Lu sur
OCL : "Depuis le printemps 2003, il n'y a pas eu de grosses mobilisations sociales en France, et le gouvernement en a largement profité pour faire passer sa politique de répression et de contrôle accrus sur les couches sociales les plus défavorisées, en particulier sur les immigré-e-s et les chômeurs-ses. Les lois Perben, malgré l'hostilité de la magistrature et des syndicats d'avocats, viennent par exemple d'entrer en vigueur. D'autres réformes, telles que celles annoncées par Borloo (voir p. 4) avec son « plan de cohésion sociale », visent à remettre au travail à moindre coût les personnes sans emploi, à introduire toujours plus de flexibilité dans les contrats de travail et à réduire toujours davantage les rémunérations… Mais l'attaque gouvernementale s'effectue sur bien d'autres terrains que celui des entreprises, et de façon parfois beaucoup plus insidieuse que les grandes mesures sécuritaires, annoncées par d'importantes campagnes médiatiques. Ainsi les dispositions concernant les immigrants et l'apprentissage du français conduisent-elles à une mainmise étatique sur l'activité d'associations qui fonctionnent le plus souvent sous forme de bénévolat (voir p. 10). Au final, pas un secteur de la société n'échappera sans doute à cette accentuation du sécuritaire et du répressif, avec une criminalisation recherchée pour tout ce qui n'est pas aux normes du pouvoir actuel.
Face à cette offensive de choc, peu de réactions, donc. La contestation a du mal à dépasser certaines limites pour mettre vraiment à mal la politique menée par Raffarin et Sarkozy. On le voit particulièrement dans les luttes telles que celle contre les OGM : les opérations spectaculaires (voir p.18), avec distribution aux militant-e-s de consignes de non-violence et d'un mode d'emploi visant à empêcher tout débordement, ressemblent furieusement aux actions de lobby type Greenpeace — très balisées pour éviter toute initiative individuelle, et visant l'apparition médiatique plutôt que l'efficacité de l'action menée elle-même. Derrière de telles opérations, des organisations comme la LCR voient la possibilité de reconstituer une extrême gauche et y trouvent une raison d'y participer ; on y constate en revanche l'absence du PS (même dans la dernière opération fauchage qui s'est déroulée dans le Poitou, alors que ce parti s'est déclaré anti-OGM dans la région par la bouche de S. Royal).
De telles mobilisations cherchent juste à faire acte de « civisme » avec peu de monde. On voit en effet à quel point le contexte politique et social est différent d'il y a quelques années, où les scandales de la « vache folle » et d'autres types de « malbouffe » inquiétaient fortement les populations. Aujourd'hui, leurs esprits sont plutôt tournés vers les moyens de s'en sortir sur le plan économique, la vie devenant pour elles de plus en plus difficile du fait de la politique gouvernementale. De plus, un marché de produits biologiques s'est organisé depuis, et les consommateur-rice-s qui peuvent payer consomment désormais « bio ». Le discours prédominant chez ces anti-OGM contient quelques termes révélateurs des classes sociales auxquelles ils-elles appartiennent : il s'agit d'un point de vue de consommateur (à l'échelle d'un individu et/ou de sa famille), défendant ses droits de citoyen à nourrir sa personne et les siens convenablement, selon une certaine éthique… et la recette à la mode dans ces milieux est celle du « commerce équitable » ; finalement cela rejoint l’idéologie à la mode qui consiste à prôner des solutions individuelles à des problèmes sociaux : le malaise du travailleur dans l’entreprise ne serait finalement qu’une question de psychologie qui pourrait se résoudre par les conseils distillés à la télé par des cortèges de « spécialistes » ou, par des coaches pour les cadres... ; enfin, l'objectif à atteindre est celui d'un capitalisme soft, avec une défense de la démocratie parlementaire occidentale présentée comme le modèle indépassable. Au final, les acteurs et actrices de tels rassemblements présentent une grande ressemblance avec une partie de la clientèle des mobilisations altermondialistes dans les pays du Nord.
L’élection de Bush aux USA ne montre qu’une seule chose : que la majorité des votants n’a souhaité aucun changement vis-à-vis de l’idéologie impériale, guerrière et puritaine sur laquelle les Républicains ont surfés. Mais les supporter de Kerry s’illusionnaient grandement sur les capacités de leur champion à mener une autre politique !
N’en déplaise aux tenants d’un capitalisme soft et humaniste qui dominent le mouvement altermondialiste, il ne peut y avoir fondamentalement qu’une seule politique en régime capitaliste, celle de la recherche du profit et de la croissance, celle donc de la destruction et de la guerre.
Les populations d’Afrique et d’Amérique latine sont bien placés pour en vérifier la réalité !
OCL Poitou
SOMMAIRE
Edito p. 3
SOCIAL
Le plan de cohésion sociale p. 4
Kamel Belkadi est innocent p. 7
Allemagne : mobilisation contre la régression sociale p.9
Immigration
Apprentissage du français : du bénévolat au contrôle p.10
Nantes : "SOS enfants en danger" p.14
Répression
Mais qui a piqué les disques durs d'Indymedia p.15
Rubrique Flics et Militaires p. 14
Aux portes du pénitencier
Le meilleur des mondes
Faucheurs volontaires ; action directe ou politicienne ? p. 18
Les vilaines histoires du plutonium p. 21
International Cote d'Ivoire : la crise couve toujours p. 23
Livres p.24