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Dans l’atmosphère qui est celle de ce début de mois de novembre, les détritus deviennent du "matériel incendiaire". Le bidon d’essence, dont aucun procès-verbal n’a précisé s’il était plein, les bouteilles vides et le papier gras sont respectivement, le contenu, le contenant, et la mèche d’hypothétiques cocktails Molotov. Comme l’a dit lui-même le Président du tribunal : "Passons sur le papier", il aurait fait en effet une bien piètre mèche ! … Reste que les jeunes sont placés en garde à vue, parce que, se réunissant dans un jardin mal entretenu, les "faits" décrits ci-dessus sont qualifiés par la police "d’association de malfaiteurs en vue de perpétrer un incendie volontaire" !
48h de garde à vue sous la pression d’une telle inculpation, dix ans de prison ferme à la clé, et on a vite tendance à abonder dans le sens désiré par l’air du temps. Mikaël aurait donc été vu tenant à la main le bidon d’essence. Bien énigmatique bidon, car non seulement on peut douter qu’il ait été plein à ce moment, mais de plus on ignore qui l’a amené et pourquoi. Le procès verbal de la police, établi à l’arrivée sur les lieux, décrit également, à proximité un scooter en panne (d’essence ?). Mais là aussi "passons", on n’en saura pas plus.
Un présent au procès
A l’issu de cette garde à vue, tous les présumés "malfaiteurs associés" sont libérés. Ils ne seront plus inquiétés. Tous sauf un, Mikaël. Lui, et lui seul, est poursuivi pour "association de malfaiteurs". Parce qu’il aurait tenu un curieux bidon en compagnie de ses copains dans une soirée aussi brumeuse que fantasmatique, il écope ce 30 novembre de 8 mois de prison fermes.
Un tel verdict ne peut s’expliquer que de deux façons. Soit, ce jeune homme, a l’unique privilège dans ce bas monde d’être à la fois singulier et pluriel et de pouvoir ainsi constituer à lui seul une "association". Soit que, comme ce fut le cas de Mikaël, être le seul noir dans un groupe de blancs en banlieue prédispose lourdement à la condamnation pénale et médiatique. Comme la première hypothèse est pour le moins improbable, il semble qu’aujourd’hui la discrimination pénale ait fait un pas de géant. Fait assez extraordinaire, à la fin des débats, un toulousain âgé qui avait suivi tout le procès, a pris poliment la parole à la barre du tribunal, et déclaré face à des magistrats médusés : "Les faits ne sont pas constitués. Il faut que le tribunal relaxe ce jeune homme", exprimant ainsi spontanément la vox populi. Mais rien n’y a fait. L’inique verdict a été accueilli par les protestations des copains de Mikaël venus nombreux et de voisins, solidaires de la famille, très entourée. Nous sommes tous repartis avec le sentiment d’une nouvelle injustice.
Qu’ils aient été blessés ou condamnés par la “justice”, nous gardons le contact avec plusieurs victimes de la répression et leur famille. Outre le soutien militant que nous pouvons leur apporter (soutien moral, présence au tribunal, aide aux démarches...), il est aussi important de pouvoir leur apporter une aide financière (la vie en prison coûte cher : presque tout, du papier hygiénique au supplément pour manger un peu correctement en passant par les enveloppes doit s’acheter et est vendu hors de prix par l’administration). Il est donc nécessaire d’aider les familles, surtout quand elles sont modestes, à faire parvenir régulièrement des mandats aux prisonniers. Dans ce but, nous lançons une souscription, dont nous rendrons compte dans nos prochaines éditions. Le comité de soutien aux prisonniers -qui se réunit le premier samedi de chaque au siège du journal recherche également des correspondants pour les prisonniers et pour diverses initiatives. N’hésitez pas à le contacter. Pour les versements (en précisant “victimes de la répression”).
Adressez vos chèques à CDES, 7 rue St Remésy, 31000 Toulouse à l’ordre de CDES, CCP 3 087 21 H