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lu sur altermonde-levillage :Nous nous permettons de vous écrire pour témoigner d’une situation que nous avons vécu vendredi 7 avril 2006 au soir et qu’il nous semble important de dénoncer. | |||
En arrivant au niveau du métro Arts-et-Métiers vers 20h50, nous remarquons 30 personnes qui attendent sur le trottoir. En effet, un rassemblement contre la Loi sur l’égalité des chances était prévu à 20h30 à Arts-et-Métiers ce soir-là. En quelques minutes, le groupe se disperse et nous rentrons chez nous (rue Montmartre, rue Greneta et boulevard Sébastopol, donc tout près). Mais arrivés à la hauteur de l’église Saint-Nicolas-des-Champs, nous voilà tous les trois bloqués par cinq CRS. Pourtant, un groupe d’adultes venait de passer sans aucun problème... Contrôle d’identité, puis fouille, attente d’une demi-heure dehors, puis on nous fait monter dans un véhicule prévu pour détenir 11 personnes. A l’intérieur, une des parois présente deux importantes traces de sang. Attente une nouvelle fois d’une demi-heure, le temps de remplir le fourgon d’une douzaine de personnes, tous jeunes bien sûr. Seule une femme d’une quarantaine d’années, a réussi à sortir. Force est de constater que, aujourd’hui encore, avoir les cheveux longs et être jeune constituent toujours un motif de suspicion. Nous avons donc été emmenés dans le parking en sous-sol du commissariat du 11e. Là, des barrières séparaient les "majeurs avec papiers" des "majeurs sans papiers" et des "mineurs". L’endroit était sale. Devant nous, les policiers se sont interrogés sur le motif qu’ils allaient devoir donner pour justifier notre interpellation... Quand nous leur demandions pourquoi nous étions là, ils nous déclaraient qu’ils vérifiaient simplement que nous n’étions pas recherchés par la police, ou que nous n’étions pas des fugueurs, mais évitaient de répondre clairement. Il est évident que nous étions là à cause des manifestations anti-CPE. Le fait est que le rassemblement prévu ce soir-là n’a pas eu lieu et par conséquent, le motif de notre arrestation, qui fut "rassemblement illégal et délit de suspicion", n’a aucun fondement. De plus, nous nous sommes faits interpellés alors que nous n’étions que trois jeunes marchant dans la rue, ce qui en aucun cas ne pouvait ressembler à une manifestation. C’est précisément ce qui nous amène à dénoncer la façon totalement arbitraire dont se sont déroulées nos interpellations. En ce qui concerne l’une d’entre nous, elle a 18 ans dans un peu plus d’un mois, et nous avons clairement entendu une femme policier dire : "Elle est majeure dans seulement un mois... donc on la met où ?""T’as intérêt à arrêter les manifs, sinon tu vas te prendre une grosse claque dans la gueule", a dit un policier au plus jeune d’entre nous. Il semble que notre arrestation fut moins sévère que celle du groupe qui arriva après nous. Contrairement à nous, ils furent “menottés” avec des attaches en plastique. L’un d’entre eux portait un plâtre au bras, et il fut fissuré au niveau du poignet tellement les entraves avaient été serrées fort. Un autre jeune de ce groupe avait le poignet entaillé. Les policiers ont toujours refusé de le laisser aller aux toilettes pour laver sa plaie, alors que les conditions d’hygiène étaient celles d’un parking commun, soit inapproprié à la détention, surtout celle d’un mineur blessé. Par la suite le jeune portant le plâtre s’est senti mal. Il s’est allongé sur le sol en maintenant ses jambes à la verticale contre le mur. Les policiers ne semblant pas intéressés par son état, lui ont ordonné de ne pas se mettre dans cette position. Celui-ci s’exécute et s’allonge sur le côté. Il s’évanouit. Nous tentons alors de le réveiller mais celui-ci ne réagit plus à nos appels. Finalement, un agent passe la grille et tire le jeune inconscient par un bras pour l’éloigner du mur. Ils décident d’appeler les pompiers. Ceux-ci interviendront assez rapidement. Nos parents n’ont été avertis qu’aux alentours de minuit, alors que nous avions été interpellés à 21h, soit trois heures plus tôt. Nous avons bien conscience que ce genre de choses arrive fréquemment, mais ça ne les rend pas plus légitimes. Le fait que nous ayions été gardés, après la vérification de notre identité et après avoir prouvé que nous habitions à quelques dizaines de mètres, nous interroge. Est-ce parce qu’il s’agit d’une arrestation totalement arbitraire ? Il convient alors d’en questionner la légalité. Et, dans ce cas, les jeunes sont-ils en danger « d’enlèvement » dès qu’ils quittent leur domicile ? Où est-ce parce que nous participons au mouvement contre la Loi sur l’Egalité des Chances (LEC) ? Serions-nous éventuellement fichés, alors même que nous n’avons jamais eu affaire à la police ? A notre libération, un officier nous a lancé laconiquement qu’il s’agissait du « couvre-feu de Sarkozy »... Quoi qu’il en soit, il s’agit de tentatives d’intimidation. Nous pensons qu’il est indispensable de le signaler. L’intimidation est une forme de répression. Inutile de préciser qu’en agissant ainsi, ils cherchent à écraser des individus qui seraient susceptibles de poser des problèmes à l’ordre établi. Et évidemment, manifester son mécontentement du gouvernement en place en est un. Carole, 17 ans, terminale Reçu d’un collectif lycéen. Réseau Résistons ensemble |
vendredi 21 avril 2006