En revenant de Vincennes...
Lu sur
le laboratoire : "Ce jeudi-là, au matin, la radio relatait d’un ton léger que les membres du Saint Gouvernement allaient gaiement recevoir les récompenses pour la besogne accomplie, des mains du Grand Manitou. L’un de ces sinistres personnages, B**** H********, se trouvait passible d’une « mauvaise note » (si si le président note ses élèves - ministres, c’est-y pas mignon ça??) pour n’avoir pas bien fait son devoir. Malgré le zèle des flics en cette fin d’année, les chiffres n’étaient pas suffisants, « le compte n’y était pas ». Pourtant, au micro de la journaliste, le triste sire, revenant d’un « petit déjeuner ministériel » où il s’était assurément pété le bide, se contentait d’une petite boutade et d’un rire de circonstance.
Qu’à cela ne tienne ! Les 25 000 « indésirables » n’ayant pas pu être expulsés cette année, le Pouvoir entend « travailler plus pour expulser plus » l’an prochain, en fixant la barre à 28 000 déportations en 2008. Les bonnes résolutions n’attendent pas chez les hautes sphères de l’Etat.
Une marche vers le centre de rétention de Vincennes était organisée l’après-midi du même jour. Quelques 200 personnes étaient présentes, motivées mais pacifistes pour la plupart.
Après une heure de marche, nous arrivons, en plein milieu des bois, devant cet endroit innommable. Une forte présence des gardes mobiles nous avait précédée.
Pour qui ne s’est jamais retrouvé en face d’un bâtiment pareil, il faut se représenter la chose : un fort énorme avec des murs hauts de dix mètres, sombres et recouverts de barbelés, dominés par des miradors et des projecteurs aveuglants. Depuis notre emplacement, nous pouvons apercevoir les immenses baraquements à l’intérieur de l’enceinte. Là se trouvent enfermés des centaines de personnes, attendant dans l’angoisse qu’on les saisisse et qu’on les déporte vers ce que les autorités appellent « leur pays ».
Nous réussissons à gueuler assez fort pour nous faire entendre des prisonniers, et ceux-ci répondent aux cris de « Liberté ! Liberté ! » et « Murs par murs, pierre par pierre, nous détruirons toutes les prisons ! ».
Un élu inopportun tente de prendre la parole, pour noyer le sujet en évoquant un « soutient à l’amélioration des conditions de détention dans les centres… ». Fort heureusement, nous parvenons à faire taire ce cuistre modérateur et récupérateur professionnel, qui ensuite ne tarda pas à s’éclipser.
Un dialogue par téléphones interposés se met en place avec les détenus, ces derniers décrivant leur calvaire et les violences policières subies par eux à l’intérieur du camp, ainsi que leur récente révolte. Les témoignages furent poignants, très durs parfois, tant ce que ces personnes subissent est difficile à imaginer, pour nous qui sommes en « situation régulière ».
Devant nous, deux rangées de militaires, certains s’échangeant des blagues dont nous ne souhaitons connaître le contenu…Dans leur regard à tous, la même expression vide, l’absence de réaction à nos invectives, symboles de la violence étatique, sourde et muette.
Et toujours le même constat : nous ne sommes pas assez nombreux, désarmés, impuissants devant cette infâme prison, pas assez enragés peut-être.
Pourtant, au fond, nous savons tous qu’aucun gouvernement ne réglera ce versant de la question sociale, étant donné que la « gauche socialiste » aussi a participé largement à la construction de ces camps inhumains, ainsi qu’aux lois anti-immigrés qui en sont la cause.
Alors ?
Alors il faudra bien un jour que toutes celles et tous ceux qui, révolté(e)s par ce drame quotidiennement renouvelé, tirent la conclusion suivante : ces monstruosités carcérales qui détruisent des vies humaines doivent disparaître, et personne ne le fera à notre place.
Non Fides
(Groupe Anarchiste Autonome)
contact: non-fides(at)hotmail.fr
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