L'actualité n'est jamais pingre en motifs de révolte, et les petites nouvelles attrapées au hasard de la bande FM valent parfois leur comptant de gnons. Témoin celle-ci: la politique agricole commune ne fait pas que des malheureux en Europe, ainsi la reine d'Angleterre, fin de race étriquée, qui est déjà une des plus importantes fortunes de la planète, s'est vu octroyer, au titre de la PAC donc, une somme de huit cent mille euros pour l'année 2003 eu égard à l'importance de son patrimoine agricole. Pour çette mégère plutôt europhobe, il y a de quoi procéder à une révision déchirante de ses positions souverainistes. Il y a vraiment des coups de pied au cul qui se perdent.
Plus réjouissante fut l'annonce du succès de la « révolution » au Kirghizstan. Quand bien même celle-ci est bien loin de ressembler à celle que nous appelons de nos voeux, le spectacle de ces révoltés piétinant les portraits d'un dictateur en fuite et s'installant avec leurs bottes pleines de boue sur son trône, l'image de ces flics rejoignant le camp de la rue reste le plus jubilatoire qui soit. La part de manipulation dans le succès de cette insurrection est vraisemblablement importante, mais il reste que ces images furent bien printanières. Aucune illusion à se faire quant au nouveau pouvoir qui se mettra en place. Le prochain satrape va très vite, à n'en pas douter, s'attacher à profiter de sa position géostratégique pour faire monter les enchères. Cette poudrière qu'est l'Asie centrale regarde à la fois vers la Chine et vers la Russie, ça fait froid dans le dos, mais pas trop pour l'instant. Mais c'est pas le tout, c'est qu'on a le référendum à s'occuper chez nous.
Se prononcer pour un tette que personne n'a lu et auquel l'homme de la rue ne comprendra pas grand-chose, c'est plutôt voulu. Cela montre encore une fois que les concepteurs de ce projet vivent dans une autre dimension, ne savent plus si le politique doit diriger l'économie ou l'économie le politique pour nous faire accepter leur fringale de libéralisme et, c'est bien connu, le libéralisme c'est pas notre liberté, c'est celle du renard dans le poulailler. La capacité de nuisance de cette Europe-là est intacte.
Cette inflation de technocratie, de règlements, d'articles, d'annexes, de lois communes, de tribunaux administratifs, n'est là aussi que pour justifier une seule chose: l'existence même de ces formidables techno-structures entièrement dévouées à une croissance positive dont leurs coteries seront les seules bénéficiaires. Pour parler simple, ce teste est bien l'émanation de la lutte des classes: la leur.
On se passe depuis des millénaires d'une Constitution européenne, on peut continuer. C'est pas nous que ça empêchera de préparer des lendemains qui chantent. Eh oui, comme ils disent à longueur de temps, le rejet de ce texte sera une catastrophe. Mais pour qui?
Sommaire :
Des menottes aux menottes des bébés ? par Patrick Schindler, page 3
Classesenlutte signale trois cas d'urgence, page 4
« Culture de vie », « culture de mort », par Fred, page 5
Dénucléariser le monde, par des anars de l'Ouest et J.-Souvenance, page 6
L'autruche garde la tête haute, par Frédo Larisse, page 7
Le nucléaire, ça prolifère, par Daniel, page 8
Des espaces libres pas loin du Rhin, par Olynx, page 9
Les Italiens contre la guerre, par la FAI, page 12
Lilith était là avant Ève, page 14
Soluble dans quoi le féminin ?, par Caroline et les femmes, page 16
Le chef de la femme, c'est l'homme, c'est Berthier qui l'écrit, page 18
Louise Michel toujours, par Jimma, page 20
Radio libertaire, page 22
Agenda, page 23
Le Monde libertaire #1392 du 31 mars au 6 avril 2005
