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La grève s’installe dans certaines secteurs clés de l’économie, comme dans les raffineries, le rail, l’énergie, mais aussi dans les facs et les lycées. A nous de la généraliser ! C’est en organisant des assemblées générales massives dans nos boîtes que nous nous donnerons confiance avec nos collègues pour nous engager dans la grève. Pour que des départs en grève tiennent sur la durée, il est crucial de rompre l’isolement entre secteurs professionnels, en mettant à profit les débrayages pour faire des tournées de services et d’entreprises, en organisant des coordinations interprofessionnelles de grévistes, en organisant la solidarité entre et avec les grévistes.
En l’absence de grève générale pour le moment, la grève reconductible dans ces secteurs clés est le pilier qui soutient les actions de l’ensemble des salarié-e-s. Il faut donc que ces mouvements durent, et pour cela, la solidarité des travailleurs et travailleuses est indispensable, notamment au niveau financier par la création et l’alimentation de caisses de grèves, comme cela est déjà fait à la raffinerie Total de Frandres ou à celle de Grandpuits.
Au-delà de la grève, on ne compte plus les signes que les travailleurs et les travailleuses de tous les secteurs ont vraiment envie d’en découdre. Le mot d’ordre de blocage de l’économie est sur toutes les bouches et parvient de plus en plus souvent à se traduire dans les faits, des actions les plus symboliques (une société de retraites par capitalisation à Montpellier) aux plus concrètes (routes, ponts, tunnels voire aéroports comme à Bordeaux, et bien sûr les raffineries qui font planer de plus en plus fortement la menace d’une pénurie de carburants). Pour faire plier le gouvernement, nous devons multiplier ce genre d’initiative, faire feu de tout bois pour alimenter un climat de tension sociale permanente, à un rythme quotidien ou en tout cas plus soutenu que ne le propose l’intersyndicale nationale.
Déjà, des signes que le gouvernement et le patronat sont aux abois se font sentir. Côté MEDEF, les patrons s’affolent face aux blocages de zones industrielles, comme à Amiens. Côté gouvernement, la mise en place de déblocages et de mesures de réquisition dans les raffineries sont un signe de la pression qui monte.
La répression du mouvement social, et particulièrement au sein de celui-ci, du mouvement lycéen, montre que le gouvernement a peur et qu’il est prêt à tout pour faire peur à celles et ceux qui luttent – jusqu’à crever un oeil à un adolescent à coup de flash-ball comme à Montreuil ou asperger des lycéens bloqueurs de gaz lacrymogène. Contre le gouvernement, qui s’efforce de délégitimer le mouvement lycéen, et sans doute bientôt étudiant, sous le prétexte fallacieux que les jeunes ne toucheront (peut-être…) leur retraite que dans des décennies, nous devons au contraire affirmer que les lycéen-ne-s et les étudiant-e-s, en tant que travailleurs et travailleuses exploité-e-s en formation, ont leur mot à dire sur cette question comme sur tout autre. Nous devons dénoncer la répression dont sont victimes les lycéens, et qui a pour seul but d’intimider les acteurs et actrices d’un mouvement central dans la lutte actuelle.
La possibilité et la solidité d’un mouvement d’ensemble suffisamment fort pour achever le gouvernement dépend des revendications portées par la mobilisation. Nous demandons le retrait du projet, mais au-delà de ça, quoi d’autre ? Le statu quo ? On attend 2012 en espérant qu’un soit-disant gouvernement de gauche revienne sur la réforme ? Non ! Il faut arracher tout ce que nous pouvons dès maintenant et battre le fer tant qu’il est chaud. Retrait de la loi, baisse des loyers, hausses des salaires, partage du temps de travail sont plus que jamais d’actualité.
Il faut donc, au-delà de cette réforme, remettre en cause la manière dont les capitalistes nous font travailler et organisent la société. Leur beurre, ils le font sur notre dos. Et pour eux pas de problème de retraite !
En nous mettant en position de gagner sur les retraites, nous devons pousser notre avantage pour revenir sur les régressions sociales et les lois racistes des quinze dernières années. Et penser à aller plus loin… Bloquer la production n’a de sens que si nous la reprenons nous-même en main. À l’image des ouvriers des raffineries qui proposent d’alimenter les service publics, c’est aux salarié-e-s et à la population de se ré-approprier, de décider collectivement, de nos besoins.