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Alternative libertaire :
"Après le succès des manifestations du 7 février (400 000 personnes dans toute la France), c'était prendre un risque énorme que d'attendre le 7 mars pour appeler à une nouvelle journée d'action interprofessionnelle contre le CPE et le CNE. Dans l'intervalle, la jeunesse étudiante et lycéenne est restée seule à incarner l'opposition à un projet qui pourtant menace l'ensemble des salarié(e)s. Que faire à présent pour gagner ?
révoltons-nous autant que la jeunesse !
Le CPE, cela ne regarde pas que les jeunes. C’est une mesure stratégique pour le capitalisme : précariser les jeunes travailleur(se)s, c’est exercer une pression sur toutes et tous. C’est par coups de boutoir successifs et ciblés que le pouvoir procède à une régression sociale d’ensemble. Tout le monde sait que si nous perdons cette bataille, le gouvernement s’empressera d’étendre les dispositions du CPE et du CNE (la « période d’essai de deux ans ») à l’ensemble du salariat.
Salarié(e)s du privé comme du public, nous pouvons agir. Pas au nom d’une solidarité abstraite avec les étudiant(e)s. Mais concrètement, chacun(e) d’entre nous côtoie déjà au quotidien des collègues soumis à des statuts précaires autres que le CPE. Dans chaque établissement, dans chaque secteur, il est possible de lutter contre la précarité sans se limiter à la revendication d’abrogation du CPE.
Après la manifestation du 7 mars, organisons dans chaque établissement des assemblées générales pour tirer le bilan de cette journée, et débattre des suites à lui donner.
Face à cette tentative de démolition du code du travail, les salarié(e)s devraient être en mesure d’apporter une réponse à la hauteur, et poser la question de la grève générale. Si pour l’heure nous n’en sommes pas là, rien n’interdit de garder cette perspective à l’esprit.
Construisons la convergence étudiant(e)s/salarié(e)s
Étudiant(e)s et salarié(e)s n’ont pas forcément les mêmes rythmes de mobilisation. Mais l’attitude qui a consisté jusqu’ici, pour l’essentiel, à « déléguer » la lutte à la jeunesse, est suicidaire. En de nombreux endroits, des sections syndicales souhaiteraient agir en solidarité, mais n’osent pas ou ne savent pas comment, en l’absence d’une stratégie offensive des directions confédérales. Il est crucial de tisser des liens directs étudiant(e)s/salarié(e)s
Dans la lutte, gardons le souci de l’unité et de la démocratie
Le système politique actuel ne nous habitue pas à la démocratie réelle, celle des assemblées générales. Certains groupes politiques en abusent, s’essaient à la manipulation des AG, piétinent l’éthique syndicale, bafouent la démocratie. Cela ne doit pas nous décourager, mais nous inciter à être fermes sur les principes démocratiques : loyauté des personnes mandatées, mandat impératif ou semi impératif, transparence sur qui parle au nom de qui, etc. Même si certains ont une attitude exaspérante, l’heure n’est pas à la désunion, mais à l’unité d’action. Il sera toujours temps ensuite de tirer des bilans.
N’attendons rien des partis de gauche
Beaucoup de manifestant(e)s ont été écœuré(e)s de la présence de tous les « présidentiables » de la gauche caviar le 7 février. Une défaite de la rue ne déplairait pourtant pas à cette dernière, qui après sa triste prestation dans la « bataille parlementaire » contre le CPE, pourrait se redonner une utilité… en apparaissant comme un recours en 2007. Cette arrière-pensée inavouable n’est pas sans influencer certaines directions syndicales malheureusement liées à ces partis de gauche. Comment expliquer, sinon, leur attentisme ?
Il y a là un énorme enjeu politique. Savoir à qui il revient d’incarner l’alternative : à une gauche institutionnelle sclérosée, ou à la « gauche de la rue », celle des grévistes et des manifestant(e)s ?
Que la « gauche de la rue » ne compte que sur elle-même ! Battons-nous contre le CPE-CNE, dans l’optique de changer la société, pour la redistribution des richesses, pour l’autogestion, pour l’égalité, pour en finir avec le capitalisme.
Nous ne voulons pas d’un nouveau 1981 !