Courant Alternatif 186 - janvier 2009
Le dernier numéro de courant Alternatif est paru. Vous le trouverez en kiosque, mais quelques articles (Grèce, Education, TGV Basque…) sont déjà en ligne sur le site de l’OCL. Ci dessous le sommaire, les liens pour les articles en ligne, et l’éditorial.
Courant Alternatif – n° 186 - Janvier 2009 - 28 pages - 2,50 euros
Mensuel édité par l’Organisation Communiste Libertaire
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article457
Edito : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article459
Big Brother ! (la rubrique du sécuritaire)
Crise
• Une crise chasse l’autre
Social
• Prudhomales : L’échec syndical
Education
• Elémentaire : Darcos Tique ! : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?
article460
• Au delà du Lycée : Sabotage planifié de l’école à l’Université !
Environnement
• TGV Lyon-Turin : La concertation arme de gouvernance !
• TGV Basque : L’impact de l’attentat meurtrier contre un patron :
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article461
Récension
• « L’insurrection qui vient »
Répression
• Tarnac, suite mais pas fin...
Notre histoire
• F. Bonnaud, prolétaire anarchiste face à la guerre
Sans frontière
• Grèce : Ces jours sont les nôtres : http://oclibertaire.free.fr/
spip.php?article462
• Italie : Du séisme institutionnel à l’éruption populaire ?
Sur le terrain
• Poursuites contre le collectif de soutien aux personnes sans papier
de Rennes
Livres, revues
Editorial
Début décembre, les urnes de la cogestion sociale ont rendu leur
verdict : rien de bien neuf dans le paysage syndical hexagonal, si ce
n’est une désaffection croissante des salariés pour les appareils
sensés défendre leurs intérêts, marquée par les 25% de participation....
Passé le temps des élections prud’homales, les centrales syndicales
peuvent maintenant s’accorder sur « une grande mobilisation unitaire
» le 29 janvier, pour la défense de l’emploi public et privé, la
protection sociale, les salaires, et les services publics.
Un vaste fourre-tout qui ne mange pas de pain, esquive la question de
la grève, et qui masque l’absence de stratégie, de propositions et de
perspectives des bureaucrates. A moins que ce ne soit une fois de
plus le moyen de désamorcer la multitude de conflits agitant la
société française sur le terrain du travail et de l’emploi, de
l’éducation, de l’information, de la justice, de la santé, du
logement, de l’environnement… ?
Orphelins d’une alternance politicienne indispensable pour canaliser
des débordements de la base de plus en plus probables, les directions
syndicales n’en finissent pas de simuler une contestation de la
politique gouvernementale qu’elles co-gèrent néanmoins, à grands
renforts de négociations, entrevues, consultations et autres
tractations.
Jouant la carte du dialogue avec les instances responsables et
bureaucratiques, le pouvoir ne comprend cependant que l’expression du
rapport de force, comme vient encore de nous le rappeler le Ministre
de l’Education nationale en reculant face à la déferlante lycéenne de
ces dernières semaines. Mais cette fois les lycéens semblent décider
à ne pas s’en laisser conter, et pourraient bien tirer quelques
autres de leur torpeur résignée : il n’y a rien à négocier sur les
marges avec une bande de crapules qui ne renoncera pas à sa politique
sur le fond : soumettre toujours plus l’ensemble de la société aux
impératifs du capitalisme.
Pour reculer l’échéance d’une telle prise de conscience, on a
beaucoup agité ces derniers jours l’épouvantail du syndrome grec. Et
il y a effectivement de quoi s’inquiéter pour la clique au pouvoir et
celles qui pourraient y prétendre. Car au-delà du caractère
spectaculaire et exaltant de l’émeute généralisée, ce qui nous vient
du sud de l’Europe, c’est bien la rupture du consensus autour de la
démocratie, de la consommation et des possibles aménagements de
l’existant.
En Grèce, des pans entiers de la population cessent de croire aux
promesses des politiciens, et refusent de se laisser bâillonner par
le joug de la répression. De nouvelles structures collectives de
lutte émergent, se cherchent, fragiles encore, mais démontrant la
méfiance du mouvement social à l’égard des syndicats et des partis,
gestionnaires habituels de la compromission et du renoncement, et
illustrant le besoin impératif de s’organiser en contre-pouvoirs. Les
émeutes, que l’on prétendait réservées aux dictatures pauvres et
exotiques, touchent l’Europe et pourraient bien s’étendre en Islande,
comme dans d’autres pays où l’on sent monter la contestation sociale,
en Italie bien sûr, mais aussi ici.
Pour restreindre les risques de contagion, le pouvoir a recours aux
vieilles recettes que sont l’instrumentalisation de la terreur,
l’intimidation, et la répression policière.
La baudruche de la menace « ultra-gauche anarcho autonome » a beau
s’être dégonflée, Julien et Yildune restent enfermés pour une
supposée intentionnalité de nuire aux intérêts de l’Etat, et Jean-
Marc Rouillan pour assumer de l’avoir fait. Avis aux contestataires
en tout genre : qu’ils mesurent leurs intentions et surveillent leurs
propos !
Le coup de Tarnac n’ayant pas eu les effets escomptés, la police
débusque dans un grand magasin parisien quelques pétards mouillés
déposés par de soi-disant révolutionnaires afghans. Puis c’est à Cap
Breton que l’on découvre une bombe « artisanale mais opératoire »...
Quand « l’ennemi intérieur » ne suffit pas à attiser les peurs, « le
terrorisme international » prend opportunément le relais, Vigipirate
est intensifié, et le Ministère de l’Intérieur organise virtuellement
un scénario d’attaques à la Bombay simultanément en différents points
du pays.
Maniant carotte et bâton, le gouvernement aligne dans le même temps
quelques nouveaux milliards, non plus pour les banques ce mois-ci,
mais pour vendre des bagnoles et relancer la consommation, puisque,
selon le président, « la crise actuelle aura des conséquences dans
les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le
pouvoir d’achat ».
L’équation gouvernementale apparaît finalement assez simple : faire
croire au plus grand nombre qu’il a encore quelque chose à perdre et
que l’Etat veille à l’intérêt général, tout en affirmant que
quiconque s’écarte de cette croyance s’expose aux foudres de la
répression politique et sociale.
Cela a marché en 2005, le pouvoir parvenant à juguler la révolte des
banlieues dans les zones de relégation sociale. Mais depuis, les
clivages de classe se sont encore accentués, ébranlant toujours plus
le consensus dans la croyance d’une amélioration possible du système
par des aménagements via les instances institutionnelles, politiques
ou syndicales.
Ainsi, de la survie individuelle et résignée à l’affirmation
collective de la rage de vivre, il n’y a parfois qu’un pas,
imprévisible et plein de surprises. C’est alors, au-delà des
déclarations de principes et des discours de circonstance, que nous
verrons plus précisément où sont les tenants de l’ordre, et les
protagonistes du changement, et qui saura choisir son camp !
OCL Nantes & Saint-Nazaire 26 décembre 2008