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Cet après-midi, une manifestation est convoquée à l’appel de plusieurs organismes de dèfense des droits de l’homme, dont les Mères de la place de Mai- Ligne Fondatrice, HIJOS, Grand-mères de la place de Mai, en faveur de l’apparition en vie de Jorge Julio Lopez, témoin du procès contre le répresseur Miguel Etchecolatz, disparu depuis 18 jours. La consigne est "Nous cherchons la vérité, nous cherchons la justice, nous cherchons Julio".
Buenos Aires, 06 octobre 2006, Fab, santelmo@no-log.org.
Les organisateurs du rassemblement de la place San Martin assurent qu’ils ne soutiennent pas le terrorisme d’État mais qu’ils demanderont une ample amnistie. Et de plus, ils nient que le rassemblement soit en rapport avec les procès qui ont déjà condamné le "Turco" Julian et Miguel Etchecolatz, après l’annulation des lois d’Obéissance Dûe et de Point Final.
C’est une pure coïncidence que le rassemblement demande une amnistie et coïncide avec les procès. Comme est sûrement une pure coïncidence que n’apparaîsse pas Jorge Julio Lopez, un des témoins du procès contre Etchecolatz, que les juges et les procureurs qui participent à ces procès dans tout le pays aient reçu des menaces, ainsi que des dirigeants de mouvements de défense des droits humains, comme la présidente de Grand-mères de la Place de Mai, Estela Carloto.
C’est sûrement une pure coïncidence que depuis des secteurs de l’Eglise catholique, et même d’autres credos- le rabbin Sergio Bergman s’est déjà exprimé dans des termes similaires-, aient été relancés les vieux discours de "réconciliation", de "pacification" ou la disqualification de la consigne de procès et condamnation comme "revancharde" ou promotrice de "vengeance". "Ceci n’est pas la justice, c’est de la vengeance", a-t-il été dit.
Et ce doit être aussi une coïncidence que depuis la droite et même de secteurs inattendus de la politique, la même cantilène ait été recommandée.
Tant de coïncidence fait plus peur qu’une conspiration. Surtout, parce que la société s’est majoritairement exprimée en général en faveur de la Justice et de ces procès pendant les vingt dernières années. Et tout à coup ce qui se profile chaque fois plus comme une séquestration pour intimider des futurs témoins et une misérable campagne de menaces anonymes contre des fonctionnaires de la Justice coïncide avec une cascade de déclarations de religieux et de politiques.
Ce qui réellement effraie c’est qu’il y a des secteurs de l’Eglise catholique et autres credos ainsi que des politiques supposément démocratiques qui, à ce moment de l’histoire, acceptent de "coïncider" dans le langage, dans le temps et dans les buts, avec cette campagne criminelle de terrorisation de la société qui utilise les mêmes méthodes de la dictature. Comme si le problème des argentins était les procès et non ces faits de vraie violence, non métaphorique. En tout cas, ce que démontrent ces faits c’est que les procès auraient du avoir lieu avant.
L’objectif de cette campagne est de mettre fin aux procès contre les répresseurs qui devraient être libérés pour une "réconciliation" qui serait basée sur l’impunité des pires crimes qui ont été commis depuis l’Etat dans l’histoire moderne du pays. Il est difficile de comprendre que depuis une vision chrétienne ou juive on puisse concevoir une forme de réconciliation à travers la liberté et l’impunité de sujets de l’espèce d’Etchecolatz, du "Turco" Julian et autres criminels.
Les procès n’ont pas été inventés par ce gouvernement, bien qu’il a eu le mérite de les impulser. Les auraient fait Raul Alfonsín s’il n’avait pas eu à supporter les soulèvements de militaires. Ils constituent une revendication du mouvement des droits humains depuis le premier moment et de plus ont été avalisés et montrés comme exemple dans les enceintes juridiques du monde entier, plus encore que les procès pour la vérité en Afrique du Sud, qui ont dû être beaucoup plus généraux parce qu’ils affectaient toute la population blanche qui avait soutenu l’apartheid.
Les droits humains ne devraient pas être utilisés pour dirimer des disputes, souvent mesquines, entre soutiens du gouvernement et opposition, ou des petites luttes de pouvoir, alors que s’agite une vraie menace pour la société dans son ensemble. Et l’opposition devrait être la première à soutenir les procès bien que ce soit le gouvernement à les avoir impulsés, parce qu’ils constituent un avertissement pour n’importe qui voudrait utiliser la force de l’Etat de manière arbitraire et brutale. En tout cas, ce qui est grave et dangereux, c’est d’accepter que le débat démocratique soit traversé et conditionné par une campagne de séquestrations et de menaces.
Luis Bruschtein, Pagina/12, 06 octobre 2006. Traduction : Fab, santelmo@no-log.org
Buenos Aires, 06 octobre 2006, Fab, santelmo@no-log.org