Lu sur
A voix autre : "A Oaxaca (Mexique), la situation politique s’assombrit dans un contexte national marqué par les enjeux autour des élections présidentielles et la soi-disant victoire de la droite aux élections présidentielles.
A Mexico, les partisan.ne.s de Lopez Obrador (candidat de gauche) continuent à bloquer et occuper la place centrale (zocalo). A Oaxaca, la population a créé une Assemblée Populaire du Peuple d’Oaxaca contre les institutions étatiques. Le gouvernement continue à user de la répression féroce.
Depuis le 1er Mai, les travailleurs de l’éducation ont manifesté pour la satisfaction de leurs revendications. Le 22 Mai, des milliers de professeurs bloquent les rues d’Oaxaca. Le gouvernement envoie la police. La ville sera submergée de gaz lacrymogènes et on comptera au moins 130 blessés parmi la population civile. La police a incendié les campements de protestation et détruit la radio que les manifestant.e.s avaient mis en place pour pouvoir informer les habitants. A partir de là, la solidarité avec les manifestants et le rejet du gouvernement s’est cristallisée dans la création d’une Assemblée Populaire de Peuple d’ Oaxaca (APPO), qui réunit des dizaines de syndicats, d’organisations paysannes, indigènes, étudiantes.
Des manifestations massives et festives
Les manifestations se sont poursuivies avec, le 16 juin, 200 000 personnes et une répression féroce et meurtrière. Deux semaines plus tard, le 28 juin, un demi million de personnes manifestent leur solidarité et exige la démission du gouverneur de l’Etat, Ulises Ruiz. Le 2 juillet se déroulent les élections présidentielles, avec la soi-disant victoire de la droite, mais les élections sont entachées de fraude et la rue va se mobiliser dans les jours suivants.
A Oaxaca, la réaction a attaqué, le 22 juillet, la Radio Universitaire qui servait à transmettre les informations sur les mouvements de grève. De leur côté, les manifestant.e.s appelaient au boycott de la fête traditionnelle, la Guelaguetza, et proposé d’organiser une fête alternative loin des lois du fric.
Depuis tout ce temps des campements sont organisés sur le zocalo (place centrale) qui est barricadé. Des manifestations régulières sont organisées pour la destitution du gouverneur et la disparition des institutions étatiques, pour la libération des prisonnier.e.s.
La réaction continue d’arrêter et d’enfermer de façon arbitraire les responsables syndicaux et d’attaquer les radios des manifestant.e.s. Le 20 août, canal 9 a été attaqué par un commando armé. Le 10 août, une manifestation contre la répression s’est terminée par la mort d’un manifestant. Le 22 août, une autre personne a été tuée par la police et la répression s’intensifie avec des arrestations, des violences, des tortures. Depuis, le quartier est fermé aux touristes, certainement pour éviter les regards indiscrets.
Des campagnes médiatiques sont orchestrées afin de casser le mouvement et la solidarité dont il bénéficie, avec assez peu de succès jusqu’alors, mais nous devons populariser cette lutte.
Dans d’autres pays d’Amérique latine, des mouvements similaires en matière d’éducation se développent, notamment au Chili. A suivre...
[Fred, groupe Proudhon de la Fédération anarchiste (Besançon)]