Lassés d’être surexploités sans droits depuis des années, 850 ouvriers CDD travaillant à l’entreprise SMESI Régie filiale attachée à l’Office Chérifienne des Phosphates de Khouribga, ont décidé de briser le silence dictatorial qui règne dans l'usine et de prendre la parole sur les conditions de travail auxquelles ils sont soumis, et a fin de mieux s'organiser , ils se sont accordés à créer leur propre bureau syndical au sein de l’Union Marocaine du Travail pour faire valoir leur droit légitimes auprès de la Direction.
Cette décision n’était pas du goût du patron, hostile à la présence du syndicat au sein de son entreprise et à l’embauche des ouvriers. Sans tarder, il les a manu militari licenciés tous en violation flagrante du code du travail. Un coup dur pour ces 850 ouvriers qui les contraint au chômage et condamne leurs familles à l’exclusion et la faim ! Cependant, les ouvriers toujours fermement attachés à leurs droits, ont décidé de mener le combat coude à coude dans le terrain, et jusqu’au bout pour exiger du patron leur réintégration et le reconnaissance leur droits syndicaux.
Après un long périple de résistance intensive marqué par plusieurs marches de protestation dans les chef lieux de la ville et par plusieurs sit in devant le siège de l’OCP (Casablanca) , le Ministère de l’Energie et des Mines, et le parlement (Rabat), les ouvriers ont procédé le 22 Avril, à l’occupation de l’usine de séchage du phosphate de Beni Idir . Le même jour, une marche populaire pacifique se dirige sous la banderole de l’Union Marocaine du Travail vers le siège de la direction locale. Le cortège comptait pas moins de 3.000 manifestants; ouvriers et membres de leurs familles, en plus de nombreux sympathisants de leur cause. Les forces de l'ordre ont intervenues de force en utilisant des bombes lacrymogènes pour disperser cette manifestation, ce qui a dégénéré en affrontements rangés. Ces évènements ont fait état de plusieurs blessés de part et d'autres et de 15 arrestations de 15 ouvriers et 2 sympathisants, tous sont conduit en détention préventive . Le comité nous informe qu'Ils passeront en audience devant le jury le 17 mai prochain pour atteinte à la liberté du travail, coup et blessures contre les forces de la répression, etc
Parce que le licenciement des 850 ouvriers est une mesure abusive qui bafoue leur droit de se syndiquer, parce que ce procès intenté à leur encontre est une imposture au dessous de la vérité, parce que leur arrestation constitue un véritable déni de justice ! C’est pourquoi nous demandons aux militants associatifs et politique au Maroc et à l’étranger, de s’associer avec le CSOS (Comité de Solidarité avec les ouvriers de SMESI) et faire campagne commune en faveur de la mise en liberté inconditionnelle des 15 ouvriers et sympathisants détenus et d’exiger de l’Etat marocain de faire honneur par la pratique de ses engagements concernant le respects des libertés syndicales et de faire pression sur la direction de l’OCP pour la réintégration des 850 ouvriers licenciés et la reconnaissance de leur syndicat.
Instance solidaire : Union Marocaine du Travail, Association Marocaine du Travail, La Voie démocratique, Confédération General de Trabajo Maghreb , CNF-F, Lutte Ouvriere, Solidarité Maroc 05.
Infos utiles :
Coordinateur du Comité CSOS :Ali Fkir alifkir@yahoo.fr
NB :Les 850 ouvriers ont été embauchés dans les années 2001-2002 par la société Smesi Régie, filiale du groupe Office chérifien des phosphates (OCP), pour travailler sur le site minier de Boujniba, dans la région de Khouribga. Au Maroc, l'Office chérifien des phosphates, établissement public devenu groupe OCP en 1975, puis OCP SA en 2008, détient le monopole de l'exploitation de ce minerai. Il extrait chaque année 24 millions de tonnes du sous-sol marocain, ce qui en fait le premier exportateur mondial, et réalise un chiffre d'affaires annuel d'environ 5 milliards d'euros, ce qui en fait le plus gros exportateur de phosphate sous toutes ses formes.