Un
otage est une personne innocente, retenue
prisonnière par un
preneur d'otage, et dont la vie sauve et la libération dépend d'une exigence à remplir par une tierce partie
Article 224-4 du Code Pénal
« Si la personne arrêtée, enlevée, détenue ou
séquestrée l'a été comme otage soit pour préparer ou faciliter la commission
d'un crime ou d'un délit, soit pour favoriser la fuite ou assurer l'impunité de
l'auteur ou du complice d'un crime ou d'un délit, soit pour obtenir l'exécution
d'un ordre ou d'une condition, notamment le versement d'une rançon, l'infraction
prévue par l'article 224-1 est punie de trente ans de réclusion criminelle.
Les deux
premiers alinéas de l'article 132-23 relatifs à la période de sûreté sont
applicables à cette infraction.
Sauf dans les
cas prévus à l'article 224-2, la peine est de dix ans d'emprisonnement si
la personne prise en otage dans les conditions définies au premier alinéa est
libérée volontairement avant le septième jour accompli depuis celui de son
appréhension, sans que l'ordre ou la condition ait été exécuté ».
LE SENS DES MOTS, LE CHOC DES
INVECTIVES
Les
politiciens si soucieux de la précision des termes employés et toujours prompts
à dénoncer les écarts de langage, surtout quand ça les concerne, s’en sont
donné à cœur joie durant le conflit social de novembre pour couvrir d’invectives
et d’injures on ne peut plus graves des salariés qui ne faisaient qu’exercer un
droit reconnu par la Constitution, le droit de grève.
Que
des usagers, évidemment gênés dans leurs déplacements et méthodiquement
conditionnés par les médias aux ordres, anonent de telles absurdités,… on peut
à la limite le comprendre, sans l’approuver. Mais que des responsables
politiques qui se proclament garant de la paix civile, sociale, accusent de crime,
car c’est bien de cela dont il s’agit, des salariés dans l’exercice d’un droit
constitutionnel, ont probablement une idée derrière la tête.
Une
telle accusation, aurait du logiquement, être suivie d’un dépôt de plainte. En
effet, l’arsenal juridique de notre République ne manque pas d’outil pour réprimer
ce genre de crime. Or, curieusement, aucune poursuite n’a été engagée contre
les « délinquants-preneurs d’otages » avec qui, le Gouvernement
légal, a même accepté de négocier… alors qu’il est de notoriété publique que le
Gouvernement Français ne négocie jamais avec des preneurs d’otages… du moins
officiellement.
Alors
de deux choses l’une :
- ou bien le gouvernement a manqué à
tous ses devoirs en permettant une prise massive d’otages,
- ou bien il ne s’agit pas d’une
prise d’otage,… et le gouvernement ment et manipule
Cette
guerre des mots : otage, galère,… le gouvernement a pu la mener en toute
tranquillité. Les syndicats se sont opposés bien mollement à ce déferlement
d’insultes. On est en droit de se demander s’il n’y a pas une sorte d’acceptation
implicite de part et d’autre de l’inacceptable… chacun y trouvant son compte
pour « en finir au plus vite ».
Il
est d’ailleurs tout à fait curieux que les syndicats, « toujours prompts à
défendre leurs adhérents », n’aient pas porté plainte pour dénonciation
calomnieuse, puisque ces derniers étaient tout bonnement accusés d’un crime
passible des assises : la prise d’otage.
CALOMNIEZ,…
IL EN RESTERA TOUJOURS QUELQUE CHOSE !
Les
méthodes diffamatoires utilisées par les politiciens au pouvoir sont révélatrices
de deux choses :
- des
comportements indignes d’individus sans valeurs, qui n’hésitent pas à jeter
l’opprobre sur leurs adversaires,
- le
manque d’arguments crédibles pour mettre un terme au conflit.
L’accusation
est évidemment absurde, n’a aucune valeur, aucun sens sur le plan politique et
encore moins sur le plan juridique. C’est de la diffamation gratuite, ou plutôt
tactique. Il s’agit tout bonnement de salir, de dresser une partie de la
population contre une autre. Procédé totalitaire utilisé par les régimes sans
scrupules.
Le
procédé n’est cependant pas seulement crapuleux dans sa forme, et tactique à
court terme, faire cesser la grève, ,… il a un objectif précis à plus long
terme et d’une extrême gravité. Il s’agit tout bonnement de remettre en
question le droit de grève .et même plus subtilement de le faire
condamner par l’opinion publique. De faire entrer dans la tête des gens que
l’exercice du droit de grève est un trouble à l’ordre public… et trouble
d’autant plus inacceptable qu’il n’aboutit à rien. En effet, les grévistes ne
peuvent même pas arguer le fait qu’ils ont obtenu la satisfaction de leurs
revendications..
Le
droit de grève est donc doublement inutile. Ainsi le seul moyen concret de
défense et de lutte des salariés doit, aux yeux du pouvoir, disparaître.
Bien
sûr, le pouvoir ne reconnaître jamais cet objectif. Spécialiste, nous en avons
eu un échantillon significatif durant la grève, du double discours dans
une stratégie à long terme en vue de la remise en question de la totalité des
droits des salariés… il n’attaque pas de front ce droit, mais de manière
biaisée, maniant la carotte et le bâton, la répression et le
« dialogue ».
FAUT-IL
DEFENDRE LE DROIT DE GREVE ?
Sur
le principe évidemment, ne serait ce que parce cette attaque fait partie d’un
plan concerté tendant à remettre en question tous les acquis des
salariés.
Cette
défense de principe ne doit cependant pas masquer une réalité encore plus
grave : la grève aujourd’hui est devenu une arme à double tranchant
Maniée,
nous l’avons vu par des syndicats peu motivés et toujours trop prompts à la
« négociation » de complaisance, elle constitue un excellent prétexte
de diffamation du pouvoir et du patronat pour affaiblir le mouvement. Mais il y
a plus grave.
La
grève est aujourd’hui entrée dans les mœurs, s’est institutionnalisée,… et
n’aboutit plus à l’essentiel. Devant un gouvernement inflexible et un patronat
qui ne lâche plus rien, au contraire, elle s’émousse au point de devenir un rite
qui conserve fantasmatiquement une charge affective, mais qui réellement
atteint vite ses limites. Elle se termine alors lamentablement dans une débâcle,
se perdant dans des pseudo négociations sur des revendications secondaires.
Les
démarches et actions sérieuses avec les usagers entreprises (comme à Lille par
exemple) par les grévistes peuvent se compter sur les doigts d’une main. Les
directions syndicales arque boutées stupidement sur le « fait grève »
contribuent puissamment, consciemment ou inconsciemment, à la dégénérescence d’une
action qui a constitué dans le passé l’acte de résistance essentiel des
salariés.
Une
politique syndicale en direction des usagers et des clients, permettrait de
donner un autre sens, une autre dimension, un autre souffle, à l’acte de grève.
Mais c’est apparemment trop demander à des organisations qui trouvent leur
compte dans les conflits avortés, les combats perdus et les négociations qui se
prolongent à l’infini sans gain notables.
La
rapacité économique du patronat, alliée à la perfidie politique du gouvernement,
s’articule parfaitement avec la myopie et l’impuissance syndicale pour faire
que 130 ans de conquêtes sociales sombrent peu à peu dans les eaux glacées de
la rentabilité marchande et laissent les salariés transis dans leurs conditions
sociales qui s’apparentent désormais à celles de leurs ancêtres du 19e
siècle.
Patrick
MIGNARD
7 décembre 2007
Voir
aussi :
« ILS
NE CEDERONT PLUS RIEN »
« NEGOCIER,
MAIS NEGOCIER QUOI ? »
« LE
DENI »