Quotidien anarchiste individualiste
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Des opposants au colloque sur la biologie de synthèse
Ce mardi 4 décembre 2012, des opposants à la biologie de synthèse et aux technologies convergentes sont intervenus au colloque “La biologie de synthèse entre sciences et société”, au Conservatoire national des Arts et Métiers de Paris. Colloque ouvert par Geneviève Fioraso, ministre de la Recherche & Développement.
Nous reproduisons leur tract, signé John Kaltenbrunner, ci-dessous et
dans le numéro 18 de “Aujourd’hui le Nanomonde” consacré à la biologie
de synthèse, à lire ici : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=396
Au sommaire de ce numéro 18 :
p.1 – Comment rendre l’épouvante acceptable
p. 2 – Manipulations, mode d’emploi
p. 3-4 – Un doctorant et le directeur du Génopole d’Evry nous écrivent (et nous leur répondons)
p. 5-6 – Tract distribué au colloque du Génopole « La biologie de synthèse entre sciences et société » le 4 décembre 2012
Merci de faire circuler,
Pièces et main d’oeuvre
****
« Avec la biologie de synthèse, vous avez un avantage,
c’est que le grand public pour le moment ne connaît pas. »
D. Raoul, Sénateur, Vice-président de l’Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques
Annexe au Rapport de février 2012, Les enjeux de la biologie de synthèse
« LA BIOLOGIE DE SYNTHÈSE ENTRE SCIENCES ET SOCIÉTÉ »
Préparer l'acceptabilité des « OGM de demain », dès aujourd'hui au CNAM
Aujourd'hui, 4 décembre 2012, se tient au CNAM une conférence organisée
par le Génopole®, centre de recherche en génomique qui vise à «
favoriser l'essort des biotechnologies », et l'Institut Francilien
Recherche Innovation Société (IFRIS), qui réunit plus de 1000 chercheurs
en sciences sociales qui étudient les sciences, les technologies et
leur contestation.
Cette bande de tristes lurons passera la journée à mijoter le prochain
ravage bio-industriel : la biologie de synthèse. Ce mariage transgénique
entre monde biotech et sciences sociales profitera du soutien de
Geneviève Furioso, « Miss(nistre) Dollars »[1] de la recherche. La
pasionaria du nucléaire et des nanotechnologies ajoutera toute son
ardeur personnelle à ces cogitations de synthèse qu’ils nous
régurgiteront d'ici peu. Mais, à 120 euros l'entrée, la recette est
encore bien gardée.
« Biologie de synthèse », de quoi s’agit-il ?
On sait qu'avec les OGM, l'industrie a appris à intervenir sur le
code génétique d'un organisme existant pour le doter d'une
fonctionnalité donnée – rendre un maïs résistant à un pesticide par
exemple. On sait qu'avec les développements conjoints de l'informatique
et des nanotechnologies, elle se dote de moyens toujours plus puissants
pour agencer la matière, construire des objets et traiter des
informations à l'échelle du nanomètre. La suite logique, pour aller
vite, c'est la biologie de synthèse, soit rien de moins que ce que son
nom indique : par croisement de l'ingénierie génétique, des
nanotechnologies et de l'informatique, ingénieurs et techniciens peuvent
maintenant synthétiser ex-nihilo un code génétique entièrement nouveau.
Autrement dit : programmer un ordinateur pour donner vie à des choses
artificielles, des organismes vivants qui n'ont rien à voir avec ce que
crée la nature. Et puisqu'ils le peuvent, ils le font. Oublions la
référence romantique au monstre de Frankenstein. Ceux du XXIe siècle
seront innombrables et minuscules, et sans doute bien plus réels : virus
synthétiques, bactéries-machines, nano-robots à hélice d'ADN[2]. Avec
les promesses d'un « progrès » techno-écolo, les profits seront juteux
et les ravages certains. Arrivent les nouveaux OGM et la privatisation
du vivant, les bactéries génétiquement modifiées relâchées dans la
nature comme pseudo-solution environnementale aux saccages industriels,
et le tout avec des codes ADN nouveaux pour nous assurer que ces
organismes-machines ne se mélangeront pas avec les autres êtres vivants.
« Et si ça se mélange quand même ? », demandez-vous. Oui, ça fait peur.
Mais, comprenez la logique : les dégâts, c'est la ressource du progrès
de demain.
Vous ne connaissez pas encore la biologie de synthèse ? C'est normal, ses promoteurs nous y préparent très en avance.
N'ayez crainte, ils sont quelques dizaines réunis aujourd'hui à
veiller à votre ignorance. Car si ces machines-vivantes n'ont pas encore
envahi nos vies biologiques et politiques, les sociologues de l’IFRIS
préparent déjà leur acceptabilité sociale. Parce qu’ils ont échoué avec
les OGM, cafouillé avec les nanos, il serait terrible pour nos
techno-furieux de reculer à nouveau sur la biologie de synthèse. Et,
c'est bien pourquoi le gratin techno-scientifique se réunit aujourd’hui :
l'anticipation facilite l'acceptation, affaiblit les résistances et
prépare l’invasion de la dernière innovation dont nous n'avons ni
besoin, ni envie. Cette canaille interdisciplinaire étudie les
précédentes oppositions aux technologies, afin de repérer leurs failles
et de les exploiter pour nous faire avaler le poison. Ils nous préparent
une fois de plus des pseudo-débats publics dans le seul but de nous
acclimater à la biologie de synthèse. Ils nous diront évidemment qu'il
n’y a pas de risque-zéro (mais, bien sûr, « sans risque, pas de progrès
») et nous barbouilleront d'éthique. Avec un peu de chance, ils nous
offriront même un atelier de « biologie de garage » : des bactéries
synthétiques ludiques et participatives pour nous faire oublier que
demain, c’est celles de Monsanto qui nous seront imposées.
Vous, là-dedans ! Nous n'avons ni question, ni incertitude. Notre position est déjà figée : nous n'acceptons pas.
John Kaltenbrunner
Paris, 4 décembre 2012
[1] La ministre confiait au Journal des Entreprises en octobre 2009 : « À
un moment, ils m'appelaient Miss dollar, s'amuse-t-elle. C'est vrai. Ça
ne sert à rien de chercher à faire le top du top si on ne le vend pas
». http://www.lejournaldesentreprises.com/editions/38/actualite/rencontre/genevieve-fioraso-la-star-de-la-mise-en-reseau-02-10-2009-78224.php
[2] Je tire cette présentation d'un texte récent de Frédéric Gaillard, à
lire pour qui voudrait en savoir plus : « Innovation scientifreak : La
biologie de synthèse ». http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=395