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Et il
se trouve que nous, Raymond Delgado et Bernard Réglat, apparaissons comme la
“caution anarchiste” de cette infâme saloperie, ce qui nous oblige à nous
expliquer sinon à nous excuser auprès des principaux intéressés pour des propos
que nous n’avons pas tenus (nous y reviendrons).
Comment sommes-nous arrivés là ? Le réalisateur
de cette merde, Romain Icard, a pris contact avec nous se recommandant de
Gilles Millet, un des rares sinon le seul journaliste avec qui nous avons
toujours eu des rapports de mutuelle confiance. Icard nous a ainsi présenté son
projet dans un mail du 16 juin 2009, que nous reproduisons ici in extenso
afin que chacun puisse se faire une opinion sur cet individu :
«(…) je
m'emploie à raconter l'histoire de la lutte armée politique dans les 1970 &
1980. Dans ce cadre, je reviens grâce aux archives de l'époque et aux
témoignages des intervenants qui ont vécu cette période sur l'histoire des
groupes.
C'est dans ce contexte que j'aimerais
pouvoir raconter votre (ton?) histoire, celle des GARI. D'où ils venaient
politiquement, et comment vous avez décidé de mettre un terme à vos actions,
une fois que vous considériez avoir obtenu ce que vous vouliez. Ce serait
d'ailleurs l'occasion pour vous de tordre le coup à une idée tenace dans
certains milieux politiques et policiers selon laquelle JM Rouillan était le
leader des GARI, et que son groupe a une filiation directe avec vous. et
d'avoir votre vision entre votre position autonome et celle marxiste-léniniste
de l'autre côté.
Dans le même ordre d'idée, sache que je fais le même genre
d'entretiens avec les fondateurs des autres groupes de l'époque, plus proches
des tendances mao que vous ne l'étiez.
De plus, j'aimerais revenir sur les
relations que les différents militants entretenaient avec le pouvoir de
l'époque. Quelles étaient vos relations s'il y en avait.
Je pense notamment au moment de l'amnistie de 1981 et de la
façon dont elle a été obtenue. Mais pas seulement, je pense aussi aux relations
avec le pouvoir de droite de VGE en 1978, notamment sur l'affaire du banquier
espagnol et votre relaxe.
Enfin, si tu en es d'accord, j'aimerais revenir sur le fait
qu'en 1982, si tout le monde avait été un peu plus "honnête", JM
Rouillan se serait rendu. Mais des fuites font que sa reddition devient
impossible à ses yeux.
Voilà, tu sais tout. Je suis, du moins je crois, bien
loin de la vision sensationnaliste habituelle sur le sujet... Ce que je cherche
à montrer, c'est l'amalgame douteux qui est fait entre les différents
mouvements pour mieux absoudre de leurs responsabilités certaines personnes.
J'espère sincèrement que tu accepteras l'idée de cet
entretien filmé, sachant que je ne me base que sur l'aspect historique des
choses. »
Pour rappel, les GARI (Groupes d’Action
Révolutionnaire Internationalistes) était une coordination de groupes et
individus autonomes, de sensibilité anarchiste et libertaire, qui mena des
actions contre la dictature franquiste, essentiellement en 1974. Nous avons
fait partie de cette coordination, ainsi que Jean-Marc Rouillan, qui se
prévaudra, lors de la création d’AD, de cette appartenance aux GARI, pour
essayer d’en capter “l’héritage”.
Le
projet d’Icard nous a donc semblé intéressant dans la mesure où à travers la
critique idéologique, non seulement d’AD mais des différentes organisations
marxistes-léninistes ayant sévit en Europe dans les années 70/80 (BR, RAF,
etc.), nous pourrions essayer d’expliciter l’action politique des groupes et
individus autonomes telle que nous l’avons toujours défendue et pratiquée. Et
d’autant plus intéressés du fait que ces idées sont revenues sur le devant de
la scène médiatique avec la criminalisation par le pouvoir actuel des groupes
“anarcho-autonomes” et notamment l’emprisonnement, entre autres, de ceux dits
“de Tarnac”.
Nous avons donc décidé de participer tout en ayant conscience des risques et surtout des limites d’un tel projet, qui devait être, d’après Icard, diffusé sur Canal+. Nous avons essayé de nous prémunir en posant comme condition de notre participation le visionnage du montage final de son documentaire, ce qu’il accepta, et s’engagea à nous envoyer un DVD avant la diffusion. Bien sûr, ce DVD ne nous est jamais parvenu. Et lorsque nous avons découvert dans les journaux spécialisés qu’un film allait être diffusé, portant sur des soi-disantes manipulations dont AD aurait été l’objet, et signé Romain Icard, nous avons naïvement pensé que finalement il avait changé son projet et donc pas retenu nos témoignages. Or, non seulement il s’en est servi, sans notre consentement donc, mais (...) les a tronqués (ce à quoi on s’y attendait, mais pas autant), placés hors contexte et surtout déformés. Ainsi, afin d’apporter un peu de crédit à sa vision du terroriste sanguinaire, il se permet de dire dans son commentaire, au sujet de l’enlèvement du banquier Suarez par les GARI : « Ce que Bernard Réglat veut dire c’est que Rouillan veut brutaliser le banquier ». Bien sûr, nous n’avons jamais dit ni voulu dire cela et que ce manipulateur ait été obligé ‘‘d’interpréter’’ nos propos en est la meilleure preuve. La phrase – tronquée – dont il se sert dit bien ce qu’elle dit : des discussions eurent effectivement lieu au sein des GARI au sujet du sort à réserver au banquier au cas où nos demandes ne seraient pas satisfaites. Et si notre mémoire est bonne, Rouillan ne prit même pas part à la discussion. Nous ferons par ailleurs remarquer à tous les (...) du genre Icard, qui veulent apporter du encore plus sanguinolent au moulin du sensationnalisme, que Rouillan n’a jamais été inculpé individuellement pour aucun crime de sang et que sa condamnation judiciaire découle du fait qu’AD ait choisit comme système de défense de tout revendiquer collectivement.
Par delà la dénaturation de nos témoignages, c’est la globalité de ce ‘‘documentaire’’ que nous entendons dénoncer. Bourré d’approximations, de simplifications et d’accusations (notamment sur l’amnistie politique de 81), d’images ordurièrement racoleuses (photos de nu de Joëlle Aubron…), l’ « œuvre » de Romain Icard nous rappelle les pires écrits de Minute et autres torchons d’extrême-droite.
Et pour finir, nous voulons
préciser que si nous avons toujours été critiques en ce qui concerne
l’idéologie et certaines actions d’AD, nous avons toujours manifesté notre
solidarité aux militants de ce groupe victimes de la répression étatique, et
qu’en tout cas nous n’avons jamais hurlé avec les loups, même et surtout
lorsque certains d’entre eux se prétendaient ‘‘anciens des GARI’’ (cf. Appel
aux anarchistes. Pourquoi les anarchistes doivent se désolidariser, dans la
conjoncture actuelle, des activistes du groupe Action Directe, paru dans Le
Monde en octobre 1982 et contre lequel nous avions pris publiquement
position).
La situation actuelle de J.-M.
Rouillan, qui ne peut même pas se défendre et qui reste incarcéré, gravement
malade, sans soins, rend encore plus odieuse l’interprétation de « Spécial
investigation ».
Interprétation qui, d’ailleurs,
tombe peut-être à pic dans le contexte politique de bras de fer avec l’Iran au
sujet du nucléaire ! Qui manipule qui ?
Raymond Delgado
Bernard Réglat
28 octobre 2009
Commentaires :
libertad |
J'ai enlevé quelques noms d'oiseaux figurant dans le communiqué, l'important étant le fond du propos.
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|
à 23:28