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La scène se passe dans un sous-sol bétonné éclairé au néon. Un homme, de dos, en chemise blanche et pantalon kaki remonte un couloir étroit. Il porte sur un bras un plateau sur lequel sont posés une cruche, un pain et quelques galets de fromage de chèvre ou de brebis.
De sa main libre, le gars déverrouille une porte de bois brun.
Il pénêtre dans une pièce chaulée sans fenêtre où, assise sur un lit de fer, une femme l’observe gravement.
- Ho ! dis-donc, Florence, c’est la fête aujourd’hui ! mille fanfares en France ! mille fanfares rien que pour toi !
- …
- Eh quoi ? t’aimes pas ça, la fanfare ?
- …
- Oh ! vous les intellectuels, vous aimez que la grande musique, comme vous dites ! et le jazz ! maudite soit l’Amérique !
- …
- Non, sérieux : au début, on s'disait, celle-là, elle écrit dans Libération, un journal français, que presque personne connaît hors des frontières, elle vaut quoi ? allez, cinq cent mille dollars ou euros, hein ? moins, c’est même pas la peine qu’on se mouille !
- …
- Comme ça couvrait tout juste les risques, on a décidé de faire le silence radio pendant près de
de deux mois, histoire de faire grimper les enchères...
- …
- Ben, t’es moins loquace que tes confrères, on peut pas dire ! à les écouter, on a l’impression que tu prenais le café tous les matins avec la France entière ! Bah ! venant d’un milieu aussi prétentieux qu’égocentrique, tant d’altruisme laisse rêveur ! mais, du moment que ça rassure la clientèle…
- …
- Où j’en étais ? ah ! oui ! ça a marché au-delà de nos espérances ! quel succès ! des portraits grand format partout ! une soirée de gala à l’Olympia ! une vraie vedette que t’es devenue ! parlent tous de toi avec l’air d’y penser même en se brossant les dents ! paraît que t’as des contrats qui t’attendent chez tous les éditeurs ! c’est fou comme de rien du tout, on devient très important chez vous dès qu’on fait vendre quelque chose !
- …
- Bon ! que ça te plaise ou pas, otage, c’est un super plan pub pour tout l’monde, sauf pour celui qui morfle, évidemment ! et maintenant, mille fanfares ! mille ! Dis donc, si on touche pas vingt briques grâce à toi, c’est à désespérer des hommes !
- …
- Ouais… On a tort de prétendre que les femmes sont bavardes ! Je vais te dire : si on te garde jusqu’à l’automne, je vois bien la sortie d’un film avec, attends, Nathalie Baye –tu lui ressembles un peu- et Gérard Depardieu dans le rôle d’Hussein ; lui, il est moins ressemblant, mais au moins le grand public sait qui c’est. On pourrait t’intéresser aux bénéfices, qu’est-ce que t’en penses ?
- Je hais la société du spectacle !
Mathias Delfe
Commentaires :
libertad |
Au-delà de l'exploitation médiatique de cette affaire, au-delà d'une profession corporatiste qui s'intéresse à une otage parce qu'elle est journaliste et oublie une autre otage en Colombie, il reste une femme seule, emprisonnée et qui risque sa vie, elle n'est certe pas responsable du tapage fait autour d'elle.
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Anonyme 13-03-05
à 20:47 |
Re: Tout bonHem... Cher Libertad, c'est exactement ça le sujet de cette sotie, l'exploitation médiaticopoliticommerciale d'un individu qui n'a rien demandé (qu'il accepte ou non le jeu ensuite, c'est un autre problème) ! tu décodes pour les mal-comprenants ou quoi ? Delfe Répondre à ce commentaire
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libertad 13-03-05
à 22:13 |
Re: Re: Tout bon
Voilà : pas seulement webmasteur mais aussi décodeur pour mal comprenant, ça va être dur à caser dans la colonne de gauche !
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detred 13-03-05
à 22:36 |
Re:au contraire, on continue d'en parler d'Ingrid Bétancourt, malgré le statu quo de sa situation, et à des heures de grandes écoutes ya eu des reportages sur sa condition, avec l'intervention de la fille, du mari, de l'ex mari...( par contre je ne sais plus sur quelleS chaineS, ma mémoire c'est alzheimer bis)
preuve que les journalistes s'y interessent toujours, tu es mauvaise langue! Répondre à ce commentaire
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punkman 14-03-05
à 21:31 |
Re: Re:Je confirme c'étais sur france 3 si je me souviens bien il y a moins d'un mois
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libertad 14-03-05
à 21:46 |
Re: Re: Re:Je dirais que l'on parle d'Ingrid Bétancourt comme on parle des guides qui accompagnent les otages journalistes : parce qu'il faut bien et que ce serait vraiment trop gros si on en parlait pas. Ca démontrerait à l'évidence le corporatisme de la profession. Sur Ingrid Bétancourt les médias n'en parlaient plus du tout et il a fallu l'otage d'Irak, également une femme pour qu'on se souvienne d'elle.
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MathiasDelfe 15-03-05
à 12:34 |
Re: deux poids, deux...Ingrid Bétancourt –dont la presse évoque tout de même régulièrement la situation- cumule plusieurs handicap qui l’empêchent de devenir une otage emblématique : c’est une bourgeoise et une politique, elle n’est pas journaliste et elle est prisonnière des Farc, lesquelles bénéficient d’un évident courant de sympathie de la part des néostals, des trotskistes les plus radicaux et d’une façon générale de tous ceux qui détestent la politique étasunienne, encore censée faire la pluie et le beau temps en Amérique latine comme aux meilleurs jours de Pinochet, sauf au pays de cocagne, Cuba (en réalité, partout sur le continent se met en place une résistance « soft » au « grand frère » du Nord, mais ce début de maturité et d’autonomie politico-économique n’est du goût ni de la CIA ni des nostalgiques de Staline, qui en Colombie soutiennent qui les paramilitaires fascistes, qui les Farc). Les Farc, c’est un peu comme l’ETA : leurs méthodes n’ont plus qu’un lointain rapport avec leur objectif initial, elles ont dérivé de la lutte anti-fasciste à un banditisme badigeonné d'idéologie rance mais il se trouve toujours des « godillots » de gauche ou d’extrême gauche pour les soutenir, au nom du cher vieux passé. Cela dit, à mon sens, ce qui vaut pour Aubenas vaut pour Bétancourt : « stariser » un otage fait monter sa valeur de transaction et ses ravisseurs ne le libéreront plus rapidement que s’ils estiment avoir tiré le jackpot. Et puis, dans une société libérale par ailleurs impitoyable (les expulsions de printemps commencent aujourd’hui dans l’indifférence quasi générale), tant de compassion gratuite et de solidarité neuneu force le dégoût (enfin, le mien). Répondre à ce commentaire
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à 19:35