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Amerikenlutte : "Un relevé réalisé par Página/12 révèle que, à 515 ans de la conquête, les communautés indigènes maintiennent en Argentine 397 conflits pour la terre qui concernent une surface de 8,6 millions d'hectares. Une aire équivalente à 428 fois celle qu'occupe la ville de Buenos Aires. Le cas le plus connu est celui de Benetton en Patagonie.
Le terrain de golf de l'Hôtel Llao
Llao de Bariloche est un des plus exclusifs du pays, avec des prix
aussi inaccessibles qu'une cabane cinq étoiles en face du coteau des
Sept Couleurs de Humahuaca ou qu'une chambre avec vue sur le Parc
National Iguazú. Dans les trois lieux, des communautés indigènes
résistent aux expulsions de leurs territoires ancestraux et exigent que
se respectent leurs droits constitutionnels de vivre où ils sont nés.
C'est seulement un échantillon des 397 cas relevés par ce journal dans
douze provinces et qui concernent 8 653 490 hectares, une surface
similaire à la moitié de la province de Cordoba ou à trois fois celle
de Missiones ou 428 fois la ville de Buenos Aires. Les territoires
aborigènes sont aussi concernés par le déplacement de la frontière
agricole, les monocultures de soja et de pin, les mines à grande
échelle et les compagnies pétrolières. "Le modèle extractif de
'développement', sur la base de l'exploitation de nos ressources
naturelles, est un pillage du pays, mais est aussi directement opposé à
notre mode de vie. Pour ce modèle de saccage, ils ont besoin de nos
territoires, mais nous ne resterons pas les bras croisés", prévient
l'organisation Mapuche-Tehuelche 11 octobre, de la province du Chubut.
Le relevé, qui embrasse seulement une partie du total de situations du
pays, confirme aussi que les conflits se multiplient de la main de la
croissance des organisations indigènes et paysannes et de leur
consolidation comme acteurs sociaux dans une dizaine de provinces. (...)
L'hyper-diffusé
"cas Bene-tton" qui concerne l'affrontement entre le couple mapuche
Atilio Curiñanco et Rosa Rúa Nahuelquir et les multimillionnaires
européens, avec 565 hectares représente seulement 0,006 pour cent des
terres en dispute en Argentine, selon le relèvement de Página/12, qui a
comptabilisé 397 cas d'affrontements entre d'un côté des peuples
originaires et de l'autre un grand arc formé par des multinationales
minières, des états provinciaux et national, des multimillionaires
privés - mais aussi certains moins fortunés-, des entrepreneurs
touristiques, des fabriques de cellulose, des entreprises de culture de
soja, des universités nationales et, comme le signalent les
communautés, "un système politique et judiciaire que désobéit aux
lois". Les provinces avec les plus grands conflits sont Salta, Jujuy,
Santiago del Estero, Missiones, Chaco, Neuquén, Río Negro et Chubut.
Figurent également Mendoza, La Pampa, Formosa et Buenos Aires. (...)
"Le pillage concerne aujourd'hui les biens naturels, et là paysans,
indigènes et populations rurales nous nous organisons et nous donnons
cette dispute. Parfois ils nous ont délogés, mais nous avons recommencé
à prendre les champs, par le simple exercice du droit. Nous n'avons pas
attendu qu'un juge nous rende les parcelles. Nous nous sommes
organisés, y sommes allés et repris les propriétés", préviennent les
Sans Terre de Mendoza. En Patagonie, les mapuche-tehuelche de la 11
Octobre annoncent : "Dans la mesure que nous prenons conscience de nos
droits et récupérons notre histoire, nous allons multiplier les
conflits. C'est une demande politique et idéologique de tout un grand
secteur de lutte qu n'a pas de liens partisans, qui n'a pas été coopté
(acheté) et qui va récupérer ce qui lui correspond".
Darío Aranda, Pagina12, 12 octobre 2007. Traduction: http://amerikenlutte.free.fr