète, il nous faut prendre conscience que notre existence est intimement liée à celle de l’ensemble du monde vivant. Notre avenir ne pourra pas se construire contre le reste du vivant. Là aussi, l’idéologie de la domination doit être brisée, pour que l’humanité retrouve un avenir. Dans l’immédiat, dans le mouvement altermondialiste - assoupi dans les pays du Nord, mais toujours aussi virulent dans le reste du monde -, il est indispensable d’avoir à l’esprit la boussole politique que constituent ces « trois révolutions » nécessaires dans les modes de production, d’échange et de consommation.
[Alternative libertaire], Agen, octobre 2006.