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Quitte à choquer les militants libertaires avec une telle référence, on ne peut qu’être d’accord avec Arlette Laguiller lorsqu’elle souligne qu’il faut appeler le capitalisme par son nom et arrêter de faire abstraction des classes sociales : " la classe ouvrière, elle en crève qu’on appelle pas un chat un chat ". Et, que l’on appelle pas, en particulier, " capitaliste " une mondialisation que certains qualifient pour la combattre de " libérale ". De même le remplacement du terme " antimondialisation " par celui d’" altermondialisation " ne peut qu’accentuer la confusion. En réalité, l’utilisation de cette notion érigée en pseudo-concept par les leaders et théoriciens d’Attac répond à un double objectif. D’une part, achever d’évacuer de l’association les " gauchistes " qui auraient encore quelques velléités de transformation radicale de la société, et ce, pour mieux intégrer dans ses rangs la " petite bourgeoisie intellectuelle " réformiste avec qui, ils ont des intérêts bien compris. Le PS ne s’y est d’ailleurs pas trompé : " les altermondialistes, sont, comme nous, pour réformer l’OMC, non pour l’abolir ", " la volonté d’isoler les extrémistes trouve un écho au sein même du mouvement altermondialistes ". D’autre part, Il s’agit pour Attac de poursuivre son positionnement dans le champ politique en vue des prochaines élections. Peu à peu leur visée électoraliste s’affirme. L’opportunisme de la social-démocratie ne date pas d’aujourd’hui.
L’avantage de cette nouvelle appellation, ô combien contrôlée, réside dans ce que le système d’exploitation n’est aucunement remis en question. D’ailleurs, tout le monde y trouve son compte. Jacques Nikonoff, en disant que le " débat entre révolution et réforme est stérile ", confirme que le capitalisme demeure un horizon indépassable. Ils n’ont rien d’autre à proposer qu’" un monde autrement capitaliste et non un monde autre que capitaliste ". Dans la même veine, José Bové, récuse le " fantasme " du " siècle passé " où l’on pensait que les " choses changeraient en faisant la révolution ". Or selon le marchand " alternatif " de fromage bio, " les gens ont compris que ça ne fonctionne pas, et, que ça n’améliore pas la situation ". Pourtant, si la révolution de 36 en Espagne et la mise en place des collectivisations ont été balayées par les franquistes et par la social-démocratie aidée des " communistes ", c’est justement parce qu’elles étaient la preuve qu’une société meilleure pour le plus grand nombre est viable. Faute de s’attaquer à l’exploitation, les " révoltes " dont nous parle José Bové n’amélioreront, tout au plus, comme Mai 68 et ses séquelles l’ont prouvé, que la situation des classes moyennes cultivées. Rappelons encore une fois à ceux qui ont oublié ce qu’est la lutte des classes, que les clercs de la " gauche de gauche " participent et profitent amplement de l’exploitation capitaliste quand bien même tenteraient-ils de s’en " dédouaner " en élargissant leur plate-forme initiale au-delà de la taxation des transactions financières.
Leur souci n’est effectivement pas l’émancipation des travailleurs. Ayant toujours bénéficié de privilèges, y compris pour certains, dès leur naissance, ces " capitalistes du savoir " estiment normal et donc juste d’avoir une rémunération correspondante à un travail qu’ils considèrent comme " supérieur ", celui qui consiste à penser pour les masses laborieuses. Mais trêve de mystification, il ne s’agit pas pour eux de penser comment en finir avec la société de classe et ce qui en résulte : inégalité pauvreté, oppression…Nenni ! Ils sont légions parmi les caciques d’Attac (enseignants-chercheurs de haut rang, hauts fonctionnaires, journalistes et professeurs dans le supérieur) à cumuler les revenus et les avantages en nature. Leur réelle préoccupation : préserver et accroître leurs intérêts. Pour cela ils sont prêts à rassembler tout le mouvement social pour peu que celui-ci accepte de se rallier à un " projet alternatif ", une " société alternative ", des " politiques alternatives " et non à une alternative non capitaliste. Il en va de même pour ceux qui parlent de " démocratie générale " et qui redéfinissent " la citoyenneté dans le cadre d’un capitalisme participatif ". Une vision de la société où les " citoyens " retourneraient aux urnes pour voter et aider ainsi à la prise de pouvoir par ceux qui sous couvert de " changer la société par le bas " utiliseraient, une fois de plus, les mouvements sociaux comme tremplin. Un plan qui convient parfaitement aux réformateurs.
Le Forum social européen sera donc l’apothéose de ce rassemblement consensuel et " citoyen ". Sous les auspices conjugués du gouvernement Raffarin, des mairies " socialiste " de Paris et " communiste " de Saint-Denis, du conseil régional et des institutions européennes, les " experts " de la pensée " réformiste ", ceux qui, pour conserver leur monopole - le savoir et le pouvoir - et donc la domination de leur classe, sont directement intéressés par l’existence de l’exploitation capitaliste. Ils tenteront, encore une fois, de nous persuader que l’on rame tous dans la même galère. Attrape-nigauds ! Les intérêts de ces notables et nantis d’un nouveau genre ne sont ni ceux des travailleurs, ni ceux des laissés-pour-compte. Par conséquent, si nous refusons une société d’exploiteurs et d’exploités, l’insurrection demeure indispensable. Cette intellingentsia œuvre, plus que jamais, pour elle-même. En conséquence et puisque notre émancipation passe aussi par l’expropriation de cette classe, elle demeure notre ennemie.
Valérie Minerve Marin