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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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« Bonjour paresse - De l’art et de la nécessité d’en faire le moins possible en entreprise »
Lu sur Noire Atlantique : "Tel est le titre de ce pamphlet que nous offre cette économiste de formation, salarié d’EDF. En une centaine de pages, elle dépeint l’univers de la grande entreprise, rayon « cadres »... Et c’est jubilatoire ! Oubliez les discours ronflants sur l’entreprise (lieu de l’épanouissement personnel), les challenges à relever et tout ce qui les accompagnent (motivation personnelle, flexibilité, souplesse) et prenez ce discours pour ce qu’il est : de l’idéologie !



Le monde de l’entreprise est le monde de la novlangue où sigles, néologismes et anglicismes s’entrechoquent en un fatras incompréhensible pour le commun des mortels : et c’est le but recherché !

Dans l’entreprise, le mensonge est une vertu. Pour réussir, il faut donner le change, adhérer aux valeurs de l’entreprise, ce « micropatriotisme » de pacotille ; et affirmer qu’on travaille, non pour réaliser son Moi profond, mais pour le chèque mensuel, cela fait mauvais genre. C’est peut-être pour cela que l’éthique s’en mêle : « L’éthique, ce mot-lessive, est utilisé à tout instant pour laver les consciences sans frotter ». L’entreprise devient citoyenne, le développement évidemment durable et les placements boursiers, éthiques.

C. Maier n’y va avec le dos de la cuillère quand elle décrit avec férocité le petit monde des cadres : « nous sommes managés par des homo economicus cretinus, forme la plus aboutie et la plus répandue de l’homme nouveau engendré par l’entreprise ».

Bref, vous l’aurez compris, la charge se fait au vitriol et chacun en prend pour son grade.

Alors, que faire pour changer tout cela ? Rien !

« Inutile de vouloir changer le système, s’y opposer c’est le renforcer ; le contester, c’est le faire exister avec plus de consistance » écrit-elle. À la lutte, elle préfère les stratégies de fuite individuelle : en faire le moins possible, se glisser dans les postes les moins exposés (les planques ou les placards)... C’est en cela que la conclusion de ce pamphlet m’irrite.

S’opposer à un système ne le renforce pas. Cela l’oblige à des compromis, à des concessions, à renégocier les termes de la domination entre « ceux qui ont » et « ceux qui n’ont pas ou peu » ; cela l’oblige à entamer un nouveau processus de légitimation.

Contester un système ne lui donne pas plus de consistance. La plupart des salariés ne sont pas dupes. Ils vivent dans leur chair la « consistance » dudit système (les médecins du travail peuvent en témoigner). Ce n’est pas par la fuite individuelle que les salariés ont vu durant des décennies leurs salaires augmenter et leurs conditions de travail s’améliorer. C’est par la lutte et par le désir de révolution, au quotidien, avec ses victoires et ses défaites, ses joies, ses insatisfactions, ses frustrations.

C. Maier fait partie de ces classes moyennes « éclairées » chez lesquelles le cynisme et l’individualisme ont pris la place de l’appel à la Révolution et de l’engagement collectif. Ces classes moyennes éclairées sont évidemment moins antipathiques que leurs coreligionnaires abrutis de consommation, de suffisance et de mépris pour les classes subalternes. Mais qu’elles soient rétives à l’idéologie dominante ou qu’elles en soient imbibées jusqu’à l’os, ces classes moyennes, pour reprendre les mots du sociologue Alain Accardo, « n’ont pas vocation à combattre la domination sociale mais au contraire à y participer pour aider à son accomplissement et en tirer quelques bénéfices pour leur part. »

Or ces classes moyennes, du fait de leur poids numérique, social et culturel, sont devenues le « vecteur potentiel du changement social » (A. Accardo) en lieu et place d’un prolétariat maltraité et déboussolé par les nouvelles formes d’organisation scientifique du travail et la fin du communisme. Et c’est peut-être pour cela que notre monde est aussi peu affriolant.

N’en concluez pas qu’il ne faut pas lire ce pamphlet souvent impertinent et drôle. Bien au contraire, lisez-le comme l’une des formes que peut prendre la critique sociale en ce début de xxie siècle.

patsy

Corinne Maier (éditions Michalon, 2004)
Ecrit par libertad, à 23:37 dans la rubrique "Pour comprendre".



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