Argentine : occupation des centres téléphoniques
Une grève des travailleurs des entreprises de téléphonie, Telefonica (España) et Telecom (France-Telecom actionnaire) pour obtenir 50 % d'augmentation de salaire et contre la précarité est d'ors et déjà historique.
"Vendredi dernier, nous avons commencé par des assemblées sur les lieux de travail, lundi nous sommes descendus dans la rue, mardi on a occupé les deux édifices centraux de télécommunication et hier la gève s'est étendue à tout le pays".
Le conflit entre les travailleurs et les entreprises de téléphonie a augmenté en intensité graduellement depuis vendredi. Hier à 22h, il a vécu un de ses moments les plus tendus : après sept heures de négociation au ministère du travail, aucun accord ne fut trouvé.
Le syndicat a réitéré la demande qu'il exige depuis neuf mois : augmentation de 50 % des salaires de bases que en ce moment se situent au dessous de leur niveau de 1996. Même si après la dévaluation, ils ont obtenu une augmentation de 70 %, les salaires ne sont toujours pas acceptables : selon Claudio Marin, dirigeant syndical, cela fait 13 ans que les salaires sont gelés, vu qu'ils n'ont pas été augmentés durant les deux gouvernements de Carlos Menem.
Les employés téléphoniques pensent que la pression des entreprises n'est pas gratuite : "Elles sont en train de tenter d'obtenir une augmentation des tarifs en prenant les usagers en otages". Avec l'échec des négociations, augmente la possibilité que le système de télécommunication du pays soit bloqué. Le syndicat attend le résultat de l'Assemblée Pléniaire qui aura lieu cet après midi pour décider des prochaines étapes de la lutte. Si il n'y a pas de propositions de la part des entreprises, ils assurent que les mesures s'approfondiront, comme ce fut le cas les derniers jours.
"Vendredi dernier, nous avons commencé par des assemblées sur les lieux de travail, lundi nous sommes descendus dans la rue, mardi on a occupé les deux édifices centraux de télécommunication et hier la grève s'est étendue à tout le pays", explique Sosto. A Rosario, par exemple, les bureaux d'attention aux clients sont restés fermés. Et dans le reste des provinces, les employé(e)s sont passé(e)s de grève de deux heures à des grèves de journées complètes. Le service d'information de Buenos Aires où opèrent 230 employés s'est interrompu complètement depuis vendredi : tous les employés adhèrent à la grève. Le service de communication internationale est paralysé. Idem pour celui des réparations, des 350 à 400 travailleurs, seuls 4 continuent le travail.
L'occupation des deux centres de Transmission de Telecom et Telefónica continuait hier soir. Le syndicat a décidé de garantir la prestation du service, mais l'entreprise les en a empêchés. La police "a refusé l'entrée des opérateurs de l'équipe de nuit qui devait remplacer celle du matin", a dénoncé le syndicat.
Au niveau judiciaire, les entreprises ont porté plainte mardi contre les travailleurs pour "interruption intempestive des télécommunications". La plainte déposé au commissariat avait été remise à un Tribunal Fédéral. Hier midi, celui ci s'est déclaré incompétent et a requalifié le délit comme "usurpation". Après une inspection des batiments occupés, où il a été constatée qu'il n'y avait pas de dégâts matériels, le tribunal a remit le dossier à une instance d'instruction criminelle ordinaire, considérant que la mesure n'affectait pas des biens de l'Etat mais un édifice privé.
La mesure a été un revers pour les entreprises téléphoniques. La plainte avait deux objectifs. Le premier, à court terme, obtenir rapidement l'intervention judiciaire pour obtenir l'expulsion des deux centrales de télécommunication. Le second, en revanche, visait a construire un parapluie légal face à la pluie de demandes que pourrait provoquer les coupûres de services. "Avec cela, nous voulons nous délier des responsabilités des conséquences qui nous affectent économiquement" a indiqué le porte parole de Telecom.
Extrait de Pagina12, 02/12/2004