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L'En Dehors


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Banlieues : une révolte spontanée
Les émeutes qui ont secoué les banlieues des grands centres urbains en France, sont l'expression d'une révolte populaire spontanée. C'est maintenant officiel, à qui pouvait encore en douter; les RG viennent de rendre leur rapport, démentant ainsi les propos du ministre de l'Intérieur dont ils dépendent. Point n'est besoin de lire ce rapport pour se rendre à cette évidence.


Les injustices (inégalité d'accès au travail, au logement, aux droits, etc.) ont poussé les plus démunis, et les plus fragilisés, dans (expression de la colère et du désespoir. Car ce sont bien les règles de la compétition capitaliste qui justifient le maintien de populations dans la précarité, dans des cités qui peuvent devenir des ghettos. Ceci afin de garder un réservoir de main-d'oeuvre à moindre coût en jouant sur les salaires et les conditions de vie. Ces populations des quartiers périphériques, dont 60 % ont un travail, ne l'oublions pas, le pouvoir voudrait les maintenir dans (ignorance et la dépolitisation, puisqu'il ne leur propose aucune perspective entre précarité et capitalisme, et qu'il est particulièrement zélé pour pratiquer la discrimination par le harcèlement policier. Alors, comment s'étonner que les banlieues se replient parfois sur elles-mêmes, dans l'expression d'un communautarisme notamment religieux, .même s'il a montré ses limites face aux plus jeunes. Les interventions des imams, en collusion avec (État, n'ont pas réussi à ramener le canne; les jeunes se sont exprimés dans la violence, qui n'est que la conséquence de la politique ultralibérale qu'ils subissent, menée par les différents pouvoirs qui se sont succédé afin de satisfaire aux règles du marché et de rassurer les bourgeois.
L'État n'est que la courroie de transmission du capitalisme, qui a toujours su se faire aider par les médias; les révoltes de novembre en sont (illustration. En effet, les groupes de presse et les télévisions, dans leur immense majorité, sont des trusts cotés en bourse et ils n'ont d'autres buts que de faire de (argent, en soutenant le système et les pouvoirs qui leur sont associés. À cet égard, le comportement de la presse étrangère est tout à fait révélateur. Information spectacle, en quête d'audience et de tirage, les médias ont, au début des émeutes, servi d'amplificateur, et ils ont ainsi propagé le feu dans les banlieues des provinces en France, mais aussi de façon plus limitée en Belgique et en Allemagne. Puis, les événements se poursuivant plus longtemps qu'ils ne le pensaient, journaux, radios et télés se sont orientés vers de prétendus « articles de fond », qui mettaient en avant ceux qui ont réussi dans les banlieues (c'est-à-dire une très faible part de la population); les autres, les émeutiers, devenant les mauvais, les méchants, ce qui a accentué le phénomène de ségrégation. Ils ont aussi fait plonger l'opinion publique, qui jusque-là s'était montrée très réservée, dans des comportements racistes, appelant de ses voeux le retour « à l'ordre ».
C'est à cette période-là que le pouvoir a repris les choses en main, et à son avantage, en profitant de la situation de crainte dans laquelle la population était plongée, afin de mettre en oeuvre son arsenal sécuritaire qui était prêt bien avant le déclenchement des émeutes. Ce fut alors une surenchère débridée de propos réactionnaires teintés de racisme et de xénophobie. Ainsi l'état d'urgence, déjà mis en place au moment de la guerre d'Algérie, est une façon de rendre seuls responsables les populations issues de l'immigration; ce qui n'a pas l'air de convaincre grand monde.
Dans ce contexte, arrive l'article de loi affirmant que la colonisation française fut un « bienfait » pour les peuples qui l'ont subie. En fin de compte, les cotes de popularité du Premier ministre et de son ministre de l'Intérieur se retrouvent propulsées à des niveaux records, alors que les problèmes des banlieues restent intacts; les populations concernées devront une fois de plus se contenter de vagues promesses.
Au cours de la crise, le pouvoir a également profité du silence complice des partis politiques d'opposition, et de l'absence de réaction des mouvements révolutionnaires, qui sont restés en retrait, en simples spectateurs.
Aucun lien n'a été fait entre les émeutes et le monde du travail, aucun mot d'ordre de grève générale n'a été lancé pendant cette période, alors que le pouvoir se trouvait déstabilisé par l'absence de repère face à des révoltes sociales spontanées d'un type nouveau. En effet, si les gouvernants savent gérer les manifs de type « Bastille-Nation », ils étaient beaucoup moins à l'aise au début des événements. Les médias ne se concentrant que sur le spectaculaire, il y a belle lurette que les manifestations syndicales traditionnelles n'apportent plus rien de concret et les mouvements ouvriers et révolutionnaires n'ont pas su saisir l'opportunité qui leur était offerte, paralysés par l'inertie de leurs appareils politiques qui étouffent toute initiative rapide. Il est fort à craindre que les révoltes des banlieues ne soient rapidement relayées au rayon des fait divers, tant la coupure sociologique est grande entre les habitants des banlieues et les militants politiques de tous bords, anarchistes y compris.
En effet, les anars se sont également tenus en retrait de ces révoltes, car la distance séparant nôtre vécu et les jeunes des quartiers est immense. Si les libertaires ne parlent jamais à la place des autres et ne se complaisent ni dans la compassion ni dans la pitié, il n'en résulte pas moins que nous ne sommes pas présents dans les cités, et qu'aucun dialogue ne s'est instauré avec les populations concernées. Car s'il est déjà très difficile de combattre le racisme au quotidien, il est beaucoup plus délicat d'apporter la réflexion et de faire avancer les consciences individuelles et collectives dans les banlieues. Cela pose le problème de la remise en cause de nos stratégies passées, et du choix des nouvelles.
La situation explosive des banlieues ne date pas d'hier et les révoltes étaient prévisibles; les anarchistes n'ont rien fait pour la simple raison qu'ils n'étaient pas présents dans les cités, ce qui n'est d'ailleurs pas propre aux seuls anars mais à l'ensemble des mouvements sociaux, syndicats en tête. Ceux-ci ont préféré abandonner le terrain des luttes sociales au profit de la politique et de leurs élus. Alors le mouvement social tourne en rond, et le malaise des populations victimes du capitalisme ne peut s'y exprimer: c'est une des leçons que l'on peut tirer des révoltes de cet automne. C'est peut-être là que se trouvent les nouvelles formes d'action. En effet, le pouvoir n'était visiblement pas préparé à cette forme de contestation, et c'est une opportunité que de placer les luttes sur un terrain sur lequel le pouvoir ne nous attend pas. Couplé avec un mouvement de grève générale très large et reconductible, nous aurions plus de possibilités de barrer la route au capitalisme et à la politique répressive du pouvoir. Il nous faut continuer et amplifier nos actions afin de démontrer que l'ultralibéralisme et le malaise des banlieues sont liés, et qu'ils ne forment qu'un seul et même problème.
C'est par la réflexion, le dialogue et les projets et actions communs que nous pourrons mettre à bas les idées reçues, apporter d'autres perspectives, contre le capitalisme, présenter et expliquer nos valeurs à tous ceux qui souffrent de l'oppression. Ces valeurs ont pour nom « autogestion et fédéralisme » ; elles passent par la disparition de tous les pouvoirs politiques, religieux et économiques, dans une société de liberté, de responsabilité, d'entraide et d'égalité, où chacun a toute sa place, quelles que soient ses origines.

Groupe Gard Vaucluse de la fédération anarchiste
c/o AGDIR, BP5018, 30900 Nimes
http://www.fa-30-84.org

Le Monde libertaire #1421 du 12 au 18 janvier 2006
Ecrit par libertad, à 21:44 dans la rubrique "Actualité".



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