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Lu sur Samizdat.net : "Du 4 au 11 avril 2004 se déroule la rencontre « auto-organisation 04 » à Berlin. L’événement a pour but de rassembler squatteurs, squatteuses et autres militant-e-s pratiquant l’autogestion, pour une semaine de discussions se déroulant dans divers des lieux autonomes de la capitale, mais aussi d’actions. Après une tentative infructueuse d’organiser une Reclaim The Streets (occupation festive de la rue) la veille (vivement réprimée par la police, qui a immédiatement pourchassé les premiers participant-e-s, en arrêtant une dizaine), un second rendez-vous était-il donné ce matin du jeudi 8 avril 2004, pour un « action breakfast. »
Peu après 11h, une centaine de personnes s’est ainsi rassemblée au Kinzigstrasse 9 (ex-squat ayant ouvert un bar alternatif il y a 10 jours). Après distribution de thé et de café, le groupe s’est mis en route, pour une destination inconnue de la plupart des participant-e-s, les initiateurs/trices choisissant de ne révéler le lieu de l’action qu’à la dernière minute.
Un tramway gratuit a ainsi été réquisitionné pour l’occasion, le contrôleur du wagon se voyant réduit à l’impuissance par le nombre de passager-e-s déterminé-e-s à ne pas payer. Arrivé dans le quartier Friedrichshain, le « cortège » a été mené vers un large terrain vague, comportant plusieurs bâtiments industriels abandonnés et partiellement condamnés. Un camion attendait les manifestant-e-s sur place, rapidemment rejoint par plusieurs autres véhicules, se déployant pour installer un camp de fortune.
L’objectif apparaît alors de créer une nouvelle « wagenplatz », dans un contexte berlinois très répressif vis à vis des divers espaces libres, squats, ex-squats et autres terrains occupés. Car les expulsions ont contraint une partie des squatteurs et squatteuses à la mobilité, ceux/celles-ci s’installant dans des camions, et occupant des terrains pour y poser leurs véhicules.
Les quelques camions installés, un feu est allumé, des tables et bancs installés. Des gamelles de café font leur apparition, et divers plats sont proposés. Un espace de discussion s’improvise alors, pendant que d’autres entreprennent de construire une barricade en travers de l’entrée, faite de divers matériaux récupérés autour de l’usine désaffectée. Des banderoles sont déployées le long des grillages, sur un panneau publicitaire bordant le site, et depuis les toits des divers bâtiments.
Une assemblée est convoquée, pour organiser l’occupation et penser la résistance à opposer à une inévitable intervention policière. Mais les opinions divergent quant à la direction de l’action : alors que certain-e-s n’y voient qu’un acte symbolique de résistance dans une ville qui ne tolère aucune occupation de plus de 48h depuis presque 10 ans, d’autres souhaitent tenter d’établir un espace plus durable ; certain-e-s désirent limiter l’occupation au terrain, alors que d’autres proposent de l’étendre aux bâtiments.
Il faut presque une heure à la police pour faire son apparition. D’abord sous la forme d’agents plutôt discrets, observant l’action à distance. Puis sous la forme de plusieurs vans, qui provoquent à chaque fois de grands mouvements au sein des réunions. Divers médias, caméras et appareils photos défilent également. Puis arrivent les propriétaires, qui semblent vite hostiles à l’idée de négociations. Des débats avec les autorités ont cependant lieu par téléphone. Celles-ci exigent d’abord le départ des manifestant-e-s monté-e-s sur le toit d’un bâtiment, qui font face aux flics avec banderole et cagoules ; demandent ensuite de pouvoir rentrer sur le terrain, pour vérifier que les bâtiments n’ont pas été détériorés (alors qu’ils sont abandonnés, vides et délabrés !). Il est ensuite question d’une possibilité d’occuper le terrain jusqu’au lendemain, avec obligation de partir par la suite, mais rien n’est certain.
Il doit être entre 16h et 17h quand un hélicoptère fait son apparition, décrivant des cercles au dessus des occupant-e-s. Ce n’est qu’un quart d’heure plus tard que les flics pénètrent discrètement le terrain, avec quantité de véhicules et de policiers casqués, alors qu’une assemblée bat son plein. L’effet de surprise provoque une dispersion paniquée, divers groupes se précipitant vers les sorties, le gros des gens n’ayant pas le temps d’échapper aux flics, qui se déploient rapidemment et encerclent les occupant-e-s, les immobilisant. Les flics emmenent ensuite les personnes au compte-goutte à travers un dédale de camions policiers, pour un contrôle d’identité, une fouille et une prise de photo. Les camions sont passés au peigne-fin, les flics allant jusqu’à inspecter les pneus. L’opération dure plus d’une heure, la police justifiant le fichage en affirmant que toutes les personnes contrôlées sont suspectées de « dommages à la propriété. » Tout le monde est relâché, mais avec interdiction de retourner dans le quartier d’ici le lendemain, et de se rassembler.
A 19h, il ne reste plus que quelques camions, progressivement autorisés à partir, et plusieurs véhicules de la police, occupés à défoncer les reste de barricades. De nouvelles barrières sont placées le long du terrain, et le site peut à nouveau sommeiller… pendant que diverses personnes demeurent sans endroit où s’installer !
Photos de l’occupation : http://de.indymedia.org/2004/04/79677.shtml
Photos de l’expulsion : http://de.indymedia.org/2004/04/79690.shtml
Vidéo du début de l’expulsion : http://free.pages.at/polski/briks/schlachthof_divx412_180x144.avi