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Au lieu de « décroître », faut-il « sortir de l’économie » ? (1ère partie)
Lu sur décroissance. info : "On peut penser que si les pollutions et les dégradations de notre environnement sont possibles, c’est parce que le plus souvent elles ne sont pas le fruit d’une décision personnelle, ou d’une décision à laquelle on peut se rapporter concrètement, mais plutôt d’une médiation totale (une médiation étant par définition ce qui est au milieu et qui relie) qui a brisé historiquement et dans son principe même, le rapport direct entre l’action individuelle (et socialisée dans un groupe de vie) et son besoin (sans ramener « Le » besoin à une substance universelle incompressible). Cette médiation qui s’est mise entre notre activité et notre besoin, et a transformé complètement les deux éléments qu’elle relie, n’a pas d’abord été totale, elle a été d’abord et simplement pendant des milliers d’années, l’échange marchand. L’échange marchand a d’abord eu ce rôle au tout début : quand je n’arrive pas à tout autoproduire, je vais utiliser l’échange marchand comme solution complémentaire. Mais quand cette médiation entre notre action et son besoin qui les sépare pour les relier différemment, devient totale, c’est-à-dire quand elle embrasse historiquement l’ensemble des dimensions de nos vies, nous pouvons dès lors parler d’invention de l’économie.

Définitions de base.

L’invention de l’économie c’est le moment historique de la généralisation de l’échange marchand dans la possibilité même de nos vies. La très grande majorité des besoins de nos vies devient dès lors totalement dépendante de l’économie. Mais il faut bien préciser ce qui s’est passé : entre l’activité et le besoin, la médiation économique, est d’abord un détour. En effet, j’utilise l’échange marchand pour satisfaire mon besoin quand je n’arrive pas à tout autoproduire. Mais à force de grossir et de grandir, le détour par l’économie est devenu pour nous tous à la fois notre point de départ et notre point d’arrivée... Et dans ce détour désormais infiniment recroquevillé sur lui-même, nous y tournons perpétuellement en rond en nous y consumant sans fin. Nous sommes tous l’économie en tant que ses rouages, ses automates, ses prolongements. Car le détour finit par déterminer à la fois l’activité de l’individu et son besoin qui n’est alors plus seulement le sien mais aussi le besoin nécessaire au Détour pour s’auto-accroître (le besoin fictif), tandis que l’activité comme ses produits directs (ses résultats) ne nous appartiennent plus (on vend notre force/intelligence). Entendons nous bien, il ne s’agit donc pas de dénoncer de manière naïve les « besoins fictifs » pour revenir à une soi-disant « bonne et saine économie » comme médiation fournissant les seuls « besoins réels ». Il s’agira ici de carrément sortir de l’économie dispensant à la fois besoins réels et fictifs. Car en réalité la machinerie de la survie personnelle qu’est l’économie, cette domestication toujours plus intégrale de nos vies (à l’heure où la biodiversité va avoir désormais une nouvelle valeur marchande pour mieux que les écolocrates puissent la « protéger »), est identiquement productrice de besoins réels comme fictifs : la production de « besoins fictifs » pour les individus est en réalité une nécessité réelle à l’économie pour pouvoir produire les « besoins réels ». Entre la médiation économique et chacun de nous s’est finalement établi un système autarcique où la production satisfait automatiquement la consommation. La machinerie technologique nourricière fournissant aussi les autres besoins (utiles et plus futiles) et la population forment ensemble un monde clos, sans intérieur car sans plus aucun dehors (à peu de choses prés, et ces choses nous sont donc d’autant plus précieuses pour résister et sortir de l’économie car si on en prend conscience, il n’y a pas de déterminisme).

Cette médiation qu’est l’économie rend possible nous l’avons dit les pollutions, les dégradations mais aussi l’abaissement de l’individu engrené désormais comme un rouage sur son pignon à une totalité sociale qui le dépasse et le détermine, et dont il n’est plus que le prolongement. Nous sommes tous les rouages de l’économie parce que le principe de cette médiation totale et totalisante, après avoir supprimé le rapport direct de l’action de l’individu à son besoin, c’est la mise en dépendance vis-à-vis de sa technologie de satisfaction des besoins, d’immense masses de personnes. Nous sommes tous interdépendants les uns les autres. Moi qui éduquerai ton enfant, je dépendrai de ton activité de maraîchage, et toi à côté, de ta force de travail que tu vends pour me fabriquer mes chaussettes, etc. Cette interdépendance échangiste totale (et on le sait de plus en plus mondiale, avec l’arrivée de la société-monde) ressemble au vaisselier de Mémé-l’économie où celle-ci nous a tous projeté comme du plâtre sur le mur de l’ensemble de ses fonctions vitales. Et si désormais cette médiation économique entre l’individu et son besoin veut et peut perdurer, elle doit produire massivement, rationnellement, hiérarchiquement et efficacement la technologie des besoins à laquelle nous sommes tous dépendants. La médiation économique est donc dans son principe une production de masse (industrielle) et inégalitaire (car la possibilité et la viabilité de son organisation rendent nécessaire une hiérarchie des postes et fonctions), c’est-à-dire qu’elle est à l’image de nos sociétés forcément : uniformisées et inégalitaires.

L’économie n’est pas naturelle.

Pour ne pas penser que l’économie telle que nous venons de la définir, existe de tout temps et en tout lieu, pour ne pas penser qu’elle est finalement évidente, naturelle, transculturelle et transhistorique, il suffit de regarder un peu le passé pour voir comment on se débrouillait avant. Avant en effet que cette médiation aujourd’hui totalisante existe au cœur de nos vies. Et cela non pas par quelque nostalgie rétrospective pour un monde passé où comme aujourd’hui, la domination est partout au-dessus de nos têtes, mais pour bien voir que notre monde aujourd’hui est une construction historique et sociale, que l’invention de l’économie a une histoire. Et comme toute construction, l’ensemble de ses pierres pourraient devenir demain le paysage de ruines au milieu duquel nous ririons tous ensemble.

On s’aperçoit alors qu’avant l’invention de l’économie, les gens avaient un mode de vie essentiellement basé sur de l’autoconsommation qui n’était pas individuelle, mais d’abord familiale (au sens de parentèle élargie) et surtout collective ou communautaire. L’autoconsommation était en effet socialisée. La relation sociale dans ce monde là est celui encore de la prédominance de la socialité primaire qui répond toujours du triple moment, donner-recevoir-rendre (comme dans le don), où plus rien n’est quantifiable (dans le rapport social d’échange marchand on est au contraire quitte l’un de l’autre suite à l’acte d’achat/vente, la relation sociale s’arrête là. La formule de cette nouvelle métaphysique de la relation sociale déterminée par l’économique étant désormais : « les bons comptes font les bons amis »). Mais ce rapport social fondé sur le don, peut être aussi ne l’oublions pas un rapport de pouvoir, tout comme peut l’être d’ailleurs aujourd’hui la possession de l’argent. Cependant on voit aussi que ce monde d’avant l’économie ne vit pas seulement de l’autoconsommation (l’autarcie, c’est-à-dire l’autoconsommation intégrale, n’existe pas ont montré les historiens) même si celle-ci reste la base du maintien de la vie hors de la mort, car elle est toujours « complémentée » par une organisation de la circulation des produits et travaux, par le don, par le troc, mais aussi par l’échange marchand, etc. Dans l’antiquité des cités grecques par exemple, Alain Bresson dans son récent livre (L’économie de la Grèce des cités. I. Les structures de la production, 2007), estime par exemple que l’autoconsommation représente 85% de la production agricole des groupes familiaux, et 15% partent dans l’échange marchand. On le voit l’autarcie n’existe pas. L’usage de l’échange marchand (par le biais des multiples marchés de la terre, des productions agricoles ou artisanales, de la force de travail que l’on vend sur le « marché du travail », du crédit) est le complément nécessaire et vital de l’autoconsommation qui cependant notons le, reste la base de vie de l’activité des gens. Si donc le « marché » (petit « m ») local et épisodique au village, existe depuis longtemps car l’échange marchand est très ancien, il faut comprendre sa signification : il a été d’abord l’aboutissement des surplus de l’autoconsommation. L’invention de l’économie n’apparaît que quand l’échange marchand devient la base du maintien de la vie hors de la mort : c’est-à-dire l’invention de la vie sous la forme du « Marché » (avec un grand « M », c’est-à-dire l’interdépendance échangiste générale et totale). Et cela se passe comme le dit Serge Latouche (L’invention de l’économie, 2005), quelque part entre le XVII et le XIXe siècle, pour la grande majorité des occidentaux. Pour le reste de la planète, ce sera la colonisation puis le « développement » qui apporteront cette unique mode de vie sur Terre. Et à l’époque moderne (1492-1789), on est en ce qui concerne la relation entre l’autoconsommation et le recours à l’échange marchand (vente de sa force de travail, vente de produits, achats, etc.) sur une ligne de partage, un seuil pourrait-on dire, car plus on avance dans l’histoire plus la part de l’échange marchand va grandir (le Moyen-âge étant quand même un moment de croissance de l’autoconsommation) : en effet, les historiens remarquent que de temps en temps selon les années, l’échange marchand devient la base de la vie des gens et l’autoconsommation le complément ; et de temps en temps c’est l’inverse qui se produit (selon les difficultés particulières de la famille élargie et leur réseau, le climat, l’augmentation du prélèvement, la guerre, etc.). Ce seuil là, que l’on observe donc pour la première fois, c’est à ce moment là que tout bascule et que s’invente donc notre actuel mode de vie, toujours plus dépendant de l’économie (et aujourd’hui de nouveaux pans de nos vies plongent dans le chaudron de la valorisation économique, avec les « services à la personne », etc.).

Désormais dans ce nouveau mode de vie on voit ce double mouvement inversé où l’échange marchand ne va pas arrêter de s’accroître au dedans de nos vies pour prendre une forme finalement totale (l’essentiel des femmes tombant dans le salariat dans la seconde moitié du XXe siècle sous les coups de butoir du dit « progrès ») et où l’autoconsommation ne va pas arrêter de régresser pour devenir inexistante ou plutôt anecdotique (en 1956 on estime en France que 5-6% de la population arrivait à se nourrir par leurs propres moyens avec un jardin ; tandis qu’aujourd’hui la cueillette des champignons, des salades sauvages, la chasse, etc., n’appartiennent plus qu’à la catégorie des « loisirs » du dimanche, inoffensifs pour la société marchande). Voilà la plus grande (et la seule) révolution dans notre mode de vie qu’ait connue l’humanité dans son histoire : L’économie c’est l’ensemble des dimensions de nos vies (mais heureusement pas encore toutes) se rapportant désormais dans leur être et dans leur maintien, au « Marché », qu’elle que soit les formes de celui-ci : auto-régulée selon le modèle du « libéralisme économique », régulée selon le mode néokeynésien des altermondialistes, un mélange des deux comme aujourd’hui, autogérée pour certains à la suite de la « société autonome » de Castoriadis, étatisée pour la gauche révolutionnaire, etc. Toutes ces visions soi-disant concurrentes appartiennent finalement à ce même nouveau mode de vie qui s’est inventé progressivement dans notre histoire : le marteau de l’économie est partout dans les têtes et frappe sur tous les clous qui se présentent. On pourrait alors comprendre l’idée de « sortir de l’économie », comme l’idée de sortir de tous les Marchés, sortir de la totalité sociale formant l’interdépendance échangiste généralisée.

C’est bien joli tout cela, mais alors quel est le principe au cœur de tout cela et sur lequel il faudrait tous agir ensemble, en un mot mais alors que faire ? La suite trépidante des aventures de madame l’économie dans le prochain numéro de votre journal préféré (pour toute réaction, contact, commentaire ou débat : redaction(arobase)sortirdeleconomie.ouvaton.org)

Clément Grumeau alternatif, n°61.

Les n°1 et 2 du bulletin Sortir de l’économie, téléchargeables sur http://sortirdeleconomie.ouvaton.org/ ou à commander gratuitement (des débats sur les AMAP, les SEL, les alternatives, etc.)


le lundi 1er septembre 2008
Ecrit par libertad, à 16:41 dans la rubrique "Ecologie".



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