Lu sur
Kokopelli : "Nous avons eu droit à l’incarcération syndicale, à la séquestration des financements syndicaux, à l’inculpation des faucheurs d’OGM.
Nous sommes maintenant privés de la semence par son contingentement
et, de la vie, par la négation du droit inaliénable des peuples à
ressemer une partie de leur récolte.
La répression va crescendo et l’ignominie l’accompagne. La
biodiversité, bien commun de l’humanité, devenue aujourd’hui
marchandise est convoquée au tribunal.
L’association Kokopelli, forte de 3.000 membres est basée à Alès,
dans le Gard. Elle œuvre depuis de longues années pour la sauvegarde et
la promotion de l’agriculture bio et agroécologique, au niveau national
et international, en proposant notamment plus de 1200 variétés
anciennes de légumes, fleurs et céréales. Cette association, par le
biais de formations, publications, foires, bourses d’échanges, dons de
semences aux pays du Sud, etc… assure la continuité et la transmission
d’un patrimoine végétal commun à chacun d’entre nous. La conservation
de cette richesse biologique passe par un partenariat complet avec des
producteurs professionnels et amateurs chevronnés qui cultivent,
sélectionnent, maintiennent in vivo, dans leurs jardins et leurs champs
les différentes espèces. Cette action est vitale pour les générations à
venir : seules les variétés dites anciennes, qui depuis plus de 12.000
ans, s’adaptent et construisent en permanence leur capital génétique,
sauront relever le défi du réchauffement climatique.
Les semences hybrides, transgéniques, clonées, « modernes », mortes
avant même que d’être semées, auxquelles l’agrobusiness veut nous faire
croire, n’ont d’autre but que de maintenir les paysans et les
maraîchers, donc notre alimentation, sous dépendance.
Les engagements de l’association Kokopelli (qui dès 1996 s’est
opposée de façon constructive aux OGM) lui valent d’être assignée au
tribunal par le semencier Baumaux, prohybride, sous couvert de
concurrence déloyale… arguant la non inscription au Catalogue Officiel
des variétés qu’elle diffuse.
Cette assignation est en fait une atteinte directe à
l’autosuffisance semencière et alimentaire de chacun d’entre nous. Il
serait donc déloyal de semer les graines de nos aïeux ; ces mêmes
semences qui pourtant fournissent la génétique des dits hybrides,
permettent de créer les chimères génétiques et engraissent les
multinationales. Nous n’aurions donc plus le droit de transmettre la
vie.
Qu’est devenu le métier de paysan ? le plaisir du jardinier, de
bouturer, de greffer, de semer, de planter. Qu’est devenu le droit
ancestral ?
Aujourd’hui, les actions citoyennes : qu’elles protègent l’avenir
en jugulant les OGM, s’opposent aux clones hybrides, construisent la
vie en promouvant la biodiversité, seraient donc condamnables ?
Défendre la libre action de ressemer, d’échanger, de donner des
graines, sont des besoins et des droits vitaux, dont émerge la
convivialité.
La dramatique disparition du monde paysan ne permet plus une
gestion seulement corporatiste de la biodiversité : pour conserver et
transmettre à nos descendants un de nos biens les plus précieux, le
temps est venu d’une réappropriation citoyenne.
La sauvegarde de ce patrimoine ne peut être efficace qu’en partenariat avec la société civile.
L’inscription au catalogue, officiel, mais totalement restrictif et
limitatif, doit devenir facultative, libérant ainsi l’accès de tous à
toutes les semences.
Pour que l’avenir soit fertile et fécond, réapproprions-nous la semence, libérons et transmettons-la !