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Elle rissole dans les fourneaux européens depuis bientôt trois ans : la pomme de terre transgénique Amflora, conçue par l’industriel germanique BASF, a poussé les écologistes allemands à se friter, cette semaine, avec le futur gouvernement d’Angela Merkel. Celui-ci vient de rendre public son programme pour les quatre ans à venir. Où se niche un soutien explicite à la culture commerciale de la patate OGM.
Intolérable, évidemment, pour ceux qui s’y opposent et qui voient dans cet acte la preuve d’une allégeance aux intérêts financiers qui ourlent la question des OGM. Cela « montre comment la branche biotechnique a réussi à mener par le bout du nez les auteurs de l’accord de gouvernement », affirme Felix Prinz zu Löwenstein, chef de l’Association écologique pour l’économie alimentaire (BOLW). Ce n’est pas la première fois que cette accusation fuse.
Variété enrichie en amidon, expérimentée en Europe depuis près de dix ans, l’Amflora se destine à la fabrication de papier, de textile ou de béton. Mais la belle contient aussi un gène marqueur de résistance aux antibiotiques, dont beaucoup redoutent qu’il ne contamine des cultures destinées à l’alimentation humaine. En 2006, BASF obtenait néanmoins un avis favorable de l’Aesa – Autorité européenne de sécurité des aliments – qui la déclarait exempte de « risques sanitaires pour l’homme et l’animal. ». La même année, la Commission européenne lui emboîtait le pas. C’est à l’étape suivante que le dossier a été bloqué, n’obtenant ni l’avis favorable du comité d’experts européens ni celui du Conseil des ministres européens. La décision finale était renvoyée entre les seules mains de la Commission qui, depuis, fait poireauter le dossier. Pourquoi ? La question reste entière. En décembre 2008, le Conseil des ministres de l’Environnement européens exigeait de la Commission qu’elle renforce ses évaluations des impacts des cultures OGM sur l’homme et sur l’environnement. « Peut-être attend-elle que ce renforcement soit finalisé pour rendre sa décision », avance Éric Meunier, membre de l’association Inf’OGM. Peut-être les suspicions à l’égard d’Amflora deviennent-elles trop prégnantes. En juin dernier, deux experts scientifiques – sur les 42, il est vrai, qu’a consultés l’Aesa –, s’exprimaient dans ce sens. Quoi qu’il en soit, et au-delà du débat sur l’éventuelle dangerosité de la patate, l’histoire de l’Amflora soulève un autre lièvre : celui de la pression exercée par les producteurs de semence pour obtenir l’agrément de leurs graines.
En 2008, fatigué d’attendre, le groupe BASF mettait la purée pour vanter sa patate et se payait une vaste campagne de pub dans les quotidiens allemands pour faire valoir une Amflora « saine et écolo ». Le même mois, le groupe se fendait d’une lettre ouverte au commissaire européen à l’Environnement. En avril 2009, Berlin autorisait la reprise des essais en plein champs de l’Amflora (1). « On peut se demander pourquoi, puisque BASF assure avoir démontré l’innocuité de l’Amflora », souligne Éric Meunier. Si ce n’est pour se constituer un stock de semence dans le cas où l’accréditation tomberait. BASF se donne les moyens pour y arriver, menaçant même l’Europe de stopper toutes recherches de nouvelles variétés si la garantie de les rentabiliser commercialement ne suit pas. Une pression efficace, quand la recherche publique est pauvre en la matière. Une pression qui pourrait surtout s’avérer payante : dans le cas de l’Amflora, les gains sont estimés à 100millions d’euros par an.
(1) Seulement la culture commerciale d’OGM implique une autorisation de l’UE.
Marie-Noëlle Bertrand