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Jamais je n’avais entendu plaider Me Phlégor avec une telle fougue et une pareille éloquence. Ce n’était plus un avocat, c’était un artiste du verbe. Il y avait là cent lumières du barreau au moins dont les neuf dixièmes et peut être davantage, étaient hostiles aux opinions politique que leur confrère était connu pour professer ; parmi eux, pas un qui ne fût disposé à reconnaître et à proclamer que Me Phlégor s’était surpassé. On respirait dans la salle des assisses l’atmosphère des jours d’acquittement, comme une onde de mansuétude et de pardon qui baignait auditoire, jurés, magistrats. De l’air d’un capitaine qui bat en retraite, tout en reconnaissant la supériorité de son adversaire, l’avocat général referma quiètement son dossier ; et c’est sur un ton de voix machinal, que le président, tout en jouant avec un coupe-papier d’ivoire, laissa tomber les paroles coutumières : – Accusé, avez-vous à ajouter quelque chose pour votre défense ?
Fridovitch se leva et sans qu’on put expliquer ni comment ni pourquoi, l’ambiance de la salle fut transformée en un clin d’œil. On aurait dit que l’air venait d’être renouvelé tout à coup et entièrement, bien plus, que chacun des assistants venait de se réveiller d’un long sommeil. Fridovitch ne payait cependant pas de mine. Physionomie ordinaire ; ni trop grand ni trop petit. Pendant tout le procès, il n’avait joué qu’un rôle trop insignifiant pour être véridique. A force de l’entendre répondre par monosyllabes – pas toujours distinctes – aux questions du président ; de ne lui voir contester aucun des détails de l’acte d’accusation, la plus grande partie du public – mouchards et badauds – s’était demandé pourquoi un accusé aussi terne avait pu remplir tant de place dans les colonnes des journaux d’information. Il n’avait commencé à vivre qu’au moment où Me Phlégor avait pris la parole ; à l’homme effacé, brumeux, insignifiant, tassé sur le banc des accusés, l’avocat prestigieux avait donné de la consistance, du relief, de la couleur. Et voici que cette marionnette osait parler à la suite du maître vibrant et enflammé. Cette violation de la routine des audiences de Cour d’assises stupéfiait jusqu’au public occasionnel.
Fridovitch se leva donc, se tourna vers le jury, ouvrit la bouche.
« Je n’avais qu’à me taire et mon acquittement était certain. Cela, je le sais. Et je vous avouerai que depuis l’ouverture des débats, je me suis demandé plus de mille fois, si je ne ferais pas mieux de garder le silence. Vous n’êtres point des citoyens de « mon »monde – il n’existe probablement entre le cerveau d’aucun d’entre vous et le mien propre aucun point de contact idéologique – enfin ; vous m’avez été imposés. Je ne me sens devoir de comptes qu’à ceux que je choisis. Je ne vois pas raisonnablement pourquoi je vous expliquerais les motifs de mon acte, que je ne vous reconnais aucun « droit » de juger. Ce droit que vous vous arrogez justifie que j’use de ruse à votre égard. Si donc, je me prépare à infirmer les démonstrations que mon défenseur a échafaudées avec tant de génie, c’est d’abord parce que cela me fait plaisir – ensuite parce que je désire que mon geste serve de leçon.
« Me Phlégor a développé les raisons qui selon lui m’ont incité, au sortir de leur réunion hebdomadaire, m à jeter une bombe sur les cinq membres composant le Comité central de la Confédération anarcho-ouvriériste. Il vous a expliqué qu’ayant consacré – et sans aucun esprit de lucre- une existence tout entière à la propagande des idées qui me tenaient à cœur – aigri par les années de prison que m’avaient infligé les représentants de la société bourgeoise – un moment était venu où je n’avais pu résister plus longtemps à la rancœur que soulevaient en moi les calomnies et les mensonges que débitaient ou laissaient déverser sur mon compte les membres de ce Comité. Ç’a été le leitmotiv de sa plaidoirie. Durant deux heures il vous l’a expliqué de façon magistrale, vraiment. Grâce à son érudition et à sa faculté extraordinaire de vulgarisation, mon défenseur vous a fait parcourir une à une les stations de déchirement intérieur que peut gravir un être humain, atteint, blessé et froissé en ses sentiments les plus chers et les plus intimes. Il vous a montré comment la rancune peut s’accumuler, grossir, jusqu’à ce qu’elle donne naissance à un mouvement d’inimitié, de haine, de vengeance irrésistible qui finit par obnubiler tout frein, toute modération, tout raisonnement. Affalé su mon banc, je ne savais ce que je devais admirer le plus : ou la science ou le talent de Me Phlégor. J’en étais émerveillé. Comment ce magicien s’y prend-il donc pour douer cde matérialité des mobiles qui n’existent que par eux-mêmes ?
« Eh bien, non ! Je supplie mon avocat de m’excuser, mais ce n’est pas mû par un mesquin sentiment de vengeance – tout compréhensible et analysable serait-il – que j’ai projeté mon engin sur ces cinq êtres humains. Je l’ai fait parce que j’avais les preuves en mains que dans des circonstances déterminées, chacun d’eux – alors qu’il aurait pu l’éviter – a joué un rôle dans la perte ou la mort d’un de « mes » camarades, j’entends par là de l’un de ceux dont la vie se passe à combattre la mentalité, la tournure d’esprit, la conception de vie et les méthodes de répression bourgeoise. Il m’a fallu cinq années de longues et patientes recherches pour me procurer les preuves voulues. Mais je les possède et personne ne peut nier, dans les cas dont il va être question, la complicité de ceux que l’accusateur public dénomme mes « victimes ».
« Qu’on me permette de commencer par Midaïloff, secrétaire du Comité, facteur à la Compagnie des chemins de fer Proche-Orient, membre du Syndicat des travailleurs de la voie ferrée. Le 24 avril 1978, il lui passait entre les mains une caisse de cartouches de dynamite destinée à la direction générale de la police de sûreté de Maslovie. Midaïloff n’ignorait pas la vague de terrorisme qui décimait le pays. Il laissa néanmoins la caisse suivre sa destination. Le 3 mai suivant, à l’aide des munitions contenues en cette même caisse, 3978-B, une équipe d’agents de police faisait sauter une petite maison située dans un quartier retiré de Maslograde, 24, rue Saint-Stefan. Sous les décombres on a retrouvé, plus tard, la tête fracassée, les frères Damidoff, occupés justement à confectionner des passports de convention, qui devaient permettre à des amis spécialement visés de passer la frontière.
« Continuons par Martinerf, du Syndicat du bâtiment. De juin septembre 1980, il fut occupé dans l’entreprise qui s’était chargée de la construction de la maison centrale d’Ostroville. Il savait qu’elle était destinée à mettre en sûreté illégalistes économiques et illégalistes intellectuels. Martineff travaillé à la construction des cellules de la 2e section, la section située en contrebas du marias. L’humidité est continuelle dans ces cellules, mais elle aurait pu être atténuée par un revêtement adéquat, Martineff s’insouciat de ce revêtement et je ne sais même pas s’il pensa jamais à l’humidité des cellules du quartier où il maçonnait. Le 18 décembre, Nerval, l’agitateur dont vous vous souvenez tous, car vous avez eu souvent à le juger, fut envoyé dans la cellule 213, appartenant à cette 2e section. Les carnets de paie du maître-maçon fournissent la preuve que Martineff y a travaillé. L‘humidité dégouttait littéralement du plafond, le plâtre des parois tombait par morceaux. Les nombreux séjours que Nerval avait faits en prison, minaient sa force de résistance. Le 2 janvier, il prit froid. Soigné comme on l’est en prison, ne parvenant pas à se réchauffer au milieu de l’eau qui suintait de toutes parts, son état s’aggrava, dégénéra en phtisie galopante. Le 14 janvier on jetait sa carcasse amaigrie dans la sépulture commune. J’aperçois des militants dans cette salle. Qui, parmi eux, ne déplore pas la fin prématurée de l’orateur intéressé, talentueux, et irremplaçable qu’était Nerval ?
« Protoëff était boulanger syndiqué en 1972, lors de la grande guerre orientale. Je sais que s’il avait fait des démarches pour travailler de son métier, c’est parce qu’il ne voulait pas porter les armes. Vous vous rappelez que la famine sévissait tout autant dans les régiments rhodopiens que dans les nôtres. Quarante-huit heures encore, c’était la dislocation des troupes, la fraternisation, une paix blanche, sans conquête, sans annexions, sans indemnités – la fin du militarisme peut-être ! Comment une voiture chargée de farine arriva-t-elle jusqu’aux fours de campagne du 29e régiment de marche, où boulangeait Protoëff ? Toujours est-il qu’elle y parvint et que connaissant la situation, Protoëff fit du pain, sans mot dire. Vous savez la suite ; ravitaillé, seul de tout le front , le 29e régiment prit l’offensive ; dès qu’elles s’aperçurent de ce mouvement, les troupes qui lui faisaient vis-à-vis s’enfuirent, mourant de faim, entraînant dans leur débâcle toute l’armée rhodopienne. Vous savez également quelles misères, quelles perturbations notre victoire a produites dans la partie du continent où nous avons le malheur d’exister.
« Drachno, syndiqué des Cuirs et Peaux, travaillait en 1968 aux ateliers de la Compagnie Nil et Danube, section des chaussures d’enfants. Je me suis rendu compte que l’usage dans cette usine est de munir de semelles de carton apprêté les chaussures bon marché. En octobre 1968, une paire de chaussures d’enfants n° 397 IX – elle lui avait passé entre les mains – était achetée, au bazar du Centre, par la camarade Sofia Petrowa, pour son petit garçon. Sofia Petrowa avait trop écrit, trop donné de sa personne pour qu’elle pût jamais s’attendre à trouver un travail régulier et bien rétribué. Pourtant, elle voulait élever son enfant sans avoir recours aux subsides de quiconque. Ai-je besoin de rappeler les pluies qui ravagèrent la capitale pendant l’hiver 1968-1969 ? Un soir, au retour de l’école, dans le trajet qui la sépare d’un taudis de la rue du Nord, où vivaient mère et fils, le petit garçon perdit la semelle de son soulier droit. Les rues étaient muées en mares d’eau glacée, le pauvre petit rentra au logis, grelottant, toussant, et attendis que sa père revint de son travail. Il n’y avait pas de feu dans la misérable pièce. Aussi, à son retour, Sofia Petrowa trouva-t-elle un petit être frissonnant, fiévreux, délirant, elle s’empressa de le coucher, mais il était trop tard. Qui reprochera à Sofia Petrowa de s’être pendue le 17 décembre, le lendemain du jour où on avait porté son petit au cimetière, son petit auquel elle avait consacré tout ce qu’elle était, sentiment et volonté ?
« J’arrive à la dernière de mes victimes – style de l’homme vêtu de rouge qui a réclamé ma tête. Une femme , comme vous le savez : Octavie Betcherewa, du syndicat des employées des Postes et Télégraphes. En 1983, elle était occupée au Central Télégraphique ,à la transmission des dépêches. Nous étions alors préoccupés de faire réussir l’évasion des deux camarades norvégiens Rolf et Smid que votre justice a traînées de juridiction en juridiction, de prison en prison six années durant. Peu nous importait qu’ils fussent innocents ou coupables, ce que nous voulions, c’était les arracher à leur sort, plus affreux qu’une mise à mort brutale et immédiate. Notre projet ne pouvait ne pas réussir et nous en avions fixé l’exécution au 20 mai dans la nuit ; le Comité directeur était averti, certaines circonstances faisaient que le succès de notre plan était subordonné à l’aide qu’i nous apportait. Le 19 mai dans la nuit on remit à Octavie Betcherewa un télégramme émanant du Ministère de la justice et ordonnant, tout recours en grâce étant écarté, que « la justice suive son cours ». Elle le transmit tout de suite, malgré qu’elle sût notre plan. Le 20 mai au matin, ces deux camarades étaient pendus.
« Eh bien, j’ai estimé qu’en se rendant complices soit de l’envoi à une police de sûreté d’une caisse de dynamite – soit de la construction d’une prison – soit de la prolongation d’un état de guerre – soit de tromperies sur la marchandise vendue à bon marché et achetée nécessairement par de pauvres gens – soit de l’expédition e télégrammes ordonnant l’exécution de condamnés – les membre du Comité directeur de la Fédération anarcho-ouvriériste avaient menti à leur raison d’être. Je les ai estimés mille fois plus hypocrites et vils que les exécutifs de la vindicte bourgeoise dont on sait manifestement ce qu’il y a à attendre. C’est pourquoi j’ai frappé.
« Peut-être ne l’aurais-je pas fait si pendant les cinq années qu’ont duré mon enquête, je n’avais pas été dominé par une pensée obsédante, qui me poursuit et me hante comme un cauchemar – c’est que dans la société bourgeoise, tout producteur fortifie fatalement le régime capitaliste, fait inéluctablement le jeu des dirigeants.
« Oui, cette pensée m’a tenaillé et j’ai passé maintes nuits à douter, puis à me convaincre de son exactitude. A moins d’avoir directement en vue la fin de l’autorité, toute production humaine la maintient et la raffermit.
« Dans la cour de la maison où je loge, ruelle des Douze-Apôtres, habitent : au rez-de-chaussée, un souteneur du nom d’Alphonse Romanoff, au sixième un juif, un mendiant d’âge indéfinissable que je ne connais que sous le nom de Mathias. Alphonse Romanoff, est un voyou blême, à la démarche crapuleuse, au regard vide d’expression, qui partage son temps entre un cabaret enfumé, au plafond bas et aux murs crasseux, et les bacs de la Vingt-Troisième Avenue. Dans le cabaret, il ne cesse de jouer aux cartes avec des compagnons à l’œil aussi atone que le sien ; sur les bacs, il reste allongé tout de son long jusqu’à ce qu’un policier apparaisse et le fasse circuler. Jamais je ne lui ai vu un livre, un journal, une brochure entre les mains. Jamais, non plus, je ne l’ai vu travailler manuellement. – Quant à Matthias, il part le matin, une musette en bandoulière, habillé d’une houppelande graisseuse et frangée ; c’est un être sale, à la barbe parcourue de frissons suspects. On le rencontre parfois, aux petites heures du matin, écroulé sur la première marche de l’escalier, ronflant au milieu d’une mare de vomissements. Eh bien, j’ai étudié la vie de ces deux hommes, de ces deux parasites, j’ai entrepris une enquête minutieuse. Jamais ce souteneur ni ce mendiant n’ont été directement ou indirectement cause de la perte, de la mort ou de l’emprisonnement de militants éducateurs ou révolutionnaires ou de qui que ce soit touchant de près à ces derniers. Ils ne produisent pas.
« Ces deux êtres me répugnent. Je suis absolument étranger à la conception qu’ils se font de la vie, si toutefois ils s’en font une conception quelconque. Je ne leur ai jamais adressé la parole. Je ne voudrais pour rien au monde vivre en leur compagnie, à leur contact. Rien que d’y penser, je sens se contracter mon être physique et moral. Et cependant l’évidence est là : il est impossible de leur reprocher aucune action qui de loin ou de près ait nui aux miens.
« L’accusateur public a prononcé tout à l’heure une phrase caractéristique : « La société pardonnait à ces malheureux d’être des anarchistes, parce qu’ils étaient de bon producteurs : c’étaient des honnêtes gens – elle les estimait, parce qu’il répudiaient et combattaient l’odieuse doctrine de l’illégalisme. » – c’est parce que j’estimais que tout en prétendant combattre la société bourgeoise, ils en étaient les complices, ils en épousaient la mentalité, que rebuté et nanti de preuves de leur hypocrisie, moi, j’ai frappé… Ce que vous ferez de moi maintenant m’indiffère… La leçon est donnée. »
Fridovitch se rassit au milieu d’un silence pesant et sinistre. Le jury pénétra dans la salle des délibérations. Je ne sais plus combien de minutes ou d’heures s’écoulèrent sans qu’aucun bruit de voix ébranlât la lourde paix qui épaississait l’atmosphère de l’immense salle.
Tout à coup une sonnerie grêle et rapide retentit, puis tout disparut : auditoire, accusé, juges, gendarmes. Je m’éveillai et me surpris à maugréer contre le réveille-matin trop loin de mon atteinte pour en arrêter le timbre. Il faisait à peine jour et j’avais le corps inondé de sueur.
Commentaires :
marchal |
Plus vaste que soi (?)
Rencontre avec le hasard : Siddhârta (?) Par delà le bien et le mal (?) Zarathoustra (?) Des citations (?) La construction sociale du genre (?) La petite page de l'En dehors il y a quelques années (?) Pourquoi ne pas aller vers la FA (?) Rester toujours en dehors (?) Tolstoï avait commencé par se faire de la morale à lui-même.( E. Armand : Profils de Précurseurs et Figures de Rêve, Chapitre IV ) Plus vaste que soi (?) Les coïncidences sont telles qu’elles côtoient un mystérieux très difficile à élucider, quoique produit par un enchaînement logique de faits exposés. ( E. Armand : Profils de Précurseurs et Figures de Rêves, Chapitre VII ) Plus vaste que soi (?) (" Si j’ai fait quelque découverte que je juge de valeur, je suis sûr, à la réflexion, que mes mentors ne m’en ont soufflé mot. " ( Henry Thoreau ) E. Armand : Profils de Précurseurs et Figures de Rêves, Chapitre VI) Pensées individuelles rejoignant l'universelle (?) Plus vaste que soi (?) Il semble hors de doute que Poë acceptait l’idée de la persistance de la vie de l’être spirituel : Plus vaste que soi (?) Cela peut paraître curieux comme commentaire après la lecture de E. Armand : Profils de Précurseurs et Figures de Rêves, Chapitre dernier Il m'arrive souvent d'avoir certains doutes de la possibilité de pouvoir séparer quelque chose dans l'univers quelle que soit son apparence. Plus vaste que soi… Suis-je vraiment un individu ? Répondre à ce commentaire
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marchal 30-12-04
à 12:17 |
Nous sommes tous concernés par des actes individuels, ce qui rend la possibilité de s'étendre sous l'arbre et de dormir en plein midi, bien difficile. Cependant, je suis loin du surhumain et ne puis accepter les reproches d'autrui, comme il doit bien comprendre que je n'ai aucune rancune pour les reproches que je lui fis. Faire un choix quel qu'il soit, et tant pis si l'on se trompe, le plus grave à mon sens se serait de ne pas choisir. D'avoir le regret de ne pas avoir essayé. Si j'ai déjà eu des remords, je n'ai jamais eu encore de regret.
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à 11:42