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L'En Dehors


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CHOMEUSE mais DIGNE, lettre à mon référent ANPE
--> Reçue sur notre boite, cette copie d’un courrier d’une précaire à son référent.

lu sur collectif-rto : " A propos de ma situation et de mon rendez-vous du 23 février  Monsieur, J’ai bien reçu votre convocation à un rendez-vous mensuel concernant ma recherche d’emploi le vendredi 23 février prochain à 10h15, puis votre courrier rappelant ce rendez-vous et faisant état de ma formation actuelle et insinuant que donc je ne serais peut-être pas à la recherche d’un emploi. Peut-être n’étaient-ce que des courriers générés automatiquement par un ordinateur, mais leur contenu est cependant adressé à un être humain, moi-même. Ne pouvant répondre à un ordinateur, je m’adresse à vous, auprès de qui je suis convoquée, pour vous prévenir que je ne me rendrai pas à cette convocation, en raison d’une indisponibilité manifeste, due à une réaction épidermique entraînée par tant de facéties.

Je tiens en outre à énoncer quelques points auprès de vous, mon "conseiller référent".

Je suis effectivement en formation, formation que j’ai entreprise précisément dans la mesure où je ne ne trouvais pas d’emploi, formation que j’ai trouvée seule, que je finance intégralement seule, qui n’est aucunement rémunérée, et qui ne me donne aucun statut particulier. C’est pourquoi je peux vous affirmer que je suis néanmoins à la recherche d’un emploi, à temps partiel, il faut bien tenter de subvenir un minimum à ses besoins, tout en menant à bien cette formation.

Je souhaite attirer votre attention sur le fait que je ne trouve aucun emploi à temps partiel compatible avec cette formation, dans la mesure où les annonces proposées à la consultation sont dans tous les cas des emplois extrêmement précaires, consistant à venir deux heures le matin, deux heures l’après-midi (au mieux), ou nécessitant plus de temps pour décrocher le contrat que pour exécuter la tâche demandée (contrat d’un jour voire d’une demi-journée, avec des changements de dates au dernier moment - je l’ai expérimenté, comme quoi je cherche -, etc.). Et je ne parle pas des salaires de misère qui accompagnent ce morcellement du temps, de la vie, de l’être...

Cela n’est pas de votre fait, je le sais, transmettez donc si vous le souhaitez ces observations à votre hiérarchie, seule responsable de cette triste farce, dans la mesure où elle accepte de publier de telles "offres". Même si je n’étais pas en formation, je ne considérerais pas cela comme des offres d’emploi mais comme des demandes d’esclaves de la part de patrons peu scrupuleux du respect d’autrui. Il est consternant de voir que ce type d’annonces soit considéré comme proposable, tant elles sont irrespectueuses envers les personnes et tant elles les nient dans leur humanité même. Avoir besoin d’argent pour vivre ne devrait jamais entraîner de devoir y laisser sa dignité, sa santé et/ou sa vie personnelle.

N’ayant plus aucune indemnité depuis plusieurs mois, et les annonces proposées à la consultation par votre agence (que je suis allée chercher, répertorier, lire, noter, et auxquelles j’ai parfois répondu, ce qui démontre bien que je cherche !) ne correspondant pas à mon profil pourtant largement polyvalent (mais il faut dire que même pour être caissière il faut un diplôme spécifique, ce qui est tout de même un peu fort !), je ne nécessite effectivement pas les services de l’ANPE, services qui consistent plus en un contrôle policier et en une inquisition qu’en une aide quelconque. Je suis tout à fait apte à "construire mon parcours de retour à l’emploi", ma formation actuelle faisant partie de ce parcours, et ce n’est pas l’ANPE qui m’y a aidée, bien au contraire : aucune aide financière pour faire cette formation, aucune autre alternative proposée, et maintenant menace de radiation.

Et bien sachez que vous pouvez suspendre mon inscription en tant que demandeur d’emploi si vous le souhaitez, mais notez que je suis pourtant bel et bien au chômage, à la recherche d’un emploi, le fait que j’aie entrepris une formation constituant, il me semble, un "élément attestant de ma bonne volonté et de mes efforts". Cela vous déchargera d’un rendez-vous mensuel, cela participera à entretenir le mensonge quant au nombre réel de chômeurs, et cela me privera d’un éventuel futur "emploi aidé" (en fait c’est le patron qui est aidé) dans la mesure où je ne pourrai plus justifier de plus d’un an d’inscription sur la "liste des demandeurs d’emploi". Dans tous les cas, c’est moi l’unique perdante, mais ça va, le moral est là, merci bien.

Je souhaite de signaler, pour terminer, qu’au vu de mes diplômes, je pourrais théoriquement diriger une agence locale de l’ANPE (après passage du concours, bien sûr). Mais il est clair que je ne peux, d’un point vue tant éthique que moral, ne serait-ce qu’envisager de participer à cette entreprise visant à instaurer la terreur parmi les pauvres et à alimenter le grand mensonge des chiffres du chômage, au moyen de la chasse, des menaces et du mépris dirigés envers les chômeurs qui de victimes d’un système au sein duquel le travail est érigé comme seule vertu salvatrice à tous les maux deviennent, grâce aux discours politique et médiatique, les propres artisans de leur condition miséreuse, voire des parasites de la société.

Si je ne trouve pas d’emploi, c’est d’une part parce qu’il n’y a pas d’emploi digne de ce nom qui soit proposé, et d’autre part par ce que je refuse d’accepter des postes qui n’en sont pas. J’ai la chance d’avoir un entourage social qui me permet de refuser ces offres d’esclavage, et je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde. C’est précisément pourquoi je me permets de souligner ces diverses remarques, une fois de plus non dirigées vers vous personnellement, je ne me permettrais pas de vous juger, mais qui doivent être rappelées de temps en temps au risque de laisser croire que notre formidable système sociétal est parfait, ce qui est bien sûr loin d’être le cas, et il semblerait que cela ne risque pas de s’arranger...

Je vous souhaite bien du courage dans votre tâche, et espère que vous parvenez à l’accomplir dans la sérénité.

Recevez, cher Monsieur, l’assurance de mes sentiments distingués,

M. A., chômeuse mais digne.


Ecrit par patrick83, à 14:15 dans la rubrique "Le privé est politique".

Commentaires :

  Rakshasa
23-02-07
à 15:19

Digne de quoi ?

Pourquoi devoir justifier auprès de ces petzouils de l'ANPE qu'on est en recherche d'emploi quand on décide d'accepter de se faire radier?  On peut tout aussi bien leur dire: " j'en ai rien à carrer du travail et de la recherche d'emploi".
Le "chomeuse mais digne" c'est pour le refus de l'esclavage ou parce qu'elle recherche un emploi, elle ?
Bref, les collectifs de chômeurs et leur indécrotable identitaire sur fond de dogme du travail...
Tra ! Tra ! Tra ! Tra-vail ras-l' bol !
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
23-02-07
à 15:26

Re: Digne de quoi ?

A autant pour moi, ici c'est un courrier venant d'une initiative personnelle. Enfin, ça n'enlêve rien à ce que j'en dis des collectifs de chomdu. 
Répondre à ce commentaire

  satya
23-02-07
à 18:02

Re: Re: Digne de quoi ?

un peu facile aussi de cracher dessus non?

je suis au chômage depuis 2 ans maintenant, le harcèlement est incroyable et j'en ai plus que raz le bol, me faire radier bonne idée, mais après dis moi, je peux loger et vivre chez toi (ah faut que j'avoue, j'ai plein de problèmes de santé alors je serais même pas exploitable, désolée)????

c'est pas le travail dont j'ai besoin mais du fric tous les mois, car sans fric je n'arrive pas à vivre (déjà qu'avec le peu que j'ai c'est pas brillant !!!)
 les collectifs de dissidents ça n'existe pas aujourd'hui, la solidarité n'existe pas et devient de plus en plus uniquement liée à des organismes religieux: bref, je fais quoi selon toi?? je m'empresse de crever pour foutre la paix à la société et aux rapaces qui n'hésitent pas à marcher sur les plus faibles, oubliant qu'un jour ou l'autre c'est peut être eux qui seront mal en point ???
le jour, où une véritable économie parallèle existera et permettra au gens d'avoir le courage de dire: "radier moi je n'en ai rien à faire" et que cela ne soit pas une tentative de suicide alors, peut être bien qu'il y aura  pas mal de surprises...
on est tous des isolés et avec ça ils nous coincent tant qu'ils le veulent.
en ce moment j'ai des tas de problèmes à cause du décès de quelqu'un de très proche et tu veux que je te raconte??
l'enfer je suis en train de le vivre non seulement de la part de la société car je n'ai pas un véritable accès à la justice, mais également parce que les rapaces en face de moi contre qui je dois me battre et bien figures toi que ce sont des précaires comme moi.

c'est à se demander si ça n'arrange pas tout le monde que l'on soit obligés ou de bosser ou de crever voir de s'entretuer !!!
Répondre à ce commentaire

  Rakshasa
23-02-07
à 18:13

Re: Re: Re: Digne de quoi ?

Je crache sur les collectifs de chomdu en connaissance de cause. Satya, je ne m'étendrai pas plus sur le sujet ici, je te renvoie à mon blog pour un court échange que j'ai eu avec quelqu'un d'AC!:
 http://rakshasa.joueb.com/news/50.shtml
Que crêve l'identitaire chômeur comme celui de travailleur !
Répondre à ce commentaire

  satya
23-02-07
à 18:47

Re: Re: Re: Re: Digne de quoi ?

en fait, c'est un coup de colère et de raz le bol de ma part..

de véritable collectifs de chômeurs dans ce pays ça n'existe pas!!
ici dans ce département c'est un salaud du ps qui a le controle total, il l'a juste utilisé pour salarier sa femme et cela empêche les chômeurs d'avoir une autre approche ou une autre réflexion et surtout cela les empêche de se regrouper et de solidariser. c'est ce que j'appelle le vérouillage politicien et ac et autres assos sont dans la même optique.

il suffit de voir le mec des enfants de don quichotte, ce type qui est un acteur ne représente absolument pas les sdf, il a juste fait un show médiatique et cependant, il se permet aujourd'hui "d'accepter" des propositions au rabais sur le logement venant de l'état.
c'est à vomir !!!

Répondre à ce commentaire

  ibubolo
24-02-07
à 13:49

Re: Re: Re: Re: Re: Digne de quoi ?

on avait envie de créer des agences pour quitter le monde du travail ; conseils, mise en relation, réseau économique, solidarité, fonds d'urgence.

le but serait que chaque membre du réseau puisse se passer définitivement du travail

ici et maintenant !.
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  ibubolo
25-02-07
à 21:39

travail et anarchie

là aussi, j'ai l'impression qu'il y a d'autres priorités...


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  Anonyme
15-03-07
à 18:11

Re: Digne de quoi ?

Digne de quoi? Digne tout court : digne dans ma vie. On nous rebat les oreilles à longueur de journée qu'on perd notre dignité quand on est au chômage, c'était pour dire que non, pas du tout! La dignité, je l'entends comme l'amour propre, se respecter soi-même. Et précisément on ne se respecte pas soi-même dans le salariat.
Alors oui, ici le "chômeuse mais digne" c'était bien dans le sens du refus de l'esclavage.
Pourquoi répondre à l'ANPE? Ben, comme ils m'envoient des courriers pourris où on est sans cesse accusé de tous les maux et qu'on est considéré comme de la merde inutile, c'était pour leur dire mon ras-le-bol, rien de plus. C'était pas une justification, je n'ai pas de comptes à leur rendre. Mais j'avais une heure devant moi, donc je leur ai écrit quelques trucs que beaucoup de chômeurs pensent et ressentent sans jamais le leur dire. Ils cherchent du travail? J'ai envie de leur dire "tant pour toi", c'est pas en travaillant qu'on s'épanouit, qu'on vit, qu'on est bien. C'est tout le contraire. Personnellement, je vis très bien mon chômage, j'ai même démissionné de mon dernier boulot tellement c'était bien, et je suis une fervente practicienne du chômage heureux, j'ai tellement de trucs à faire que je n'ai franchement pas le temps d'aller faire un boulot à la con pour gagner une misère et dire merci à mon exploiteur.
Ton "j'en ai rien à carrer du travail et de la recherche d'emploi", oui, c'est le fond de ma pensée, comme quoi on est d'accord là-dessus. Après, ma lettre, je l'ai rédigée selon leur code, comme un exercice d'écriture plutôt marrant, et qui me permettais de leur dire deux trois choses. Rien de plus. Ma réflexion sur le travail est autre que cette lettre qui ne traitait pas du travail lui-même mais des pratiques de l'ANPE et qui était destinée à mon conseiller référent. Ma pratique du chômage me permet notamment de militer contre le travail et son idéologie, et rien que ça... c'est un travail énorme!


Pour l'abolition du travail!
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