Les travailleurs du métro de Buenos Aires sont en grève depuis jeudi dernier. Ils revendiquent 53 % d'augmentation de salaire plus deux % par année d'ancienneté. Une telle revendication s'explique par le niveau général des salaires en Argentine et par le fait qu'ils sont parvenu à s'organiser en dehors de leur syndiact de branche, patronal comme tout syndicat en Argentine.
GREVE EXEMPLAIRE
Les travailleurs du Métro de Buenos
Aires se sont organisés indépendament de leur syndicat, la UTA (syndicat des
cheminots), affilié à la CGT, pour protester contre un accord que ce syndicat
avait signé avec la direction. A l'aide d'un "corps de délégués" (désignés
directement par les travailleurs), ils ont mené une longue grève l'année
dernière et obtenu la réduction de leur journée à 6 heures (ensuite ils ont été
à l'origine de la constitution du "Mouvement pour la Réduction de la Journée
Légale à 6 heures) et des augmentations de salaires. Ce sont ces délégués (parmi
lesquels des membres de partis d'extrème gauche) qui sont chargés de négocier
avec la direction de Metrovias, la concessionnaire privée du métro, tout en
gardant un contact permanent avec leur base, chaque proposition est analysée et
discutée en assemblée.
La grève progressive a débuté jeudi dernier avec
deux arrêts de travail, deux heures le matin et deux heures l'après-midi, puis
deux fois 3 heures le vendredi, deux fois 4 heures le lundi et deux fois 5
heures ce mardi. Demain ils ont annoncé que la grève sera totale et illimitée si
un accord n'était pas trouvé avec Metrovias. Le ministère du travail a convoqué
aujourd'hui une réunion entre les deux parties, redoutant une grève générale. Le
métro de Buenos Aires transporte 900 000 passagers par jour, les arrêts de
travail, en heures de pointe, occasionnent un véritable chaos au niveau des bus
de la ville, avec des files d'attente énormes.
L'unique proposition faite
pour le moment par Metrovias est une augmentation de 10 %, qui en réalité n'est
que de 1% puisqu'elle englobe les 100 pesos d'augmentation générale décrétée par
le gouvernement.
REVENUS DE MISERE
Une des conséquences de la
crise financière de décembre de 2001en Argentine fut l'abandon de la parité du
peso argentin avec le dollar US entraînant une dévaluation importante. Mais
l'inflation en 2002 a été de 41 % et les salaires n'ont pas suivi. Aujourd'hui,
trois ans après, l'écart s'est officiellement réduit mais les salaires des
travailleurs du privé sont 15 % inférieurs à leur niveau de 2001 (29 % pour le
public). Bien sûr, ce sont les pauvres les plus touchés car si l'inflation
depuis décembre 2001 représente 55 %, les prix des aliments de base ont augmenté
de 80 % !
Le seuil de pauvreté est estimé officiellement à 750 pesos par
mois pour une famille type de quatre personnes. Mais l'on évalue à 1 800 pesos
le revenu nécessaire pour satisfaire les besoins élémentaires (nourriture,
logement, eau, électricité, habillement, transport...).
Le salaire
minimum est fixé à 450 pesos par mois !
Officiellement, 60 % des salariés
gagnent moins de 700 pesos par mois. Mais selon des chiffres syndicaux, environ
20 % des actifs (travailleurs au noir) ont des revenus inférieurs à 300 pesos
par mois. Et pour des millions de personnes sans emploi, la seule ressource est
un plan "social" de 150 pesos par mois.
On comprend pourquoi un conflit
comme celui du métro a de quoi inquiéter le gouvernement, le patronat et la
CGT.
Buenos Aires, 08 février 2005
Fab (
santelmo@no-log.org)
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