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Lu sur IndyMedia-Paris :
Dans le cadre de l'enquête sur le lynchage collectif du maire de Ayo Ayo pour corruption en mai 2004, action de justice communautaire aymara, un des dirigeants du MST de Bolivie et un des protagonistes de la récupération d'une hacienda de l'ex président bolivien Sanchez de Lozada en octobre 2003 a été incarcéré le 12 août 2004. Les organisations sociales ont déclaré être sur le pied de guerre.
LIBERTE POUR LE FRERE GABRIEL PINTO
Comme il y a des siècles, comme il y a 10 ans, comme il y a 5 ans, aujourd'hui à nouveau, les personnes simples et travailleuses exigent la liberté de leurs soeurs et frères qui ne se sont soulevés que pour réclamer travail, justice et dignité. Comme toujours, l'Etat excluant et les élites insensibles méprisent la société indigène et laborieuse qui n'a d'autre moyen pour être entendue que la protestation.
Ceci est la tragédie d'une république dessinée pour la jouissance de quelques uns et le silence et l'abandon de la grande majorité. Aujourd'hui, malgré les libertés démocratiques, les élections et l'institutionalisation politique, ce terrible fossé entre gouvernants et gouverné n'a pas disparu, il a seulement changé de forme.
Les grèves, les marches, les barrages de routes qui aujourd'hui nous préoccupent tous ne sont qu'une juste expression d'un mécontentement collectif, d'un drame social de millions d'indigènes et paysans, de milliers et de milliers d'artisans, d'ouvriers, de professionels qui n'avons pas de futur pour vivre décemment, qui n'avons pas de travail stable pour maintenir nos familles, qui n'avons pas de terres pour cultiver et qui, à cause de notre nom et de notre culture, sommes condamnés à être des citoyens de quatrième ou cinquième catégorie.
Ce divorce entre ceux d'en haut et ceux d'en bas, entre indiens et métisses, entre orient et occident, entre riches et pauvres, ne se solutionne pas avec des tanks et des balles, ni avec des menaces et des "achats de consciences". Il est nécessaire de construire un nouveau pays, dans lequel tous soyons égaux, sans qu'il importe la langue, la couleur de peau, le nom ou le lieu de naissance ; il est nécessaire d'adopter une nouvelle économie dans laquelle tous puissions développer dignement nos capacités et que personne ne monopolise la richesse produite par l'effort de tous ; il est nécessaire une nouvelle politique dans laquelle l'individualité et la collectivité soient reconnues comme sujets politiques avec la possibilité d'influer les décisions publiques ; enfin il est nécessaire que le gouvernement exprime les intérêts de la société et qu'il ne soit pas son ennemi, comme il l'est jusqu'à maintenant. Pour tout cela nous voulons dénoncer que la détention de notre camarade Gabriel Pinto représente pour nous ceci :
1. C'est une tentative de CRIMINALISER la protestation sociale qui s'est développée à partir de l'occupation de l'hacienda de Kollana (propriété de l'ancien président Sanchez de Lozada) de la part d'habitants de la zone et de frères du MST, avec le signal clair que l'heure d'exproprier les riches et puissants qui de manière illégale et corrompue ont dépossédé d'immenses zones de terre et de territoire à leurs légitimes propriétaires avait sonné.
2. L'existence d'un appareil judiciaire, mis en place, structuré et maintenu par le "gonisme" (du nom de l'ancien président Gonzalo Sanchez de Lozada) et les partis politiques néolibéraux qui en subordination absolue aux chefs des mafias partidaires et entreprenariales, rend impossible l'application d'une véritable justice contre les délinquants en cols blancs qui ont assassiné et volé le pays comme Sánchez de Lozada y Kukoc, entre beaucoup d'autres, et qui maintenant marchent dans les rues ou sont en postes dans l'appareil d'Etat ou les entreprises, en absolue impunité. 3. Nous ratifions qu'à partir de maintenant et avec la plus grande force, nous continuerons à lutter pour une véritable JUSTICE qui soit COMMUNAUTAIRE, nous nous engageons a démanteler la justice corrompue qui n'emprisonne que les pauvres et couvre les riches et les puissants.
4. Nous déclarons la guerre totale à l'impunité, l'injustice, l'incompréhension et comme dans toute guerre nous sommes prêts, pas seulement avec des idées ni avec des bâtons et des pierres.
LIBERER LE FRERE GABRIEL PINTO EST LIBERER LA VOIX DU PEUPLE, EST L'ACTION COLLECTIVE POUR LA CONSTRUCTION D'UN NOUVEAU PAYS AVEC UNE NOUVELLE JUSTICE
Angel Durán (Mouvement des Sans Terres de Bolivie), Felipe Quispe (Confédération Syndicale Unique des Travailleurs Paysans de Bolivie), Oscar Olivera (Coordination pour la Défense du Gaz)
Chuquiago Marka agosto 12 de 2004