Lu sur
Jura libertaire :
"Le matin du lundi 19 juin, à 9 heures
les flics ont investi le squat de la Schapenstraat(Squattus Dei). Ils étaient porteurs d’un mandat d’expulsion immédiate. Ainsi la procédure habituelle (c’est à dire un délai de 24 heures pour évacuer le bâtiment avant l’expulsion) n’était donc pas
d’application, et personne n’était prévenu. Personne n’était sur place de l’expulsion, il n’y a donc pas eu d’arrestations lors de celle-ci.
Vu que la police a été assez maligne pour prévoir l’expulsion un lundi en pleine période d’examens (elle était possible depuis février), la manifestation annoncée pour le soir même du jour de l’expulsion a été postposée au vendredi soir. Chose qui arrangeait assez mal la commune qui a dû ajourner la remise de la médaille de mérite aux membres de l’asbl Maktrock, tout comme le déploiement des stands pour l’événement de shopping ‘De Langste Dag’, qui n’a pu commencer que le samedi matin («sinon les squatteurs pourraient les utiliser comme projectiles»).
Pour finir on a également obligé les cafés sur le Grote Markt de ne pas
ouvrir leurs terrasses le vendredi soir.
Les médias saisissent quelques évènements nocturnes pour faire monter
la tension dans les jours précédant la manifestation. La nuit du lundi
des containers et des poubelles sont enflammés, les flics trouvent
également une bombe de couleur rouge «utilisée pour peindre des slogans
et des symboles anarchistes sur des murs et des containers». La nuit
suivante c’est deux voitures qui brûlent. Il s’agit de la Porsche 911
d’un avocat de Louvain et de l’Audi A4 d’un manager allemand. Une
Mercedes qui était stationnée près de la Porsche est également
endommagée. Les flics lient ces évènements à ceux de la nuit
précédente. La nuit de mercredi, le feu est mis aux joints (?) d’une
grue d’un chantier dans la Diestestraat. Flics et médias sont d’accord
qu’il est «très probable» que ces actions sont des faits du «mouvement
squat». Les flics utilisent des civils (déguisés en étudiants à vélo)
pendant ces nuits pour arrêter et fouiller les personnes avec un look
«alternatif».
La
stratégie de dissuasion continue le jour de la manifestation. Dans le
cours de la journée différentes personnes sont fouillées sur base de
leur apparence. Cela n’empêche pas que pendant la journée différents
croisements sont bloqués par des rassemblements spontanés (des tracts
sur le Squattus Dei et la manifestation sont distribués) Dans
l’après-midi des banderoles sont accrochées aux ponts sur le ring de
Louvain. Entretemps des fourgons de police quadrillent la ville et un
hélicoptère survole la ville. Vers 18h le Grote Markt est évacué et
vérouillé avec des chevaux de frise et des flics anti-émeute. Des
dizaines de personnes sont arrêtées autour de la gare sans raison
aucune sauf, encore, leur apparence. Des gens commencent à se grouper
sur la Fochplein (à côté du Grote Markt), un bus plein d’arrêtés fait
le tour de la place. Peu
après 20 heures la manifestation démarre avec quelques 400 participants
(la plupart des gens s’y joignent dans les premières rues où elle
passe). À travers la Tiensestraat, la Houverplein et la Ladeuzeplein la
manifestation se rend dans la Leopold I-straat, où se trouve une
résidence étudiante (Steenberg) de l’Opus Dei. Le bâtiment est bombardé
avec des bombes de peinture (et pas avec des pierres comme le
prétendent flics et médias). Ensuite la manifestation emprunte la Bondgenotenlaan
pour se diriger vers le centre, là des fourgons de flics anti-émeutes
arrivent à toute vitesse pour barrer la route. Les manifestants
prennent ensuite la Diestestraat et la Vital Decosterstraat vers la
Rijschoolstraat où les flics barrent la route vers le palais de
justice. La manifestation tente de franchir le barrage, mais la
tentative échoue, sur quoi les manifestants continuent de suivre la
Vital Decosterstraat. Sur le Vismarkt il y a une nouvelle tentative de
rejoindre le centre par la Mechelsestraat, mais là aussi les flics sont
plus rapides. Les flics anti-émeutes utilisent leurs matraques et du
gaz lacrymogène pour repousser les manifestants qui essayent de forcer
le passage (les médias parlent d’une «pluie de pierres» à ce moment, ce
qui est un grand honneur pour les quelques pierres qui ont volé).
Quand la manifestation bouge vers la Brouwersstraat elle risque d’être
coupée en deux, mais les flics ne sont pas assez nombreux sur place
pour former une ligne solide. Ensuite ça continue dans la Fonteinstraat
qui est verrouillée devant et derrière par les flics. Par quelques rues
latérales la manif rejoint de nouveau la Brouwersstraat et traverse le
Bruul et quelques petits passages pour rejoindre la Donkerstraat. La
manif, suivie par les fourgons, se fait bloquer sur le pont au-dessus
du ring. Seule issue, le ring. À ce moment, de nombreux journalistes
sont bloqués par les flics. Sur le ring, les flics parviennent à
encercler et à arrêter de nombreuses personnes. Ils font abondamment
usage de leurs matraques et les gens qui se retrouvent tous par terre
se prennent des coups violents. Une partie des gens cavale par les
buissons, poursuivie par les flics. Des dizaines de personnes
rejoignent le squat de Vaartkom, quelques trente entrent. Le reste des
manifestants et voisins sympathisants est chassé de la place, certains
se font arrêter. Le bâtiment est encerclé et à plusieurs reprises il y
a des menaces d’expulsion. Finalement la plupart des fourgons partent
vers 1 heure, après 3 heures de siège. Dans le reste de la ville
pendant toute la nuit des groupes de gens sont emmerdés et arrêtés par
la police.
En tout quelques 100 à 150 personnes sont arrêtées administrativement.
Ils arrêtent également des gens qui vont au commissariat pour se
renseigner au sujet de leurs amis arrêtés. Les sources officielles
parlent de 250 flics mobilisés.
Pour
tous ceux présents il est clair qu’il s’agit clairement d’une
répression violente et totale d’un rassemblement assez pacifique.
Malgré l’attitude dure et provocante des flics le monopole de violence
de l’État n’est pas vraiment remis en question (ndt. Dommage !).
De nombreuses personnes sont arrêtées sans raison et la matraque est
utilisée avec beaucoup d’enthousiasme. Les médias couvrent le tout avec
des mensonges sur l’utilisation de pierres de la part des manifestants
et la violence des flics est présentée comme «intervention». La
violence venait d’eux. Comme le disait un slogan durant la manif :
«This is what democracy looks like»…
Pour
finir, des nouvelles d’actions de solidarité à l’étranger. Ainsi à
Dublin un bâtiment de l’Opus Dei est attaqué avec des bombes de
peinture. À Zurich c’est le consulat belge qui subit le même sort,
ainsi que des graffitis sur sa façade. Il y a également des messages de
solidarité sur différents Indymedias européens.