Lu sur
A-infos : "Hier 4 avril, la police de Neuquén [Patagonie, province de droite] a assassiné l'enseignant Carlos Fuentealba, délégué syndical de l'école CPN 29 de Neuquén. Nous disons assassiner,parce que différentes sources nous ont donnés l'information qu'un tir de bombe lacrymogène à un mètre de distance a détruit la boîte crânienne.
Fuentealba est à l'état de mort cérébrale et hier soir il était maintenu artificiellement en vie.
Fuentealba participait à une tentative de coupures de route dans la zone de Arroyito, avec un millier de personnes. Les enseignants à trois reprises avaient tenté de couper la route et par trois fois ils avaient été durement réprimés par la police avec des gaz et des balles de caoutchouc. Au moment de l'assassinat, une longue caravane se retirait du lieu. Un témoin oculaire commente que Fuentealba était assis à l'arrière d'une Fiat127. La colonne fut rejointe par des fourgons de la police et soudain une porte coulissante d'un des fourgons s'est ouverte. Ce témoin affirme que quand il a vu descendre du véhicule les policiers, il a pensé
qu'ils allaient régler la circulation. Ce ne fut pas le cas. Un des hommes en uniforme s'approcha du véhicule où était Fuentealba et tira à moins d'un mètre, brisant le carreau et atteignant la tête. Après cela la colonne véhicule a stoppé, les professeurs fous furieux ont essayé d'arrêter l'assassin et d'interpeller le chef de cette opération. Ils en furent empêchés par une formation compacte de policiers portant leurs boucliers.
La méthodologie de la lutte avec coupures de route est utilisée pour la première fois précisément à Neuquén en 1996, quand les habitants de Cutral-Co [centre pétrolier] ont soutenu une grève de professeurs en présentant leurs propres revendications. Ensuite cette technique s'est étendue à tout le pays car c'est une des rares qui soient efficaces pour faire entendre les revendications auprès des autorité provinciales et nationales.
Cette méthode s'est avérée particulièrement positive dans les provinces ayant des itinéraires pour le transport
du pétrole ou bien une forte affluence touristique, comme alternative de lutte contre des autorités sourdes aux revendications et aveugles devant les grèves. Dans l'éducation, c'est particulièrement vrai, car les enseignants ne peuvent exercer une autre sorte de pression sur les autorités, peu concernés par le fait que les élèves perdent des jours de classe. Le meilleur exemple de cette indifférence a eu lieu dans la province de Rio Negro [également en Patagonie], où une grève massive a duré tellement que les élèves allaient rater leur année scolaire, parce qu'ils n'avaient pas suivi le minimum d'heures exigé. Le gouvernement de la province résolut le problème en décrétant que tous les élèves pouvaient passer dans la classe supérieure.
L'envers de la médaille du parti au gouvernement qui a reconnu les demandes des organismes des droits de l'homme dans le sens de l'annulation des lois d'impunité et des poursuites en justice contre les agresseurs de la dernière dictature, c'est que les attaques contre des militants populaires sont devenus un fait fréquent avec
la présidence de Kirchner.
Et cela n'arrive pas seulement dans des provinces où la droite est au pouvoir, comme c'est le cas à Neuquén. Le 22 mars [2007] l'organisme "Encuentro de Memoria Verdad y Justicia" [rencontre de d la mémoire, de la vérité et de la justice] a déposé un document au ministère de l'intérieur que l'on peut résumer par les points
suivants :
- En Argentine il y a 5.000 militants populaires poursuivis en justice (lorsque
Kirchner est entrée en fonction, il y en avait 3.000 y l'on s'attendait à une amnistie).
-Il y a des menaces contre les témoins appelés à déposer contre des génocidaires. Le cas le plus problématique est celui de Jorge Julio López disparus depuis le 18/9/06.
-Il y a des menaces et des séquestrations et des tentatives d'homicide contre des combattants du peuple ont eu lieu.
Le document présenté énumére une série de faits comme la persécution dont sont victimes les travailleurs de l'hôpital Garrahan [à Buenos Aires], le groupe de nervis pro gouvernemental qui sévit à l'hôpital Francés [également à Buenos Aires], l'attentat contre Fasinpat (Ex Zanon) [fabrique récupérée de céramiques à Neuquén], le passage à tabac du délégué des cheminots Sobrero, l'enlèvement de Ramiro González du groupe Hijos [enfants de disparus de la dictature cherchent à faire incarcérer les génocidaires] de Buenos Aires ; kidnaping de Carlos Leiva du Frente Popular Darío Santillán, la tentative d'assassinat du dirigeant de l'UTD de
Mosconi [province de Salta, Sud], l'incendie d'un véhicule appartenant aux syndicats de l'éducation de la province de Santa Cruz [dont est originaire Kirchner].
Et ces derniers jours, également dans la province du Président, un cocktail molotov a été jeté contre le local où se déroulait une assemblée de professeurs en grève, à cause de la militarisation de toutes les écoles. Hier il y a eu des cas de répression contre les enseignants dans les provinces de Neuquén y Salta.
Défendre les droits de l'homme, c'est s'occuper de rendre la justice pour des faits du passé, mais également,
c'est s'occuper du présent. Ne pas le faire entraîne une schizophrénie, bien résumée par l'humour (un peu noir) de la couverture de la revue satirique "Barcelona" qui dit à peu près: le Président a assuré que s'il y a une répression à Santa Cruz entraînant des victimes, il y fera construire un autre musée de la mémoire [comme à Buenos Aires, où 5 % des génocidaires sont poursuivis, donc 2000 sont enliberté totale].
Guillermo Cieza (traduction de Frank Mintz)
(communiqué du Frente Popular Darío Santillán, 05.04.07)