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L'En Dehors


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De la religion en 2004

Lu sur A-Infos : "En quoi une poignée d'abrutis chrétiens, « fous de Dieu », sont une menace pour la liberté des femmes de disposer de leur corps, comme elles l'entendent ?... Tous les deux mois, elles-ils se retrouvent devant l'hôpital Saint-Jacques à Nantes pour prier l'âme d'enfants non voulus que leur paradis accueille à bras ouverts. Cool ! Pas plus ridicule que les combattants accueillis à la droite de Mahomet, et autres nirvana bouddhiste ou Walhalla scandinave... Ces différentes versions ont la même fonction : échapper à l'angoisse de la mort par la croyance en un au-delà éternel. Ce ne serait que de bien innocentes superstitions si elles ne dépassaient pas le point de vue personnel. Malheureusement elles conditionnent toutes les sociétés humaines en profondeur, par le sens même de la vie qu'elles érigent en dogmes, conditionnant l'existence de chacun-e notamment à travers l'action des clergés respectifs.

Pour les libertaires révolutionnaires, l'idée même d'un dieu omnipotent
et omniscient est un concept inconcevable et une entrave intolérable à la
liberté des individus et des collectifs de vouloir définir soi-même un
mode de vie. Le dieu chrétien particulièrement, est une remarquable
création philosophique et politique qui a créé les conditions propices au
capitalisme moderne, en totale contradiction avec l'éthique chrétienne de
générosité et de pauvreté. Si le christianisme primitif peut sur certains
plans se rapprocher du socialisme moderne, l'église catholique n'est pas
une école de philosophie prêchant une morale pure, car elle aurait
disparu sans aucun doute comme tant d'autres groupements ; l'Église est
une société travaillant à instaurer entre ses membres des relations
juridiques, gouvernant d'après une constitution. Les différents pouvoirs
politiques au cours de l'Histoire s'en sont servis pour asseoir leur
pouvoir sur les populations, depuis l'empire romain jusqu'à aujourd'hui.
Et c'est ici que nous retrouvons nos culs bénis de Saint-Jacques.

Le dernier avatar de cette instrumentation est la proposition
d'amendement présentée par le député Garaud, en décembre 2003 pour
surpénaliser les avortements non désirés, consécutifs à des accidents de
la route. En voulant donner de fait un statut juridique de personne au
f¦tus non né, Garaud brosse les cathos dans le sens du poil. Alors que le
pouvoir politique crée déjà plusieurs difficultés à la contraception
féminine (non remboursement de certaines pilules, diminution des crédits
de fonctionnement aux services hospitaliers assurant les IVG, suppression
de la spécialité de gynécologie), Garraud réinstaurait sournoisement la
supériorité du phénomène vivant ­ d'essence divine ­ sur la volonté
individuelle et le libre choix des femmes d'avoir ou non un enfant.

Cette convergence actuelle du dogme religieux de la surdétermination
divine et des calculs politiciens ne tombe pas des nues. Aujourd'hui le
capitalisme recherche par différents moyens des bénéfices supplémentaires
pour contrer la « baisse tendancielle du taux de profit ». La
globalisation mondiale de la production, par les économies d'échelle ou
de salaire, en est un. Un autre moyen est la disparition rapide de
l'ancien cadre de vie dans les pays industrialisés, concédé aux classes
pauvres au début des Trente glorieuses sous la pression de la lutte des
classes. Pour éviter une repolarisation révolutionnaire des classes
dangereuses, la religion est un enjeu de contrôle de la morale populaire,
toujours actuel pour le pouvoir. Quand le projet de constitution
européenne évoque la religion chrétienne comme un fondement de l'Union
européenne, il s'agit clairement de faire référence à l'ensemble des
croyances arbitraires et intolérantes qui figent les « bonnes m¦urs »
institutionnalisées.
Alors que l'État renforce depuis vingt ans sa législation répressive et
ses moyens coercitifs (surveillance, répression, prisons), la religion
est bel et bien un levier de conditionnement essentiel des esprits,
toujours opératoire aux côtés de l'antique patriarcat et des nouveaux
moyens médiatiques et publicitaires, pour dompter les révoltes et
pacifier les explosions sociales à venir.
Pour nous, dieu est mort, prenons nos vies en mains !

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Ce texte est extrait d'un tract de Noire-Atlantique journal édité à
Nantes par Convergence libertaire.

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Ecrit par libertad, à 21:44 dans la rubrique "Pour comprendre".



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