L'En Dehors

Dimanche 8 Novembre 2004, un militant antinucléaire est décédé après avoir été percuté par un train de transport de déchets radioactifs se rendant en Allemagne, sur le site de Gorleben. Plusieurs actions avaient été menées ce même jour dans la région Lorraine. Si Sébastien Briard et ses amis avaient vraisemblablement choisi de mener cette action de manière autonome, leur initiative n’était pas isolée. Une autre action d’enchaînement aux voies avait d’ailleurs été menée avant la gare de Nancy.

Si l’opposition en France est encore insuffisante, ce n’est pas le cas en Allemagne. Depuis plusieurs années, une part importante de la population exprime son opposition à ces transports, notamment dans la région de Gorleben où est implanté un site d’enfouissement de déchets radioactifs. Les manifestations se succèdent ainsi que des actions de blocage sans qu’aucune victime n’ait été à déplorer comme ce fut le cas en France ce dernier week-end. Sans prolongement en France, pays où les déchets sont retraités, l’issue des luttes allemandes est évidemment incertaine. Le mouvement doit donc s’étendre de ce côté de la frontière pour parvenir à une opposition plus efficace à ces transports mettant en péril les populations riveraines, pour affirmer également une opposition totale à la poursuite de toute activité nucléaire.
Sébastien Briard, ses amis dans l’action, celles et ceux qui se sont engagés ce dimanche contre ce convoi ont participé à la construction de cette nécessaire résistance.
Les convois de déchets sans cesse plus nombreux dont personne ne sait que faire sont le résultat des activités nucléaires que l’Etat persiste à poursuivre. Pour réaliser son forfait, il n’hésite pas à se protéger par le secret et le mensonge.
Quand la SNCF ment sur le contenu de ces trains, quand l’état encadre la question du nucléaire par une loi secret défense pour occulter tout débat, que reste-t-il aux opposants ? Lever la chape de plomb ! c’est ce qui s’est produit en Lorraine, à une échelle moindre qu’en Allemagne certes .
Nous ne pourrons que constater que les responsables du convoi, SNCF et Etat, ont réagi à cette situation avec une légèreté criminelle. Du fait de la nature des matières transportées, le train ne devait pas rouler à plus de 80 km/h alors que le chauffeur avait reçu une autorisation “ MA-100” qui permet d ‘aller à une vitesse maximale de 100km/h. La SNCF rogne sur la sécurité. Par ailleurs, du fait des événements connu par les autorités, celles-ci aurait du ordonner de faire évoluer le convoi à vue a 30 km/ h comme cela se pratique en Allemagne. Le drame survenu dimanche, dont Sébastien Briard a été victime n’est donc ni un accident ni une fatalité et encore moins le fruit de l’inexpérience. La préfecture de Meurthe et Moselle, la SNCF, l’Etat auraient-ils anticipé la mise en place de la "tolérance zéro" ramenée au devant de l’actualité ce week-end par Chirac? L’Etat Nucléaire craindrait-il le développement résistance à l’image de celle menée en Allemagne ? Notre meilleur hommage à Sébastien comme aux nombreuses victimes du nucléaire sera de transformer ces craintes en réalité, pour barrer la route au nucléaire et son monde.

L’EGREGORE, Le Chat Noir BP 1213 51100 Reims.
et sur Radio Prim 92.4, le lundi de 19 à 20 heures.