L'En Dehors

Aujourd’hui, le mouvement étudiant qui demande le retrait sans conditions (sans préavis ! ! ? ?) du CPE, prend quotidiennement de l’ampleur et se voit clairement soutenu par une immense majorité des Français. Or, la part de cette réalité est réduite à peau de chagrin dans vos journaux télévisés. En effet, lors du journal de 20h du vendredi 17 mars 2006, Madame Béatrice Schoenberg nous a surtout proposé (imposé ?) le point de vue des personnalités et des partisans qui remettent en question notre mouvement.

Cependant, ce point de vue partial pourrait être acceptable (après tout, nous ne sommes pas dupes des pressions que le gouvernement soumet à vos lignes éditoriales) si vous ne présentiez pas systématiquement une bande d’imbéciles venant semer la zizanie et le chaos en marge de notre mouvement pacifique, comme représentative de notre lutte sociale.

À ce sujet, nous voudrions simplement remarquer que votre démarche suscite avant tout la peur des téléspectateurs, qui saisissent difficilement, au travers d’une focale (la votre) caricaturale, grossière et insultante, que les débordements de violence sont distincts de notre mouvement. Nous nous interrogeons sur l’utilité de la diffusion dans votre édition de 20h, de l’information concernant le lycéen majeur, condamné par la justice pour les actes de violence qu’il avait commis. Cet individu cherchait surtout la confrontation avec les forces de l’ordre.

Voulait-il le retrait du CPE ?

Nous en doutons. Si nous suivons votre démarche, les jeunes qui se sont opposés aux forces de l’ordre en novembre dernier dans les banlieues, étaient certainement en grande majorité scolarisés. Avez-vous pour autant assimilé ces derniers à des lycéens ou à des étudiants ?

Vous semblez aujourd’hui vouloir faire cet amalgame et ce, au détriment du mouvement étudiant et lycéen. Quoi qu’il en soit, la peur diffusée par le biais du tube cathodique nous rappelle bizarrement les images de violence et leur exploitation malsaine par les médias, à la veille des élections présidentielles de 2002. Ces dernières contribuèrent à développer un sentiment d’insécurité qui apporta de l’eau aux moulins des partis d’extrême droite, avec le triste résultat que nous connaissons tous.

Un autre détail mérite d’être souligné. La durée totale des sujets diffusés concernant le mouvement étudiant contre le CPE avoisine les 10 minutes. Pendant ce laps de temps, seuls quelques instants ont été offerts aux partisans du retrait du CPE. Et, paradoxe journalistique, les « porte-parole » interviewés étaient des personnalités politiques qui n’ont été vues sur le terrain des manifestations que dans le but de servir leur cause et non celle du mouvement appartisan des étudiants de France.

Bref, nous sommes indignés par la manière méprisante et démagogue dont vous présentez le mouvement étudiant et espérons toutefois un regain d’objectivité à l’avenir. A bon entendeur…

La lutte continue.

Le Collectif d’Occupation de l’Université de Bourgogne Contre le CPE
Samedi 18 mars 2006

Source : http://www.stopcpe.net/regions/