« NON! » Adverbe du latin non qui indique la négation en réponse à une question, une question référendaire, par exemple. Non, c'est aussi un mot, invariable, utilisé pour exprimer un refus ou un désaccord.
Un non-croyant sera alors celui qui n'appartient à aucune confession religieuse et qui se fait du mouron en cette période de non-événement laïque, lui qui croyait nonchalamment être débarrassé du fait religieux. S'il existait pour lui des no mans land où la non intervention divine était force de loi, disons-le sans ambages, les médias y ont mis un terme.
Il y a aussi le non-inscrit. Celui-là pourra être alors cet anarchiste non-aligné qui aurait voulu dire non, s'il n'avait pas oublié de faire ajouter son nom aux listes électorales. Cruelle vexation pour lui qui se voyait déjà passer le rideau avant l'urne, dernier Rubicon des libertaires dogmatiques. Sans rejoindre ces derniers, qui ont pu appeler à l'abstention lors du référendum sur l'IVG au Portugal, il faut bien admettre que nous imaginons mal une France disant non avec deux partis prooui, les seuls pouvant prétendre à la gouvernance. II faudrait un beau mouvement social pour équilibrer cette nouvelle donne démocratique. Et quitte à rêver de l'âge d'or, nous choisissons nos propres chemins, au-delà du sillon trotskiste qui, fort d'un non obtenu par les urnes, se voit déjà le fer de lance du mouvement social qui suivra. Point d'astrologie pour nous, ce vote ne sera pas le préambule d'une mobilisation pouvant être à même de remettre en cause la finalisation d'une Europe libérale. Au mieux, nous obtiendrons la promotion de Fabius en calife. Et cet homme-là aura vite fait de taire dans le jeu démocratique les aspirations révolutionnaires du non. Nous finirons avec le non-respect, utilisé pour évoquer le fait de ne pas respecter une obligation légale, d'après mon dictionnaire. On ne peut donc pas parler cette semaine passée de non-respect des CRS envers nos lycéens. Les brutes de la République ont su utiliser au mieux leur dispositif répressif sans oublier les coups de pied collatéraux. Mais, si nous condamnons toute répression, nous nous refusons d'infantiliser quiconque sous prétexte de majorité. Le problème n'est pas l'âge des matraqués, mais une fois encore une démocratie qui n'a comme seule solution pour sortir d'un conflit social que de lâcher ses chiens.
Sommaire :
Les chemins mènent â Bruxelles et aussi... à Rome, par Hertje, page 3
On est condamnés â bouffer du curé, par jipé, page 5
Le Dindon réfléchit beaucoup au référendum européen, page 6
L'autruche, elle, donne du bec, par Frédo Ladrisse, page 7
Tchernobyl ? Pouvoir d'État et pouvoir nucléaire mentent, par D. du Gard, page 8
L'anticolonialisme post-moderne par P. Sommermeyer, page 9
Antonio Tellez Solo est mort, par Rolf Dupuy, page 11
Femmes libres et libertaires, page 13
Exilés espagnols en collectivité, par M. Genofonte, page 14
Affichons notre athéisme, par Antoine Jarrige, page 15
Dieu ! le retour, le retour..., par Pablo Servigne, page 17
L'Europe chrétienne ? par Raoul Boulard, page 19
Radio libertaire, page 22
Agenda, page 23
Le Monde libertaire #1394 du 14 au 20 avril 2005