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Entre commerce du sexe et utopie : L'échangisme

Lu sur Multisexualités et sida.org : "Le double visage de l’orgie ou l’échangisme comme exemple de gestion spécifique du rapport au tiers. Le plaisir, il faut vraiment le couper pour que ça existe ? Seulement, si c’est doublé quand on est deux, alors ça doit être triplé quand on est trois, quadruplé quand on est quatre, centuplé quand on est cent, non ? On a le droit d’être cent pour partager ? (1)


Le tiers est-il superfétatoire ou est-il fondamental dans le rapport de couple ? Nous émettons l’hypothèse qu’il est fondamental et que tout rapport amoureux implique un rapport au tiers vécu selon une modalité spécifique. Chaque couple définit les limites dans lesquelles il accepte ou refoule le tiers, mais le besoin de tiers s’exprime irrémédiablement. Toutes les histoires d’amour en parlent d’une quelconque façon. Nous avons proposé dans notre travail de thèse, sans prétendre être exhaustif, une carte topographique des idéaltypes de rapport aux tiers (2). Nous avons remarqué que le rapport au tiers, quelles que soient ses formes, est le plus souvent stigmatisé, c’est-à-dire que la pression sociale est assez forte pour faire renoncer au tiers, pour l’évacuer. Pourtant, le tiers est récurrent, omniprésent, utile même pour insuffler du désir, de l’énergie, pour lutter contre la dégénérescence de l’amour. Face à l’insatisfaction conjugale, à l’ennui, on peut repérer plusieurs types de réponses. Si une aventure extra-conjugale est le rapport au tiers le plus courant, le plus traditionnel, pour raviver une relation, il nous semble que plusieurs facteurs rendent l’expression de l’adultère plus difficile qu’auparavant. Le lien amoureux de type romantique sur lequel se construit désormais la majorité des relations conjugales, fait apparaître sous le signe de l’échec et du reniement de l’idéal de départ, la relation adultérine. Face à ce dilemme, les partenaires préfèrent vivre une polygamie successive, amenant à un enchaînement de divorces et de remariages. L’augmentation considérable du nombre des ruptures légitimes est ainsi en lien direct avec la volonté historiquement nouvelle d’établir le mariage sur l’inclination affective plutôt que sur l’intérêt familial et lignagié. D’autres, plus nombreux encore, vivront allègrement leur besoin de tiers au travers de mécanismes variés de sublimation. Que ce soit au travers de mise en scène partagée ou de constructions imaginaires proprement individuelles, une ressource peut être trouvée dans un tiers virtuel.

Le développement considérable des productions érotiques dans la société contemporaine, nous semble intéressante à interroger comme lieu privilégié de production de fantasmes compensatoires. Dans une société, où les valeurs du couple sont prédominantes, le tiers est “vécu” par transposition au travers de productions culturelles, dans la littérature, les images publicitaires, les productions cinématographiques... Les relations rêvées présentent, du reste, l’extrême avantage de demeurer idéales. Les fonctions socio-politiques d’un érotisme omniprésent demeurent à étudier.
Le tiers est tutoyé à des instants privilégiés, au travers de relation de séduction, de drague, d’échange physique limité comme pendant les danses, moments de forte intensité érotique, lieu d’une réénergétisation de la relation conjugale. Certains couples ne se suffisent pas de ces espaces éphémères et allusifs. Le tiers peut alors être “invité” pour un échange plus ou moins limité. Une façon de sauvegarder durablement sa relation de couple, et son idéal de partage fusionnel, tout en vivant un adultère neutralisé, s’exprime dans la pratique de l’échangisme. Le couple ne risque pas alors l’autodissolution dans le rapport au tiers, car celui-ci est canalisé dans un espace précis et pour un temps donné (3). Les rythmes, les objets et les enjeux de l’échange sont alors nettement définis. La relation d’échangisme est temporaire, elle concerne avant tout une pratique sexuelle. L’idéal de fidélité, et plus largement les valeurs traditionnelles du couple ainsi que les rôles de chacun, peuvent être sauvegardés au quotidien. L’ouverture aussi surprenante soit elle est canalisée dans une expression limitée, temporaire, transgressive. Comme l’affirment les couples échangistes eux mêmes, la pratique de l’échangisme permet de réaffirmer le couple, plutôt que de viser à le transformer.
A partir du moment où la relation sexuelle convoque plus de deux personnes en même temps, se pose le problème des limites. «La promiscuité est toujours produite par un collectif ; elle est la manifestation d’une priorité de la communauté sur l’individu et le couple», dit Francesco Alberoni (4). Le terme de promiscuité regroupe des significations multiples. Il y est souvent associée une vague idée de prostitution. Priorité du groupe sur le couple : on constate une césure sans équivalent entre le 2 et le 3 dans l’imaginaire social. A partir du moment où un troisième est invité dans l’espace intime du couple n’est-ce pas la porte ouverte à tous les autres ? Se pose alors la question : le rapport avec tiers inclus est-il un rapport orgiaque ? Peut-on définir l’orgie comme un rapport commençant avec le tiers ? Le triolisme peut finir dans l’orgie prévient Max Marcuse (5).

Où peut donc se tracer la séparation entre rapport amoureux et rapport orgiaque ? Il y a là une ambiguïté à résoudre. Une angoisse sociale se cache derrière cette question. Dans l’imaginaire social, le rapport à trois, même amoureux, est souvent assimilé à la “partouze”, “l’orgie”, la “décadence”, le “chaos”. L’homme y est assimilé à une “bête” et la femme à une “pute”. Pourquoi y aurait-il cependant une différence aussi fondamentale entre amour d’un autre et amour de deux autres ? Qu’est-ce qui fait que dans l’imaginaire, il y ait une différence aussi profonde entre aimer une autre personne, ce qui serait noble, et en aimer deux autres, ce qui serait bestial, orgiaque, décadent ? Y a-t-il une frontière aussi infranchissable, radicale, entre le deux et le trois ? Il n’y a pourtant pas de limite de principe. Une grande peur se manifeste dans le rapport avec tiers inclus. Une peur que la transgression de la limite du couple soit une transgression de toutes les limites et ramène les rapports sociaux à des rapports sauvages, instinctifs, de “nature”. Ceci est déjà supposer qu’il y ait une nature animale, trouble, perverse, bestiale, qu’il faille domestiquer, c’est-à-dire refouler, réprimer, canaliser dans le couple, sans quoi l’ordre social serait ébranlé. Éléments constitutifs d’une fantasmatique du chaos qui se trouve profondément enracinée dans une conception paradigmatique de l’ordre social.
Le rapport au tiers semble mettre en jeu toutes les frustrations accumulées par une situation de couple clos. L’ouverture possible au tiers fait resurgir tous les refoulements, soit dans une fantasmatique, soit dans des comportements “sauvages” de défoulement. Comme dans toute situation de répression, le retour du refoulé se fait alors violent, débridé, avec une sauvagerie hors du commun. C’est ce qui est constaté dans les périodes de trouble, quand la pression sociale se relâche et où le sexe est toujours en premier lieu ce qui “éclate”. Période de guerre, où viols collectifs, tortures, sadisme, perversions sexuelles, se multiplient. Le mari respectable devient un monstre. Cet ordre de chose est tel qu’il est devenu commun de se représenter l’homme habité de pulsions bestiales, prêtent à surgir dès qu’on les débride. Certaines sociétés ont domestiqué cette bestialité dans des périodes d’orgies ritualisées : bacchanales, carnavals, moments festifs durant lesquels périodiquement peut s’exprimer ce qui est ordinairement tu. De même, l’échangisme peut être compris comme une sorte de soupape temporaire. Nos sociétés entretiennent un rapport de mauvaise conscience face à cette soit disant nature perverse, elles se complaisent à la mettre en scène dans la littérature, au cinéma, de façon ostentatoire, mais semblent aveugles à la reconnaître quand elle s’exprime, et cherchent à l’effacer des traces de l’Histoire. Ainsi, les drames des femmes violées dans tous les conflits guerriers, sont-ils soigneusement occultés de l’Histoire officielle. En revanche existe un traitement symbolique de l’orgie dans les productions culturelles, lieu où vont se vivre mais aussi puiser les fantasmes.
Le couple semble le rempart ultime à la barbarie menaçante pour l’ordre social. Moyen de canaliser les pulsions, de les réprimer, rempart contre les débauches et les violences des comportements supposés s’exprimer sans cela. Face à cette menace, l’Eglise catholique recommande le mariage comme lieu de protection pour les femmes. Etre appropriée par un pour être protégée de tous les autres, commente Colette Guillaumin (6). Pourtant on pourrait montrer que toutes les sociétés ne reposent pas sur cette violence sous-jacente, même si il existe toujours une violence fondatrice d’une autre nature (7).

Deux types d’orgies
Il nous semble que les ambiguïtés du rapport au tiers, dans l’échangisme où dans toutes autres pratiques, les confusions résultant de l’amalgame entre différentes réalités, peuvent être comprises en menant une analyse de ces conditions d’expressions et par une recherche de classification. Le rapport avec tiers inclus peut être considéré comme un rapport orgiaque si l’on accepte qu’il y ait deux types d’orgies : une orgie de participation et l’autre de décompression. L’orgie, au sens libertin, celle que pratique ou décrit Sade, est une orgie résultant de la frustration. Elle ne s’actualise que dans la boulimie de consommation et de destruction. Georges Marbeck saisit bien qu’il s’agit d’une toute autre réalité que de celle dont parle Fourier : «Orgie à toutes les pages, presque à toutes les lignes, mais elle n’est, dans le système du marquis, que prétexte à démontrer, à assener inlassablement, par l’exemple, la parole et les actes l’impossible harmonie d’une quelconque société humaine, puisqu’il n’est de jouissance qui vaille, aux yeux des Delbène, Saint-Fond, Noirceuil, Blangis, Curval et autres Bande-au-ciel, libertins fantoches, simples prête-noms de ses obsessions monomaniaques, que celle qui nie l’autre, l’écrase, le supplicie, le supprime comme nul et non avenu. Nous sommes là aux antipodes du Nouveau Monde amoureux fondé sur l’art de jouir à l’infini de toutes les fantaisies, de toutes les différences de l’autre et des autres. Le boudoir sadien, gueuloir du crime, foutoir de l’abjection raisonnée, théâtre du désir despotique des maîtres épuisant toutes les figures de la monstruosité érogène, est l’envers même de l’Harmonie fouriériste...» (8). Sade, écrit Georges Marbeck, affirme la puissance négatrice du désir. Il y a donc plusieurs types d’orgies, comme l’indique Fourier (9). Il y en a au moins deux : celle que Fourier dirait attachée au monde Civilisé, et celle qui s’exprimera en Harmonie.

Fourier fait la distinction entre l’orgie en civilisation, qui est dégradée et proche de la prostitution, et l’orgie en harmonie, qui est réglée sur l’enthousiasme de l’art (10).

L’orgie amoureuse est une orgie de sentiments. Il y a, par exemple, l’ordre polygame ou transcendant, l’ordre omnigame ou unitaire (orgie composée), qui sont des types peu favorisés par la Civilisation (trio et orgie). L’orgie fouriériste (11) est énergétique. Orgie civilisée et orgie harmonienne, orgie bourgeoise libertine et orgie libertaire, orgie sexuelle et orgie énergétique, peu importe les qualificatifs qu’on leur donne, l’important est de les distinguer, ce qui est rarement le cas. Dès que le tiers est impliqué dans une relation, le sens commun sous entend orgie et réduit toujours le phénomène à son expression la plus basse. Il y a pourtant une différence notable entre la sexualité collective de gens partageant ensemble un projet de vie et la partouse, rencontre exclusivement axée sur le sexe. La revue Sexpol, en son temps, s’est employée à montrer la richesse de l’une et l’aliénation de l’autre, et la nécessité de ne pas les confondre (12).
La première différence que l’on peut repérer entre l’orgie bourgeoise et l’orgie libertaire, est que la première ne change pas l’ordre social. Elle vient le subvertir, le transgresser pour un temps limité. Même durant l’échange, les rôles sexuels ne sont pas toujours bouleversés, la femme soumise demeurant le plus souvent objet (et ce jusque dans le rapport masochiste). Dans les parties carrées, l’échangisme, les soirées d’orgies sexuelles, des schémas très conventionnels sont ainsi mis en oeuvre. Ces pratiques sont le fait de gens socialement conservateurs, sans que cela pose problème. Le sexisme, le racisme, le ségrégationnisme de classe peuvent s’y exprimer librement, comme le rapportait déjà Gilbert Bartell. Son enquête sur l’échangisme aux États-Unis révèle que les couples ne sont pas, hors de cette pratique, des marginaux. Il s’agit d’une classe moyenne bourgeoise (13). Ils ont des comportements très traditionnels, voire réactionnaires. Les noirs ne sont pas admis dans ces réseaux et les rôles sexuels demeurent très typés (14).

Les échangistes sont particulièrement méfiants envers les hippies, les drogués et les homosexuels. Si les relations entre femmes sont encouragées pour activer les fantasmes de l’homme, tout homosexuel masculin est exclu du groupe. L’homme semble craindre de voir sa domination remise en cause, d’être évalué. Si son fantasme le plus courant est d’être avec deux filles, la peur d’être regardé est si prégnante que les couples échangistes s’isolent dans des pièces séparées (15). Bref les rôles traditionnels sont préservés. L’échangisme ne vient pas libérer, mais conserve un certain nombre de valeurs bourgeoises, affirme Reimut Reiche. C’est à ce titre une fausse libération. De même, les textes d’érotologie véhiculent de semblables stéréotypes (16). Au-delà de la réactualisation nécessaire des données sur l’échangisme (17), on peut admettre certaines logiques d’ensemble.
Le fait qu’il apparaisse nécessaire à certains échangistes d’avoir quelque-chose à échanger pour se réclamer de l’échangisme, signifie bien que l’on se situe dans le registre de la possession et des rapports marchands plutôt que dans le don de soi. «En considérant les autres comme des objets sexuels plutôt que comme des personnes, on évite toute relation affective et toute menace concomitante à l’égard du mariage» (18). Dans les rites traditionnels de la partouse, personne n’est amoureux (19). En réalité, il n’y a pas de remise en cause profonde des rôles, peu d’affectif est en jeu et l’orgie demeure limitée dans un temps précis. Le rapport est avant tout sexuel : “Tout est plaisir”. La femme, idéalisée par ailleurs, y demeure comme dans l’imaginaire érotique, “une salope, une pute, un bel objet”. «L’autre sexe n’est plus que du “matériel”, expression fréquente dans les bouches échangistes» (20). C’est ce qui rend possible, dans cette forme d’érotisme, la présentation, par exemple, de femmes nues au milieu d’hommes habillés. On retrouve en abondance ces images sexistes dans toutes les productions érotiques et pornographiques. Les adeptes du “swing”, de l’échangisme, ne prétendent pas, comme les utopistes, remettre en cause le mariage. Au contraire, ils recourent à cette pratique pour le sauvegarder, pour lutter contre l’épuisement érotique et finalement consolider leur couple. C’est une façon de gérer le tiers en le canalisant en des moments très délimités qui ne viennent pas remettre en cause le reste de la vie commune.

L’échangisme semble un moyen de canaliser l’adultère du conjoint. Hors de l’échangisme, le couple se jure fidélité absolue (21).
Georges Marbeck fait la distinction entre orgie et partouse. La partouse “se limite au sexe et pas du meilleur”, alors que l’orgie porte l’écho des vibrations fondamentales de l’être. Comme la prostitution, comme la pornographie de consommation, la partouse fonctionne comme une machine à éponger des stocks de désirs, de fantasmes réfractaires ou impropres à l’investissement conjugal, des masses de pulsions résiduelles cherchant des issues de secours, avertit Georges Marbeck.
Or, dans la véritable orgie, ce n’est pas le cul qui est convoqué, mais l’esprit (22).
Toutes autres sont les expériences de tiers inclus tentées dans les trios ou les communautés libertaires, où se partage une vie en commun sur le long terme. On ne saurait confondre l’échangisme ou l’orgie libertine avec ce type de communauté. Si l’orgie bourgeoise maintient des polarités sexuelles fortes et vient renforcer les archétypes traditionnels, l’orgie libertaire, au contraire, vient bouleverser l’ordre des rôles sexuels traditionnels et implique nécessairement l’égalité. Elle vient révéler la bisexualité que l’individu porte en lui. «En un autre langage, conduire d’une disjonction exclusive, caractéristique de la tension des sexes sur le plan social, non à l’indifférenciation manipulée conservatrice de cette tension ou même la renforçant, mais à une disjonction inclusive permettant à l’individu de reconnaître en lui l’homme et la femme qu’il contient, de ne trouver son identité que dans la multiplicité permutative des rôles, ou, comme le voulait Fourier, par sa présence dans la multiplicité des groupes» (23). Le viol y est impensable, le respect de l’autre forgé en idéal. On peut alors parler d’amour de groupe et non de sexualité de groupe, comme dans l’échangisme. Des témoignages expliquent bien la différence (24). Dans ces expériences, les rôles y compris sexuels sont permutés, la bisexualité, l’homosexualité y ont une place non problématique. L’orgie libertine ne remet pas en cause l’idée que l’amour ne peut se vivre qu’à deux, alors que l’amour de groupe, au contraire, renverse profondément la notion de couple et de famille. La différence s’exprime par le projet ou non de vie en commun. Soit la sexualité est un moment d’un quotidien et s’exprime de manière polymorphe, soit elle est vécue pour elle-même et de façon génitale (25).

L’orgie libertine est dans la compétition, l’antagonisme des sexes et la rivalité, la domination mâle. C’est l’économie de la misère, c’est “baiser pour baiser” (26). Au contraire, “l’amour à mille” commande l’autonomie des partenaires, une autre qualité de fantasmes, une polyvalence des désirs. Les relations érotiques sont des relations sociales comme les autres, c’est-à-dire qu’elles s’insèrent dans un quotidien. Le rapport est avant tout affectif. Il y réside un côté mystique évident. Guy Talèse donne l’exemple de la communauté de Sandstone, comme lieu d’expérimentation. Ce n’est pas alors qu’un lieu d’échanges sexuels, mais aussi de rencontres, de recherches, de sensibilité, de découvertes, de travail sur soi, où l’on pratique la bioénergie où le yoga... (27).

L’expérience est éminemment subversive et ne peut être menée que par des acteurs en rupture avec les valeurs de leurs sociétés, impliqués dans la contre-culture. Dans ces expériences, on ne recherche pas le défoulement provisoire d’une tension, mais on cherche à inventer de nouvelles formes de sociabilité plus justes, moins frustrantes. C’est une recherche d’harmonie sociale où il n’y aurait aucun besoin de période de décompression. Il s’agit bien sûr d’une recherche d’utopie concrète. Il y a, par conséquent, une opposition entre ces deux rapports, qui semblent pourtant si proches par les formes qu’ils peuvent prendre. Le rapport de couple se situerait au milieu des deux.
Nous pouvons donc définir le premier rapport comme rapport orgiaque bourgeois et le second comme rapport avec tiers inclus. La différence n’est pas quantitative, mais qualitative, de même que Thémis Apostolidis distingue sexuel et amour entre deux personnes : “Ça semble être la même chose mais ça n’est pas la même chose”... (28) La différence repose sur la conscience que les acteurs ont du rapport qu’ils vivent, de la signification qu’ils lui donnent. Mais aussi de la place qu’occupe ce rapport dans le quotidien, par son effet de rupture ou de continuité avec les autres valeurs vécues, de la charge symbolique qu’il prend, de l’énergie en jeu dans le rapport. Différence d’énergie entre un rapport planifié, programmé, comme partie du samedi soir, et le rapport imprévu, spontané, instantané où X partenaires se rencontrent, sont émus et se laissent glisser dans un rapport sans savoir où cela les mène. Différence entre l’orgiaque, que l’on peut qualifier de cosmique pour reprendre les termes de Georges Marbeck, tel qu’on le retrouve dans les communautés spirituelles, rapport qui peut s’associer à la transe, et le rapport d’échangisme qui, lui, repose sur des codes et des stéréotypes assez simples de performance, de domination-soumission, etc.

Dans ce cas, l’attention est centralisée, focalisée sur le sexe, il y a une mise en condition, préparatifs, recours à des artifices pour améliorer les capacités sexuelles et une interaction pauvre avec l’entourage. Les relations sociales sont des prétextes et donc plus enclines à l’hypocrisie. Dans l’autre cas, l’interaction est forte avec le milieu parce que l’ambiance, le climat, la musique, les odeurs, etc., auront une importance déterminante. Il n’y a pas de finalité à la rencontre. Les relations entre personnes comme sujets seront les réels moteurs du désirs. C’est donc l’énergie en jeu qui caractérise ces deux rapports.
Le rapport bourgeois est plus accessible dans notre société, il est même indispensable à son fonctionnement, offrant des soupapes de défoulement sexuel. Au contraire, le rapport libertaire est à la fois plus dangereux pour l’ordre social qu’il menace, et plus difficile à mettre en oeuvre

L’énergie qui sépare les deux est de nature différente, engendrée par la frustration ou au contraire par l’errance érotique.
Le rapport orgiaque libertaire nécessite des individus dans un état de frustration peu important pour ne pas dégénérer dans un rapport orgiaque de compensation. Ce glissement possible entretient la confusion entre les deux plans et nourrit la peur de s’échapper du couple. Sans doute la littérature confond elle très souvent les deux rapports, entretenant des fantasmes malsains. Le rapport orgiaque libertaire implique de l’affectif entre les participants. Il est par nature imprévisible, non programmable. Il cristallise les passions. Il est à la fois mal connu, envié, rêvé mais aussi haï car il implique une liberté sexuelle, un rapport à l’autre fait d’autres choses que de frustrations. La perversité n’est pas chez les naturistes, mais chez ceux qui cherchent à les observer sans se montrer. C’est sur cette frustration que s’appuie une bonne partie de l’érotisme. Le frustré méprise, haït, ce qui représente sa frustration. Il développe une haine de la prostituée, des gauchistes-hippies qui pratiquent “l’amour libre”, des femmes en général, et de tout ce qui le renvoie à sa propre misère sexuelle (29).
Il est courant de dénoncer la trop grande liberté sexuelle comme si elle était perverse, négative, car sont mélangées dans un même lot liberté et décompression. L’amour libre est présenté comme décadent, et les images d’orgies mêlent tous les clichés. Ceux-ci se rattachent davantage à la compensation, à la désublimation répressive qu’à l’amour partagé quotidiennement et visent à renforcer les stéréotypes. L’orgie libertaire est mal connue, mal représentée, mal comprise. Elle est dénigrée car elle représente un danger certain d’émancipation. Une femme qui a publiquement plusieurs amants est couramment considérée comme une traînée, une prostituée, une femme publique dont on peut abuser.

Les discours traditionnels sur ce thème mettent en garde les femmes et leurs disent en substance : “trouvez un homme qui vous défende contre les autres hommes, ne jouez pas avec la bête immonde, n’allez pas la délivrer”. Dans un témoignage, une jeune femme explique comment le fait de partager l’amour avec un couple amène la suspicion, la stigmatisation et l’étiquetage de “fille facile”. Les autres hommes la traitent de “salope” et finissent finalement par la violer (30). Les épouses respectives cautionnent l’acte, désavouant celle “qui l’avait bien cherché”. La frustration des couples ordinaires peut s’exprimer avec une sauvagerie hors du commun quand les limites sont transgressées. Pensons également au “qu’en dira-t-on ?” qui entoure toutes les communautés qui ont essayé d’instaurer des relations différentes entre les sexes.

L’orgie, quand elle est exceptionnellement reconnue, est connotée négativement, comme plus destructrice que créatrice de reliance ou de fusion sociale. La confusion entre les deux types d’orgies est courante. Pourtant l’élan orgiaque, d’une part, et les conséquences pathologiques d’une orgiaque née du défoulement d’une société productiviste et répressive d’autre part, ne sauraient être assimilés. Francesco Alberoni est l’un des rares auteurs à mettre en garde contre l’amalgame (31). La “communauté amoureuse”, liée à l’état naissant, conséquence d’une profonde mutation intérieure des individus, est toute différente de l’orgie libertine, ou de l’ivresse provoquée par la foule, la fête, la transe où seuls des éléments favorables sont nécessaires, une ambiance, un groupe accueillant, etc. Il s’agit alors dans ces moments d’effusion sociale intense d’excitation érotique dans laquelle l’individu se laisse aller, phénomène de contagion de la passion dans une foule par exemple, moments où une puissance de cohésion est en jeu (32) mais qui ne lie pas les individus en une communion d’amour. Il n’y a pas d’idéal de fraternité dans une foule en transe, possédée... Il s’agit le plus souvent, dans ces manifestations, d’ivresse érotique collective et non pas d’état naissant. Alberoni note très justement que si Bataille, Bastide, Lapassade, Maffesoli ont bien vu le caractère dionysiaque de l’orgie assimilée à la transe, ils ont eu le tort d’amalgamer l’orgie avec l’état naissant et de le confondre à un état d’exaltation et de fusion éphémère. On ne peut pas confondre les Murias, chez qui l’individualité est brisée volontairement chez les deux partenaires, et la prostitution occidentale où seule l’identité de la femme l’est... Ceci entraîne des relations fort différentes que l’on ne saurait mélanger (33).

Ce n’est pas un hasard si Verrier Elwin n’emploie pas le terme de prostitution pour le Ghotul : on ne saurait amalgamer des types de relations aussi éloignées (34). Si ils le sont souvent, c’est parce qu’il arrive que l’état naissant se transforme en orgie libertine. Talese, comme c’est le cas dans nombre des revues érotiques, donne des exemples en pratiquant l’amalgame. Les expériences marginales de mariage open ou de sexualité libre issues de la contre-culture sont couramment mélangées à des formes telles que la prostitution ou l’échangisme, sous prétexte d’un point commun : le sexe.
Des utopies en acte
Des communautés très différentes les unes des autres, dans lesquelles l’amour et la sexualité étaient parfois collectivisés, ont fleuri partout en Occident dans les années 60/80 (35). Une critique radicale y a été menée de la notion de famille, mais également des rapports de sexe, de la virilité et de l’hétérosexualité comme constitutifs du système... Remettre en cause le couple, c’est bouleverser l’ordre familial. Le mariage collectif est une contestation en acte des valeurs de la famille classique. «Nous essayons d’inventer une forme nouvelle de vie en société» (36), dit l’un des partenaires. Car c’est se confronter à tout un ordre social. L’expérience scandinave que relate Guy Sitbon prouve que c’est non seulement la morale de la société, mais aussi la législation sur la conjugalité, les normes administratives et bancaires, les droits de l’enfant, la notion même de propriété privée, qui se trouvent du même coup remis en question (37). C’est le travail, l’école, l’éducation, la hiérarchie, autant de courroies de transmission du système liées entre elles, qui sont repensées. Il est logique que les éléments constitutifs de la société patriarcale soient bousculés quand on redéfinit la conjugalité (38). «La propriété et la famille sont trop étroitement liées : si l’un de ces piliers du monde bourgeois se trouve ébranlé, la solidité de l’autre devient incertaine. C’est pourquoi la bourgeoisie a toujours si soigneusement défendu ses bases familiales» (39), dit Alexandra Kollontaï. C’est pourquoi elle continue à le faire. Il est utopique de penser changer l’ordre social de la société capitaliste en évitant ces questions... (40) L’amour dépasse dans ce cas et de loin, la simple affaire individuelle, contrairement à ce que pensait Lénine ! Fourier pense qu’agir sur le mariage, l’union des êtres, c’est avoir une action sur l’ensemble du social, voire du cosmos, «tout est lié dans le système des passions», dit-il. Aussi ne faut-il pas s’étonner que la réflexion sur l’affectivité conduise vers des domaines qui pourraient sembler a priori bien éloignées du point de départ.

C’est la structure même de la société et de ses composantes que l’ordre sexuel interroge. Jean-Baptiste Fabre montre que nombre de communautés ont achoppé sur cette question (41). Sans doute les difficultés affectives ont-elles été sous-estimées. La socialisation semble, au bout du compte, avoir été la plus forte et l’émancipation par rapport aux modèles (parentaux, sociaux, linguistiques...) avoir été difficile (42). Cependant Gérard Mauger, Claude Fossé montrent qu’il y a des moments où la jalousie est absente, où le groupe vit une expérience forte de partage intense et où un échange collectif s’établit. Ces moments de partage sans rivalité, même s’ils sont éphémères, témoignent d’une utopie réalisée (43).
Une autre forme par laquelle peut s’exprimer l’amour énergétique est la relation de couple-open qui conduit à la dislocation du couple en un trio amoureux. Entre le couple et la collectivisation dans une communauté, il existe des tentatives pour ouvrir le couple sur le tiers, pour vivre l’amour à trois. Des relations trines, des ménages à trois, peuvent se constituer. Ces expériences plus limitées, plus individualisées, font partie du courant de la contre-culture. Sans être un amour communautaire, le “mariage open” permet de tenter l’expérience d’intégrer un jour un troisième dans le couple, innovant ainsi un type d’amour particulier. Trois individus s’aiment et décident de vivre une relation trine. «Il existe un type de promiscuité qui ne trouve pas sa réalisation dans l’orgie et dans l’indistinction des corps, mais qui consiste en un refus d’un objet d’amour unique, en la facilité à passer d’un objet d’amour à l’autre et en des rapports sexuels avec plusieurs personnes» (44), affirme Francesco Alberoni. Dans les ménages à trois, toutes les situations sont possibles : trois hommes, trois femmes, deux hommes et une femme, deux femmes et un homme (45). Nous appelons triade, ou relation trine cette forme de lien. Des témoignages rapportent des unions qui se maintiennent ainsi, de plusieurs semaines à plusieurs années (46). Ce type d’union est l’intermédiaire entre le couple institutionnalisé et la communauté. Nommé parfois “mariage multilatéral”, ce qui désigne à la fois les triades et les mariages de groupe, la triade peut être considérée comme une variante du mariage de groupe ou au moins un intermédiaire (47).

La relation amoureuse trine intègre la sexualité, mais la dépasse en établissant une relation durable entre les partenaires, dans laquelle elle n’est qu’un élément parmi d’autres. Le projet sexuel n’y est qu’une dimension de la relation amoureuse et quotidienne. Si la relation échangiste est sans doute plus fréquente que la relation affective, et si elle dispose d’une visibilité plus grande, des expérimentations de relations affectives avec des tiers existent qui expriment une volonté d’un autre mode relationnel possible. Il s’agit alors d’une autre conception du social qui est en jeu. Dans une relation trine, la relation affective s’établit entre tous les partenaires, ce qui montre l’écart avec l’échangisme (48).
Ce qui intéresse les partenaires dans la relation ouverte, ce n’est pas le sexe mais l’intimité, l’affection, l’amour, les émotions, la sensualité. Ce n’est pas le sexe en soi, qui n’est qu’une partie et qui peut même être absent, au sens génital. Si l’échangisme ou le sex-groupe permet de défouler des frustrations, d’assouvir des envies tout en demeurant dans le cadre du couple, c’est ce cadre qui précisément empêche de construire une relation affective ouverte. «Le sex-groupe nous plaisait par la sécurité qu’il nous offrait : nous ne risquions pas que l’un de nous d’eux tombât amoureux d’une tierce personne» (49), dit un échangiste interviewé. Mais ce couple se lasse bientôt de ce manque d’affectif et recherche l’amour, il souhaite alors que le partenaire tombe amoureux d’un tiers, et découvre l’amour de l’amour. Le trio est souvent présenté sous son aspect uniquement sexuel (50). Les médias n’abordent guère la question, ou seulement pour jouer avec le fantasme de relations faciles (51). L’invitation a pourtant une signification différente si elle est exceptionnelle, aventure d’un soir ou si elle porte sur un investissement affectif sur le long terme. On voit d’emblée une telle organisation dans Pourquoi Pas ? de Coline Serreau. Le clin d’oeil ironique du film pose la question d’intégrer ou non le tiers, qui pour cette triade est représenté par le quatrième partenaire. C’est aussi l’occasion de découvrir les valeurs alternatives d’une telle organisation familiale.

Des témoignages publiés et des entretiens avec des partenaires de ménages à trois relatent ces expériences. Max Pages, par exemple, raconte ces expériences amoureuses de tentatives de couple open (52) . Wendy et Burt rapportent l'expérience de leur mariage ouvert (53) . Surtout répandu dans les années 70, dans les pays nordiques, en Suède, au Canada essentiellement ou encore aux États-Unis, ces formes de vie ont permis de donner un nouveau visage à la conjugalité. Tous les témoignages insistent sur l'importance des livres de Robert Rimmer, The Harrad Experiment et Proposition 31, ou encore du livre de O'Neill, Le Mariage open, dans ce choix de vie. Soit le mariage ouvert est craint, soit il provoque des fantasmes et des utopies exagérées. Il est toujours l'objet de pressions sociales. (54)
Les témoignages montrent que pour vivre une telle expérience, il est nécessaire de “révolutionner” son corps, de laisser émerger et développer la sensualité, de changer aussi les habitudes de couple, le rapport dominant-dominé. On insiste sur l’importance du polymorphisme, de l’apprentissage de l’art de l’amour, sur l’écoute et la découverte des rythmes, sur la magie du rapport dans l’instant, sur l’absence de stratégie et le respect de l’autre. Pour qu’elle puisse durer, une relation à trois implique des relations sincères et profondes. Elle implique également de remettre en question les valeurs communes de la société, tout comme le fait l’amour communautaire. Peu de ces expériences demeurent dans un trio hermétiquement clos sur l’extérieur. C’est souvent un trio stable, autour duquel gravite une mouvance de relations affectives créant un tourbillon, un dynamisme et une éternelle remise en question. Un quatrième peut venir s’ajouter, ou encore le trio est composé de deux couples qui fixent leur union devenue quaternaire. Ainsi dans ce témoignage : «Cela fait maintenant trois ans que cette vie communautaire dure. Nous formons vraiment un ménage de groupe très solide. Bien sûr, cela tient surtout à ce que tous nous nous entendons à merveille» (55). Évidemment le modèle du trio ouvre la voie à une dissolution possible et totale du couple dans le groupe, c’est-à-dire communauté. Maurice Blanchot parle de la communauté des amants, de communauté élective (56). Le concept de néo-famille ou famille élargie est proposé pour ces petits groupes de partage. Différentes formes existent avec des évolutions de l’une à l’autre. Du mariage à trois, qui forme une famille avec un fort engagement affectif (57), il est possible de passer aux groupes familiaux, accueillant plusieurs couples qui vivent ensemble. C’est d’une économie élargie, généralisée et en acte dont il s’agit (58).

Pour ne pas conclure

Dans leurs diversités et leurs marginalités, les courants de la contre-culture ont expérimenté de nouvelles formes de rapports. Des possibles s’y sont exprimés. Dans les années 70, la prise de conscience du caractère politique de la sexualité et du rapport entre les sexes, était importante. Cette démarche a été refoulée dans les années 80 et la sexualité est redevenue en apparence une affaire privée, de l’ordre de l’intime. A l’occasion du sida, s’est effectué un retour de l’idéologie traditionnelle, avec des discours normatifs qui exhortent à la fidélité conjugale...
Pourtant, l’échec fréquent des communautés ne veut pas dire que ces expérimentations demeurent lettre morte : une part de ce qui s’est vécu là est réintégré dans l’expérience quotidienne, resurgit ailleurs, sous des formes modifiées. «Il s’agit de comprendre, en rejetant nos habitudes historiques, comment les groupes ou les ensembles humains sécrètent de la mutation après en avoir esquissé l’expérimentation (souvent aberrante) à travers des cas particuliers. Sans doute certains de ces éléments qui composent l’hérésie seront-ils ultérieurement réintégrés dans le tissu commun de l’expérience ou de l’idéologie. Il n’en reste pas moins que la rupture primitive est riche en semences quasi infinies» (59), écrit Jean Duvignaud. Même si le couple semble être une valeur dominante de la société contemporaine, l’idéal utopique d’amour de l’amour continue à tarauder l’imaginaire collectif. Les expériences hors couple ont laissé une trace, même si elles peuvent apparaître limitées, fragmentaires, fragiles, inconséquentes. Si Robin Fox a raison, l’avenir doit inventer une nouvelle forme de rapport amoureux enrichi de toutes ces expériences passées (60). Il nous semble que nous puissions repérer ici où là des réinterprétations, des réappropriations de ces éléments dans l’idéal conjugal contemporain. De nouveaux idéaux amoureux reprennent sur un autre mode et d’une autre façon, une recherche de relation au tiers redéfinie et enrichie de ces expériences passées.
Sans aller jusqu’à la remise en cause radicale des valeurs familialistes contenue dans l’idéal libertaire communautaire, ou dans celles du couple à trois, il nous semble que des tendances sociologiques contemporaines attestent d’une influence des valeurs de la contre-culture dans les recherches de nouvelles formes de conjugalité. Sous un jour moins politique et moins théorisé, une recherche pour vivre concrètement les apports de la remise en cause libertaire, et les exigences qu’elle a fait apparaître, s’exprime dans de nouvelles pratiques sociales, au travers de modes de vie et de nouveaux idéaux conjugaux.

Ainsi les conjoints sont de moins en moins enclins à prétendre vivre un couple fusionnel dans lequel leur individualité est sacrifiée. Toute appropriation, toute domination, toute confusion, d’un Tu dans le Nous paraît insensée. Le Nous du couple n’est plus un processus fusionnel qui s’oppose aux autres, mais un renouvellement ouvert sur le multiple. Comme dans l’espace communautaire, le Nous du couple se doit de respecter chaque Tu (61).

Les femmes, notamment, ne supportent plus de disparaître dans le projet marital. La volonté d’affirmer son individualité, et sa propre subjectivité, amène les membres du couple à inventer de nouvelles formes relationnelles. Chacun des partenaires entend vivre une expérience singulière et la conjuguer à une histoire de vie commune. Ce qui se joue alors c’est la possibilité pour chacune des deux individualités formant le couple d’affirmer une existence autonome non confondue avec celle de leur “conjoint”. Refusant la con-fusion de l’amour romantique qui superpose l’histoire de vie des partenaires à celle de leur couple, chacun va développer un espace et un modèle relationnel propre. Il s’agit de passer alors du modèle unaire de la fusion romantique au modèle trinitaire du couple composé de trois dimensions : celle de chacun des partenaires et celle de la relation. Un peu à l’image du mariage aristocratique de l’Ancien Régime qui propose cette non-confusion des époux. Le mariage d’intérêt permet en effet à chacun de conserver sa liberté pour vivre des relations à l’extérieur du ménage. Quand Madame est dans son hôtel particulier parisien, Monsieur est sur ses terres de province. Il ne saurait arriver auprès d’elle sans se faire annoncer ! Le mariage d’amour bourgeois a révoqué ce modèle, en promettant une félicité auto-suffisante. Si l’échangisme a réintroduit l’ouverture sur le tiers, c’est à condition d’être en couple, préservant ainsi un vécu fusionnel. Le couple-open remet lui en cause la fusion et affirme la polyvalence des désirs et des affects. Le couple contemporain repose plus que jamais sur une relation amoureuse, mais celle-ci cherche éventuellement à s’ouvrir sur d’autres relations affectives, et plus seulement, comme à l’époque romantique, discrètement sur des relations sexuelles. Il s’y affirme surtout, comme valeur fondamentale, la nécessaire autonomie des partenaires. Chaque couple négocie la part de fusion qu’il est prêt à consentir et la part d’autonomie qu’il s’accorde. Le phénomène sociologique des couples non-cohabitants est une illustration frappante de cette volonté de concilier d’une nouvelle façon ces éléments. Le féminisme réclamait d’avoir un lit à soi, il s’agit désormais d’avoir chacun son chez soi, à l’image de ces couples d’intellectuels ou d’artistes célèbres. En cela, on peut l’appréhender comme une recherche d’un nouveau modèle relationnel, qui propose une relation renouvelée au tiers.

Serge Chaumier

Actes du premier séminaire européen sur l'échangisme de Toulouse (19-20 et 21 mars 1998)


Notes

(1) Duvert Tony, Le Bon sexe illustré, Minuit, 1974, p. 79.

(2) Chaumier Serge, Tiers inclus / Tiers exclus. Sociologie du rapport au tiers dans les récits théoriques et filmiques sur l’amour, Thèse de 3ème cycle, soutenue sous la direction de Patrick Baudry, Université Michel de Montaigne, Bordeaux III, 1996, p. 967.

(3) Liotard Philippe, «Cherche corps à jouir pour bêtes à plaisir. Voyage au pays des annonces érotiques», dans Imaginaires sexuels, Quel Corps ?, n° 50-51-52, Avril 1995, p. 250.

(4) Alberoni Francesco, L’Erotisme, Ramsay, 1987, p. 114.

(5) Marcuse Max , «L’Absence de jalousie», in La Sexualité, sous la dir. A. Willy, C. Jamont, Marabout, 1964, p. 107.

(6) Guillaumin Colette, Sexe, Race et Pratique du pouvoir, Paris, L’idée de nature, Ed. Côté femmes, 1992.

(7) Girard René, La Violence et le sacré, Paris, Grasset, 1972.

(8) Marbeck Georges, L’Orgie, Laffont, 1993, p. 25.

(9) Alexandrian, Les Libérateurs de l’amour, Points Seuil, 1977, p. 149.

(10) Fourier Charles , Le Nouveau monde amoureux, Paris, Anthropos, 1967, p. 326 et suiv.

(11) Tacussel Patrick, L’Avènement de la sociologie, Paris V. Sorbonne, 1993, Tome II, p. 605.

(12) Sexpol, n° 13 mars 1977, p. 9.

(13) Rapport sur le comportement sexuel des Français, sous la dir. de Pierre Simon, Julliard, 1972.

(14) D. Bartell Gilbert, La Sexualité de groupe. La révolution érotique ?, Paris, NOE, 1972, p. 173 et p. 45.

(15) Egalement Falconnet Georges, Lefaucheur Nadine, La Fabrication des mâles, Seuil, 1975, p. 95.

(16) Par exemple, celui de Louis Pauwels dans Laslo Havas, Les Derniers jours de la monogamie, Mercure de France, 1969.

(17) Welzer-Lang Daniel, La Gestion polygame du désir : l’échangisme entre commerce du sexe et utopies, Résumé du rapport de recherche, Septembre 1997.

(18) I. Murstein Bernard , «L’Echangisme», in Styles de vie intime, Pierre Mardaga, Bruxelles, 1981, p. 137.

(19) Rossolin Orgius, «A bas la partouze !», Sexpol n°13, mars 1977, p. 16.

(20)Dictionnaire de l’amour, de l’érotisme et de la sexualité, sous la direction de Yves de Saint Agnès, Juillard, 1980, p. 503.

(21)Heck Peter et Suzanne, Les Joies de l’open mariage, Sélect, Montréal, 1976, p. 61.

(22) Georges Marbeck, Propos recueillis par Maïthé Lefèvre, «L’Orgie est-elle toujours dans l’air du temps ?», in Imaginaires sexuels, Quel Corps ?, n° 50-51-52, Avril 1995, p. 161.

(23) Schérer René, Emile perverti ou des rapports entre l’éducation et la sexualité, Laffont, 1974, p. 81.

(24) Rossolin Jacques et Roy Marc, «Vive l’amour de groupe», Sexpol, n° 13 mars 1977, p. 20.

(25) Marcuse Herbert, Eros et Civilisation, Minuit, 1955.

(26) «L’amour à mille», in Catalogue des Ressources, Vol. 3, 1978, p. 654.

(27) L’auteur donne plusieurs exemples de ces communautées qui tentent de vivre une utopie sexuelle : Talese Guy, La Femme du voisin, Paris, Juliard, 1980, p. 286 et p. 449.

(28) Apostolidis Thémis, «Pratiques sexuelles versus pratiques “amoureuses”. Fragments sur la division socio-culturelle du comportement sexuel», Sociétés, n° 39, 1993, p. 43.

(29) Voir bien sûr sur ce thème Reich Wilhem, Ecoute petit homme, Payot, 1990 ; Le Meurtre du Christ, Champs Libre, 1971.

(30) Badeaux Serge, Comment réussir un ménage à trois. Un guide sexuel, inédit, Québec, Les Presses libres, 1883, p. 112.

(31) Alberoni Francesco, L’Erotisme, Ramsay, 1987, p. 120-121.

(32) Maffesoli Michel , L’Ombre de Dionysos, Méridiens, 1985, p. 49.

(33) Maffesoli Michel , «La Prostitution comme forme de socialité», in Le Sexuel, Cahiers Internationaux de Sociologie, Vol. LXXVI, 1984, p. 124.

(34) A la rubrique “Amour libre”, Lo Duca confond également, Muria, prostitution et orgie. Dictionnaire de sexologie, Pauvert, 1962, p. 15.

(35) Lacroix Bernard, L’Utopie communautaire, PUF, 1981.

(36) Dufresne Francine , «Le Mariage collectif. Une idée qui fait son chemin», in Plexus, n° 36, Juin 1970, p. 94.

(37) Sitbon Guy , «Mariage à 15», in Le Nouvel Observateur, n°25, Sept. 1969.

(38) Millett Kate , La Politique du mâle, Paris, Stock, 1971, p. 49.

(39) Kollontaï Alexandra, Marxisme et révolution sexuelle, Maspéro, 1977, p. 54.

(40) Palmier Jean-Michel , «Reich Ressuscité», in Plexus, n° 34, Avril 70, p. 62.

(41) Fabre Jean Baptiste , Relations homme-femme et enfant-adulte dans les utopies amoureuses, Thèse de doctorat, Université de Montréal, 1983, p. 439.

(42) Bolle de Bal Marcel, La Tentation communautaire, Ed. de l’Université de Bruxelles, 1985, p. 100.

(43) Mauger Gérard, Fossé Claude, La Vie buissonnière, Coll. Malgré tout, Maspéro, 1977.

(44) Alberoni Francesco, L’Erotisme, Ramsay, 1987, p 129.

(45) Badeaux Serge, Comment réussir un ménage à trois, Québec, Les Presses libres, 1983, p. 25.

(46)Bartell Gilbert D., La Sexualité de groupe, Paris, NOE, 1972, p. 138.

(47)Larry L. Constantine, «Les Relations multilatérales révisées : le mariage de groupe dans une perspective élargie», in Styles de vie intime, sous la dir. de Bernard I. Murstein, Pierre Mardaga, Bruxelles, 1981, p. 168.

(48) Dufresne Francine, «Le Mariage collectif. Une idée qui fait son chemin», in Plexus, n° 36, Juin 1970, p. 91.

(49) Heck Peter et Suzanne, Les Joies de l’open mariage, Montréal, Sélect, 1976, p. 107.

(50) Par exemple, l’article, de Max Mamoud et Georges Olivier Tzanos, clame que le trio n’est pas uniquement sexuel mais l’illustre avec des photos de femmes nues et lascives ! Le fantasme fait recette. «Le Couple c’est fini ! L’Amour à trois», in L’Echo des savannes, Juin 1995, n° 139, p. 26-31.

(51) A ce titre l’émission “Bas les Masques” consacrée à La Vie à Trois, fait figure d’exception en ayant abordé le problème sous l’angle de l’affectif. Ainsi le témoignage de Maeva, Tania et Jean Michel : «Ce n’est pas le cul qui nous rapproche mais l’amour !».

(52) Pagès Max, Le Travail amoureux, éloge de l’incertitude, Dunod, 1977.

(53) Wendy et Burt, «Notre mariage ouvert», in Styles de vie intime, sous la dir. de Bernard I. Murstein, Pierre Mardaga, Bruxelles, 1981, p. 74.

(54) Roger H. Hubin, «Une Relation triadique», p. 182 ; Jacquelyn J. Knapp et Robert N. Whitehurst, «Le Mariage et les relations sexuellement ouverts. Données et perspectives», in Styles de vie intime, sous la dir. de Bernard I. Murstein, Pierre Mardaga, Bruxelles, 1981, p. 59.

(55) David Patricia, Le Nouveau mariage open, Montréal, Quebecor, 1983, p. 162

(56) Blanchot Maurice, La Communauté inavouable, Minuit, 1983.

(57) Heck Peter et Suzanne, Les Joies de l’open mariage, Montréal, Sélect, 1976, p. 113.

(58) Coll, Breaking the barriers to desire. New approaches to multiple relationships, Kevin Lano et Claire Parry, 1995.

(59) Duvignaud Jean, Le Ça perché, Stock, p. 262.

(60) Fox Robin , cité par Helen E. Fisher, La Stratégie du sexe, Calmann-Lévy, 1983, p. 244.

(61) Métral Marie-Odile, Le Mariage : Les hésitations de l’Occident, Aubier, 1977, p. 269-270.

Ecrit par libertad, à 22:07 dans la rubrique "Le privé est politique".

Commentaires :

  Anonyme
29-12-05
à 18:29

Le nouvel ordre sexuel

Depuis quelques l’espace social légitime toutes les perversions et les comportements de masse. L’ordre social aménage son propre chaos pour mieux étouffer la moindre velléité de réflexion individuelle. Il n’est pas question de liberté ou de tolérance dans ce compromis et encore moins d’émancipation. Pas question non plus de laisser l’être humain face à ses responsabilités et surtout face à ses limites. L’ordre ne fait que déléguer son emprise à des regroupements sociaux. Les communautés sexuelles quelque soient leurs déguisements sont l’expression d’une seule et unique peur : celle de devoir affronter sa propre limite. Les terrains orgiaques par delà le baratin qui les enrobent sont bel et bien aliénants. L’enjeu est de consommer ou d’écraser l’autre, qu’il soit partenaire objet où témoin de l’absence de limite de celui qui « peut ». Une telle attitude conduit non seulement à l’épuisement du réel, mais aussi à un état de dépendance permanent à la jouissance. Or la jouissance est toujours morbide contrairement au désir qui de part sa non-captation, est toujours un mouvement de vie. Légitimé les boites à partouzes ou les communautés de gauchistes revient fondamentalement au même. L’un serait le fruit du consumérisme libéral et l’autre un alibi pour clamer sa haine de l’individu et de la morale. Charles Melman ainsi que d’autres lacaniens tirent la sonnette d’alarme depuis quelque temps, tant le nombre de dépressions directement rattachées à ce phénomène est en expansion. Il ne s’agit pas de soupirer sur la mort de l’ancien monde, mais de réagir sur la façon irresponsable dont le nouvel ordre sexuel banalise la perversion et rejette en bloc ce qui était valeurs structurantes dans le passé. La liberté n’est pas l’abolition des limites, c’est au contraire le choix de porter ses propres entraves. Et pour reprendre les mots de Gregor Markowitz : « Le chaos est l’ennemi de l’ordre, mais l’ennemi de l’ordre est aussi l’ennemi du chaos ». Pierre-Yves Marteau Saladin
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  libertad
29-12-05
à 22:32

Re: Le nouvel ordre sexuel

"Perversions" : qui définit ce qu'est une perversion ? La religion nous dit que tout ce qui n'est pas procréation est une perversion. Il n'y a pas si longtemps l'homosexualité était une perversion. En dehors de la position du missionnaire, tout est-il perversion ? La sodomie est-elle une perversion ? Pourquoi craindre le chaos ? Serait-il préférable d'avoir un ordre sexuel ? Décrété par l'état ? Pourquoi ne pas laisser la liberté aux orgiaques de faire ce qu'ils veulent puisqu'ils ne contraignent personne ?
Pourquoi faudrait-il uniquement désirer et jamais jouir ? Désirer le système marchand utlise bien celà : nous n'arrêtons pas de désirer mais quand jouissons-nous ? Nous jouirons sans doute lorsque nous serons au paradis.
Croire que la jouissance tue le désir, c'est avoir une conception marchande de l'amour, car c'est ainsi que le système marchand fonctionne : nous désirons des objets et lorsque nous les avons ils ne nous intéressent plus et nous en désirons d'autres. D'autres alternatives existent !
En quoi la jouissance serait morbide ? Elle est une capacité souvent inexploitée de chacun, jouir c'est vivre l'une de ses dimensions et récupérer ses propres potentialités.
Il ne faut pas confondre jouissance et orgasme !
Les lacaniens ne sont pas une référence, ils devraient mieux tirer la sonnette d'alarme contre eux-même ( voir le chapitre qui leur est consacré dans le livre noir de la psychanalyse ) : il y a bien d'autres raisons à la déprime que la perte de "valeurs" sexuelles définies par on ne sait qui.
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  pierre yves marteau saladin
30-12-05
à 19:49

Le nouvel ordre sexuel 3

Je répond mots pour mots à votre message.

Vous trouvez d’excellentes définitions des différents modes de perversions sur tout un tas de site spécialisés dans la psychanalyse. Cela dit on peut dire que la perversion se divise en deux types, celle à laquelle je fais allusion consiste à rabaisser « l’autre » au rang d’objet. Vous devriez vous émanciper de votre combat contre la religion. Je n’ai pas évoqué la morale religieuse dans ma prose. Vos question sont sans fondement : l’homosexualité, la position du hussard ou la sodomie n’ont rien à voir avec la perversion, je n’en ai pas fait mention.
Je ne crains pas le chaos je le souhaite. Ou plutôt souhaite un équilibre entre ordre et chaos. Je parle d’ordre sexuel dans la mesure ou la société actuelle banalise tous les comportements sexuelles sans mettre de garde fous : La psychanalyse freudienne est éloquente à ce sujet.

Les orgiaques ont souvent des moyens très subtils de contraindre. Renseignez vous sur les sectes par exemple, ou les comportements orgiaques sont fréquents. Les communautés de gauchistes des années soixante dix, la famille Manson et même quelques satanistes d’extrême droite fonctionnaient sur l’abolition des interdits et la négation de l’individu.

L’envie, la jouissance et l’accumulation sont les trois principes fondamentaux du capitalisme. Vous confondez désir et envie.

La société actuelle valorise le passage à l’acte (la jouissance) et dénigre le fantasmatique (le désir) : Il est évident que le passage à l’acte n’est pas forcément enrichissant. Vous parlez du paradis ? Seriez vous croyant ? Curieux !

(Je suis membre de « Atheist parc » un mouvement qui défend le droit à l’athéisme aux Etats-Unis.)

Cela dit, je suis d’accord avec vous dans le fond. Ne le prenez pas mal, vous employez des termes à mauvais escient : vous confondez encore une fois désir et envie. Lisez « l’homme sans gravité » de Charles Melman, c’est facile à lire et cela vous donnera une vision plus précise des enjeux. Quitte à ne pas être d’accord avec moi.

La jouissance est morbide parce qu’elle fonctionne sur la possession. Quand vous avez un orgasme, que vous avez possédé votre orgasme votre désir est éteint. Le désir se produit envers des « objets » qui s’échappent à vous. La faim par exemple se renouvelle d’elle-même, la faim relève du désir. S’empiffrer par gourmandise relève de la jouissance. Une jouissante relativement innocente je vous l’accorde. Cela dit, l’exemple américain avec sa population obèse illustre assez bien la dérive que peut engendrer la jouissance quand elle est débridée. Dites vous que ce qui est valable pour la nourriture l’est aussi pour le sexe et les conséquences psychologique qui en découle. Cela dit, c’est vrai, la jouissance peut être une forme de libération nous sommes bien d’accord. Mais quand une tiers personne ne devient plus qu’un objet de jouissance, comme l’implique l’échangisme, et quand au nom de la liberté nous consentons à le banaliser, nous tapissons le terrain du capitalisme. Le capitalisme, je vous le rappelle consomme les gens comme les chantres de la partouze consomme leurs trous. Sans aucune considération.

C’est vous qui confondez jouissance et orgasme. Vous devriez vous interroger sur les auteurs du « livre noir de la psychanalyse ». Juste une petite piste, il y a peu de temps certaines organisations sectaires comme la scientologie, ont essayé de récupérer les titres de « psychanalyste » et « psychothérapeute » pour justifier de leurs activités. C’est grâce aux Lacaniens, notamment, qu’un amendement dans ce sens a été rejeté.

Enfin si vous n’aviez pas de valeurs comme vous dites, vous ne seriez pas anarchistes. Si vous n’aviez pas de valeurs sexuelles et même pire, si vous n’aviez pas de morale vous auriez déjà baisé la première fille qui passe.

Conclusion, la morale est necessaire.

Tchao.
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  10
23-02-06
à 03:33

blog123@yahoo.com

Very useful blog. Thank you.
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
23-07-06
à 15:47

Re: Le nouvel ordre sexuel

Sommes nous responsable d'avoir été asséné de "Notre liberté s'arrête la où commence celle des autres" ??

Sommes nous coupable de nous adapter aux comportements de ceux qui nous ressemblent ? De ceux pour qui ce que vous considérez comme "chaos" ne rime qu'avec volupté, douceur et charme ?

Pensez vous que je (h) puisse vouloir "écraser" la mère de mes enfants ? La "consommer" ? La rendre victime de ma sois-disant absence de limites sexuelles ?

Pensez vous qu'elle ait pu me choisir plutôt qu'un autre pour partager sa vie, devant Dieu ?

Sachant déjà que notre joie et notre plaisir existait, bien avant notre rencontre, dans une sexualité que vous ne semblez pas concevoir. Certainement plus par frustration et par jalousie. En trouvant les arguments de votre déception. Plutôt que par véritable conviction.

Pensez vous qu'insérés dans un millieu professionnel très impliqué au service des autres nous puissions haïr ceux pour qui nous nous levons chaque matin ?

Pensez vous que mariés à l'église, parents attentifs, membres de familles travailleuses revendiquant un exemple social et famillial nous puissions haïr les "valeurs morales" ainsi que vous semblez les entendre ? 

Nos limites sont précises, établies, omniprésentes dans nos esprits lors des rencontres et de l'expression de nos désirs.

Elles s'attachent à toujours respecter celles de celui ou de celle qui ne souhaite pas aller plus loin dans le jeu choisi d'une sexualité acceptée par les deux membres de notre couple et de ceux que nous rencontrons (cela nous ne pouvons que l'espérer).

Dans les limites de la prudence sanitaire, dans les limites des envies et de la conception de chacun.

Ceux qui imaginent que nous puissions être à la recherche de nos limites ou cherchions toujours à les repousser nous font sourire par leur candeur.

Nous savons ce que nous voulons, ce que nous ne voulons pas.

Ni l'homme, ni la femme de notre couple ne cherche à imposer subtilement à l'autre l'imaginaire de ses fantasmes par l'intermédiaire d'une sexualité collective.

Cette sexualité structurante, enrichissante et respectueuse nous permet de tisser des liens amicaux avec des personnes que nous choisissons selon leurs critères de comportement et de désirs. En respectant toujours leurs origines sociales, raciales ou culturelles. Mais en les faisant correspondre aux notres par un choix soigneux et attentif portant sur les désirs des autres en fonction des pratiques souhaitées ou évitées.

Cette sexualité est la notre, et aurait eu le même contenu en 1980, 1960, en 1930 ou dans l'antiquité. Cela nous en sommes persuadés, tant nous n'avons jamais eu l'impression de suivre une quelquonque mode ou subir le diktat d'une quelquonque pulsion.

Ce comportement sexuel occasionnel ne nous empêche en rien, par ailleurs, d'avoir une vie sociale, culturelle et relationnelle riche. Probablement bien plus que vous ne l'imaginez.

Nos valeurs sont dictées par nos limites, elles nous structurent et nous épanouissent. Si nous choisissons de vous exposer notre expérience c'est parcequ'elle correspond au mode de fonctionnement de la plupart des couples que nous rencontrons pour partager cette sexualité occasionnelle.

Bien sur, nous sommes conscient que la majorité des "libertins" sont des hommes seuls qui trouvent dans leurs pratiques, très éloignées des notres, le moyen de satisfaires leurs envies à moindre frais et en y passant le plus de temps possible.

Que l'autre partie sont pour la plupart des couples dirigés par un homme qui ne voit dans cette pratique que la satisfaction de son ego. En favorisant la recherche de filles seules (quelque fois de couples) pour légitimer auprès de sa compagne habituelle l'assouvissement de ses pulsions et de ses désirs d'adultère.

Mais, ainsi qu'en toutes choses, il est erroné de grouper tous les individus d'une même communauté. Tant, vous le savez, on trouve de tout partout. Et plus encore en matière de sexualité où il est aberrant de parler de règles.

Sinon : où les trouvons nous ces règles ? Qui détient les bonnes ?

 

Pour comprendre qu'être jaloux charnellement est une idiotie, il faut avoir été un libertin.

[Cesare Pavese]
Extrait de Le métier de vivre
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  Anonyme
13-08-06
à 15:05

completement hors sujet!!!!!!

avant de
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  vero et chris
13-08-06
à 15:12

aneries quand tu nous tiens.....

avant de dire autant d aneries sur l'echangisme, il serait bon de le vivre de l interieur

orgies (tiens voila que les echangistes mangent automatiquement en meme temps)

pute et libertine..........nuance enorme

une pute ne choisit pas et se fait payer, une libertine choisit......et c est gratis

artifices???? monsieur a l air de connaitre son sujet pour une fois........

et j en passe

ce qui me desolé c est qu encore une fois le sujet est traité par quelqu un qui n a aucune idee de la realité de l echangisme

et on fait des seminaires sur ca????

laissez donc les echangistes faire ce qu ils veulent et ne venaient point les juger, justement si on est libertins c est pour le coté LIBERTE sans JUGEMENT DE QUICONQUE.....besoin d une explication de texte pour ca????

cordialement de la part de vrais libertins

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