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Je suis effaré par ce rapport qui transforme les délinquants potentiels en malades réels puisque on va leur donner leur bonbon-ritaline.
Pourtant TF1, en interrogeant la rapporteuse du rapport, n’en a montré que le côté positif...
Oui, mais cela s’incrit plus largement dans la préparation actuelle et médiatique envers les Français pour faire de la camisole chimique une prévention. Il y a au moins un sujet tous les 10 jours à la télé et dans les grands médias. France 2 a comparé le système français avec le systéme canadien qui fait prendre des pilules à des enfants de 6 ans potentiellement délinquants (sic). Fr3 s’est demandé si cela ne favorise pas les industries chimico-pharmaceutiques mais en parlant quand même d’une solution. "Cerveau et psycho", journal bimestriel d’habitude sérieux, a un article ce mois-ci sur la prévention de la délinquance : leur solution, des psy pour les enfants avant 3 ans !
Et vous, Docteur François, que pensez-vous de ce rapport ?
Le rapport de l’INSERM sur « le trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent » recommande un dépistage dès l’âge de trente-six mois du syndrôme d’hyperactivité ! Et les laboratoires poussent justement à la consommation (en ce qui concerne la ritaline, c’est Ciba-Geigi, filiale de Novartis) et cherchent à envahir l’Europe quand la FDA [2] et Bush en personne viennent de restreindre la liberté de prescrire ce médicament au vu des dégâts provoqués. Et dans ce rapport il n’y a rien sur la montée de l’angoisse chez les enfants dans la "société libérale avancée"...
Docteur Vincent ?
De plus la ritaline, "amphétamine-like", avec ses effets secondaires (insomnie, dépendance, dépression...) incite à prendre de nouveaux traitements tels les somnifères. Très bon pour les laboratoires pharmaceutiques qui n’ont même plus besoin de promouvoir ces drogues légales et qui leur permet des économies de pub. Un enfant n’aura plus de droit de manifester d’opposition à ses parents, car à la moindre velléité de rébellion on va dire qu’il souffre de "trouble oppositionnel avec provocation" ( TOP). Ce Top se rajoute au "trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité", pour lequel la ritaline est déjà prescrite, dans la classification américaine du DSM IV [3] des troubles psychologiques, classification où le moindre mouvement d’humeur peut être catalogué comme pathologique.
Une conclusion, docteur François ?
Il n’existe pas de médicament sans effets secondaires possibles, ou alors ce n’est plus un médicament. Mais c’est vrai qu’il y a de quoi être inquiet au vu des dégâts aux USA et au Canada qui consomment 90% de la ritaline. 8 millions de gosses et d’ados des USA sont sous psychotropes ! La France est déjà, et de loin, le pays le plus consommateur de psychotropes pour les adultes. Veut-on aussi "shooter" nos gosses ?
Sur ce thème, on peut lire la publication canadienne sur le "Développement de l’agressivité physique depuis la jeune enfance jusqu’à l’âge adulte, R. Tremblay
[1] INSERM, expertise collective : Troubles des conduites chez l’enfant et l’adolescent. Rapport téléchargeable au format pdf ici.
[2] FDA : Food and Drug Administration, l’équivalent étatsunien de notre ministère de la santé.
[3] DSM : Diagnostic and Statistical Manual of mental disorders = Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux.