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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Côte d'Ivoire, prévenir le pire et préparer l'avenir
--> Tract de la CNT
Lu sur Hacktivist news service : "Les récents évènements en Côte d'Ivoire ont fait couler beaucoup d'encre. Ils ont attiré les feux des projecteurs, suscité un engouement sans précédent des médias pour cette crise qui pourtant ne date pas d'hier. L'armée française tue, Gbagbo réprime et assassine, la jeunesse au chômage pète les plombs, les syndicats font profil bas, etc. Pendant ce temps-là, c'est le peuple ivoirien qui souffre. Et la présence et l'attitude ambiguës de la France n'ajoutent sûrement pas à la clarté de la situation.
Celui qui joue avec le feu doit gérer les incendies



La semaine dernière, le chef de l'État ivoirien lançait ses troupes à l'offensive contre les bases des ex-rebelles et de leur fief de Bouaké, sous le regard passif des troupes françaises de l'opération Licorne : Michèle Alliot-Marie déclarait alors : « Nous sommes extrêmement préoccupés par le mitraillage d'un barrage de contrôle à la sortie nord de Bouaké, par un avion militaire. Nous surveillons avec la plus grande vigilance l'évolution de la situation et faisons actuellement le point sur le terrain. ». La préoccupation pour les milliers de vies en jeu des « pauvres Ivoiriens » est devenue indignation pour la mort de neufs soldats français. Et l'opération Licorne s'est tout d'un coup trouvé les moyens de détruire les avions du gouvernement ivoirien qui pilonnaient - et donc tuaient des gens- depuis deux jours la ville de Bouaké.
Cette situation que le Quai d'Orsay se plaint d'avoir à gérer, il en est le premier responsable. Car lors du soulèvement armé du 19 septembre 2002, la France a immédiatement envoyé des troupes s'interposer entre rebelles et forces gouvernementales, protégeant ainsi le régime en place. Et depuis, occupant la « zone de confiance » elle a tranquillement laissé Gbagbo se réarmer en achetant des armes notamment en Europe de l'Est. En voulant jouer son rôle habituel de « puissance coloniale gérant les querelles de ses enfants agités », la France a joué avec le feu et se retrouve aujourd'hui coincée dans l'incendie. S'il est évident qu'elle doit partir le plus vite possible et laisser enfin les Africains décider de leur sort, il faut tout de même en préciser la manière : en 1994 au Rwanda, l'État a déjà fait le coup d'évacuer ses ressortissants, puis de laisser son armée superviser le génocide des populations Tutsis. Si la situation sentait trop le brûlé en Côte d'Ivoire, pourquoi hésiterait-elle à partir d'un instant à l'autre, laissant les populations en proie à une terrible guerre civile et surtout au retour des massacres de populations sur des bases ethniques. Car n'oublions pas que l'une des raisons principale de la crise ivoirienne est le concept d'ivoirité prônée par le gouvernement Gbagbo qui, à l'image de la préférence nationale de l'extrême droite française, souhaite diviser la population entre vrais et faux ivoiriens. Ce droit du sang a déjà provoqué des massacres sur la base de patronymes aux origines soi-disant maliennes ou burkinabés. Un départ de la France sans alternative, et surtout sans remplacement par une force d'interposition autre, serait la porte ouverte à des meurtres aux allures génocidaires dans toutes les zones sous contrôle des milices pro gouvernementales. Il est temps que la France parte, ce qui empêcherait Gbagbo de tenir un discours nationaliste et anti-colonial opportuniste pour renforcer son pouvoir meurtrier et éviterait à des jeunes d'aller se faire trouer la peau par l'armée française pour un dictateur xénophobe. Mais il faut pour cela que ses troupes soient remplacées par des forces moins partiales et moins mouillées dans le conflit.
Sortir de la crise, quelles solutions immédiates ?

La situation est très complexe. Pourtant, il est une possibilité que peu d'États occidentaux osent avancer tant elle met en danger leurs politiques impérialistes : laisser les peuples africains décider de leur sort et par conséquent laisser l'Union Africaine gérer la crise ivoirienne par elle-même, en évacuant la main coloniale. Et s'il y a nécessité d'un soutien matériel ou logistique, qu'il soit le fait de l'Onu mais sans prérogatives politiques. Certes, l'UA n'est pas une panacée, loin de là mais lui confier les rênes de la gestion de la crise ivoirienne serait un signe fort vers : l'indépendance réelle de l'Afrique, l'évacuation de la France et la fin du mythe de l'Africain sauvage ayant besoin d'être secondé. En outre, dans le cas ivoirien, il faut noter que c'est l'UA qui a obtenu le plus de progrès avec notamment les accords d'Accra III de juillet 2004 - Kofi Annan et une douzaine de chefs d'états africains, hors de la présence de la France, avaient alors convoqué au Ghana les protagonistes ivoiriens pour sortir de l'impasse. Ces accords constituent d'ailleurs une base solide d'un retour à la normale en Côte d'Ivoire car ils prévoient en particulier l'adoption d'une série de projets de lois (réforme de la nationalité, de la commission électorale indépendante, du régime de la presse, du code foncier, etc.) à même de régler bien des causes du conflit. Associés aux accords de Marcoussis et aux conclusions du Forum de réconciliation nationale ivoirien de 2000, ils sont un socle commun sur lequel le G7 - qui regroupe 7 partis d'opposition- et des modérés du FPI, pourraient malgré leurs limites, sous la direction du premier ministre Seydou Diarra conduire rapidement le pays sur la voix d'un retour au calme et aux libertés. Ce qui sous-entend bien évidemment que le mieux serait que Gbagbo ne soit plus chef de l'État, sa personnalité étant bien trop entachée par ses retournements de vestes réguliers et sa politique sanguinaire. À l'image de l'assassinat du camarade syndicaliste étudiant et révolutionnaire Abib Dodo le 23 juin dernier par les jeunes miliciens de Gbagbo (cf le communiqué de presse de la CNT à ce sujet).

Enfin, nous insistons pour que soient immédiatement rétablis les droits minimums de toutes et tous :

- la liberté de la presse doit être garantie et les médias détruits par les milices pro gouvernementales aidés dans la reconstruction de leurs infrastructures ;
- les auteurs de crimes politiques doivent être recherchés et poursuivis ;
- les syndicats, associations et partis politiques doivent retrouver toute latitude d'action et de parole dans la limite acceptable de la provocation à la haine raciale et de l'appel au meurtre politique ;
- l'eau, l'électricité et le téléphone coupés par le gouvernement Gbagbo dans les zones rebelles doivent immédiatement être rétablis, de même qu'une aide humanitaire (médicaments et nourriture) gratuite et sans conditions apportée à la population.

N'oublions pas
L'origine économique de la crise

Il faut absolument évoquer l'importance des principales ressources du pays - le cacao et le café - à l'origine du boom économique et de l'attractivité de la Côte d'Ivoire pour des millions de travailleurs des pays voisins (25% de la population ivoirienne est d'origine étrangère). Avec les chutes du cours du cacao et du café en 1993, la pression démographique et territoriale a amené les dirigeants ivoiriens, dès Konan Bédié, à inventer de toutes pièces un concept pour résoudre le problème des terres et plantations : l'ivoirité, qui stipule notamment que les terres ne peuvent appartenir qu'aux vrais Ivoiriens de souche… La politique d'exploitation intensive - et de pillage -instaurée par les capitalistes occidentaux a montré ces limites et ce sont les travailleurs qui en ont payé les frais, avec comme dans chaque crise la montée de la xénophobie et des tendances fascisantes.
La responsabilité historique de la France

Il n'est pas fini le temps des colonies. Malgré les apparences et les fausses indépendances, la France veut continuer à mettre à la tête des pays africains des pantins à sa botte. Marchés économiques et intérêts géopolitiques en arrière-fond
La doctrine de l'ivoirité

Inventé par Bédié, ce concept raciste a été repris comme fondement de son pouvoir par Gbagbo. C'est la cause principale des évènements actuels qui a déjà provoqué des massacres de populations (charnier de Yopougon) sur des bases ethniques.
Les causes économiques et sociales

Le FMI et la Banque mondiale imposent depuis des années des privatisations de tous les services publics en Afrique, appauvrissant les populations et aggravant le chômage notamment chez les jeunes.
Les liens encore récents de Gbagbo et du PS

Malgré les déclarations de François Hollande contre Gbagbo, par ailleurs contestées au sein du Parti socialiste, les deux partis restent toujours membres de la même internationale
Le peu de crédibilité de l'opposition ivoirienne

Ouattara du RDR fut il y a peu cadre du FMI ; le PDCI est l'ancien parti unique ; les orientations sociales et politiques des Forces nouvelles sont peu visibles Luttons ensemble pour :
- la reconstruction d'un syndicalisme de classe qui défende les travailleurs sur des bases économiques et sociales et non ethniques ou religieuses
- la décolonisation économique de la Cote d'Ivoire et de l'Afrique en général par le retour au service public des entreprises privatisées et vendues aux entreprises occidentales (Bouygues, Bolloré, Pinault, etc.) ainsi que le respect des mêmes normes de travail pour tous les ouvriers de ces multinationales, où que leurs filiales soient situées.
- la lutte contre les réseaux de corruption de la Françafrique et le soutien de l'État français aux dictateurs le développement d'un réseau de solidarité internationale associatif et syndical
- l'abolition immédiate et sans conditions de la dette des pays dits du tiers monde

Pour tout cela, rendez-vous à la Quinzaine des résistances africaines organisée par un collectif de syndicats et d'associations français et africains en contrepoint du sommet de la francophonie à Ouagadougou au Burkina Faso. La CNT vous invite par ailleurs à lire, acheter, vous abonner et diffuser la revue Afrique XX1 qu'elle co-anime avec d'autres associations (Survie, Cofanzo, Addl, Cadtm, Aircrige, Mirau, etc.)

Pour aller plus loin :

- http://democraci.org dont les analyses sur la crise ivoirienne sont très intéressantes
- http://clevybosio.free.fr/aircrige/accueil.html, site de l'association Aircrige avec un dossier sur la crise ivoirienne et notamment l'ivoirité et la xénophobie
- http://www.prevention-genocides.org, sur l'origine et le développement de l'ivoirité et les risques de génocide
- http://fr.news.yahoo.com/041108/295/44t8u.html, une interview très intéressante de F-.X. Verschave, président de l'association Survie

Source/auteur : CNT - Groupe Afrique du secrétariat international
Ecrit par libertad, à 12:31 dans la rubrique "International".

Commentaires :

  Anonyme
17-11-04
à 12:56

T’a mal relus ta copie… Le problème est ethnique, et nord/sud !
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
17-11-04
à 13:28

Re:

mais oui, c'est bien connu, les ivorienNes sont des sauvages qui ne savent pas vivre en paix... comme les irakienNEs, les serbes, les afghanEs, les rwandaisES, les colombienNEs et touTEs leurs amiEs anti-civilisation...

Attila est aux portes de la ville, sauve nous seigneur christ.

T'as demandé son avis à la Claire Chazal ? elle a peut-être des preuves des origines ethniques du conflit...

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  Anonyme
17-11-04
à 13:51

Pouet !

Politico-ethnique pour être précis…

Il faut y avoir vécu pour comprendre un peu cette situation alambiquée. Question : Pourquoi y a t’il des légionnaires sur place en permanence depuis la fin de la colonisation !? Pour protéger les intérêts français (Et les personnes) tu me dira ; Oui oui bien sûr, et pour surtout pour éviter une ethnisation d’un probable conflit latent du à la frustration depuis l’indépendance de la présence d’un chef Baoulé (Houphouët).

Qu’est-ce qu’ils foutent là-bas alors puisque Boigny est mort depuis belle lurette !!! Et les accords de Marcoussis, c’est quoi !!!
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
17-11-04
à 14:01

Re: Pouet !

quand nous avons à faire à une mouvement violent de décolonisation ( il n'y pas de décolonisation non-violente...), nous préférons toujours voire cela comme une turbulence passagère provoquée par un trou d'air ethnico-religieux... mais à qui profite la cause ethnico-religieuse ? aux détenteurs du pouvoir politique... les français colons
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
17-11-04
à 14:14

Pouet Pouat !

C’est pas faux, mais je t’ai écrit « Politico-ethnique pour être précis », ce qui sous-tend qu’il a des tensions ethniques avec ou sans « français », parce que la décolonisation, elle, elle tarde non ;-)
Répondre à ce commentaire

  ibubolo
17-11-04
à 14:42

Re: Pouet Pouat !

la décolonisation est toujours effective.

Dans le cas de l'afrique occidentale notamment, on assiste à une concurrence des intérêts français et américains...

Répondre à ce commentaire

  Anonyme
17-11-04
à 15:20

Re: Re: Pouet Pouat Poum !

C’est un peu « vieux » comme prétexte cette histoire de concurrence Franco-américaine…

Le Burkina Faso et le Mali par exemple, ont été en conflit fin quatre-vingt, début octante, concernant la bande de l’Agacher (Région frontalière susceptible de renfermer quelques richesses minérales…) Le Mali, entre-autres est une entité ethno-politique de petits royaume : la dynastie Songhai, Malinké, Maure, le royaume bambara et d’autres encore…
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  Anonyme
17-11-04
à 15:23

Re: Re: Re: Pouet Pouat Poum Bam !

Je voulais dire « début noctante » ;-)
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
18-11-04
à 11:21

Re: Re: Re: Re: Pouet Pouat Poum Bam !


Le texte fait fausse route.

Il qualifie Gbagbo de "dictateur xénophobe". Xénophobe certainement. En tout cas, il a, comme ses prédécesseurs, joué avec la xénophobie.

Mais dictateur, il l'est beaucoup moins que Blaise Compaoré qui est, avec l'Etat français, derriere la rebellion. Tous les observateurs le savent. Sauf les rédacteurs de ce texte? Pourquoi ne parlent-ils pas du rôle essentiel de Compaoré?

Si ils connaissaient un peu l'histoire des interventions militaires françaises en Afrique, ils sauraient qu'une non intervention contre des putchistes équivaut à une carte blanche et à une complicité.

Le coup d'Etat ayant échoué, l'armée française a du s'interposer car la prise d'Abidjan aurait été extrèmement sanglante et donc politiquement intenable. Je crois que l'Etat français a été surpris par la mobilisation populaire pro-Gbagbo, qui seule explique qu'il ait pu se maintenir au pouvoir.

En ce qui concerne le pluralisme et la liberté de la presse, pourquoi les auteurs ne parlent pas de l'absence de liberté de la presse dans la zone tenue par les rebelles?
Depuis le début, Il n'y a pas de liberté de la presse dans la zone tenue par les rebelles. Les auteurs le savent-ils ou se contentent-ils de recracher les infos de France 2, la chaîne de l'Etat, et de TF1, la chaîne de Bouygues?

Rien dans ce texte sur les intérêts français que défends Chirac.

Gbago est une crapule. Mais ce texte est beaucoup trop partial. J'attendais mieux de la CNT, qui garde tout de même toute ma sympathie.
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  ibubolo
18-11-04
à 15:14

Re: Re: Re: Re: Re: Pouet Pouat Poum Bam !

je suis d'accord avec toi, le texte reste très manichéen... mais bon on fait c'qu'on peut... pas vrai la CNT ? (...humour, je précise au cas où le manichéisme cntiste voudrait s'en prendre à ma personne...).
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  DE GAGNOA
29-11-04
à 17:20

S'informer véritablement

Pourquoi ne pas ller à la source pour l'information.
www.abidjan.net
www.lacotedivoire.info
www.midici.net
www.ivorian.net
www.ivoirealites.net

Ce sera nettement mieux pour la précision, la concision par rapport aux préjugés.
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