Après le Quick de Nation, le Sofitel de Bercy reçoit la visite du comité de soutien aux salariés en lutte
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Hacktivist news service : "Vendredi 17 dernier c'était au tour du Quick de Nation de recevoir notre visite. Lors d'une discussion un peu tendue, le gérant du restaurant a d'abord eu une attitude agressive puis a fini par nous manifester de la considération pour notre combat en défense des employés licenciés du restaurant de Barbès et par nous assurer qu'il protesterait après de la direction de la chaîne contre des pratiques qui ont des conséquences fâcheuses pour des restaurants aux pratiques plus correctes et qui n'ont rien demandé (dont, à l'en croire, le sien). Nous avons eu aussi des échanges animés avec certains des salariés et des clients.
Par la suite nous avons passé une agréable soirée au Sofitel de Bercy, discutant avec des clients polis et deux directeurs qui semblaient exprimer la gêne qui à l'évidence gagne le groupe Accor face à nos pique-niques récurrents. Les dirigeants du groupe semblent bien avoir une épine dans le pied et ne pas savoir comment l'enlever. Un recours à la force publique serait une balafre dans son image de marque, vu l'extrême politesse dont nous savons faire preuve. Pas un client malmené, pas un salarié traité moins que respectueusement (l'inverse n'est pas toujours vrai, il faut bien le reconnaître, malgré le sourire de la communication), pas une miette après notre passage. Les rares fois où des directeurs énervés ont appelé la police, ils se sont trouvé englués dans le ridicule, perdant la face y compris devant leurs salariés.
Ils la jouent donc professionnel, sourires, retours de politesses. mais on sent que leur gêne grandit.
Et les déclarations de Mme Cathy Kopp au Monde, où elle reprend sa rengaine sur l'internalisation de la sous-traitance, montre bien qu'ils ne savent plus quoi faire pour se débarrasser d'un collectif qui n'a rien à négocier.
Nous l'avons d'ailleurs clairement expliqué à tous les directeurs qui ont bien voulu nous écouter : nous ne cesserons nos visites que lorsque le nettoyage sera internalisé et Faty embauchée par le groupe, signe concret que l'on sort de la communication pour entrer dans la vérité des faits. A ce propos, signalons que le secrétaire de la CGT parisienne du commerce a adressé à Mme Kopp une lettre demandant que Faty soit embauchée par Accor.
Dans la presse sont parus les articles suivants :
Maité Pinero, " Faty Magnant (sic !), une femme qui ne se ménage pas ", Viva, n° 195, décembre 2004, p. 56-57.
" Criminalisation des luttes. Ni pute ni soumise, donc licenciée ", Le combat syndicaliste, Montpellier, n° 196, novembre-décembre 2004, p. 9.
L'Humanité des 18-19 décembre consacre à la répression chez Virgin un article sous la plume de Catherine Lafon : " Virgin met la répression syndicale en tête de gondole ", disponible en ligne à l'adresse suivante :
http://www.humanite.fr/journal/...
Nathalie Brafman, " Les groupes européens se convertissent à l'externalisation ", Le Monde de mardi 22 décembre, p. 9, où Mme Cathy Kopp répète, à l'usage de ceux qui ont les yeux bouchés, que Accor internalise le nettoyage de ses hôtels.
Ce dernier l'article nous a amené à adresser au courrier des lecteurs du Monde la lettre suivante :
Nous avons lu dans Le Monde de mardi 22 décembre, sous la plume de Nathalie Brafman (" Les groupes européens se convertissent à l'externalisation "), la déclaration de Mme Cathy Kopp, DRH du groupe Accor, selon laquelle le groupe a réinternalisé la fonction nettoyage dans la moitié des cas où elle avait été externalisée. Or, comme le laisse clairement entendre l'auteur, ce qui a dicté ce choix de réinternalisation partielle, c'est le souci de restaurer l'image du groupe auprès de sa clientèle, image dégradée par ce que la grève des femmes de chambres salariées de la société sous-traitante Arcade avait dévoilé des conditions de travail honteuses qui leur étaient faites.
Rappelons que si les femmes de chambre dépendant d'Arcade se sont battues un an (de mars 2002 à février 2003), c'était pour obtenir, avant toute autre chose, une baisse des cadences de travail qui leur étaient imposées de fait. En effet, pour elles la sous-traitance ne se traduit pas seulement par des salaires inférieurs à ceux accordés aux femmes de chambre salariées du groupe (qui travaillent très souvent à leurs côtés), mais aussi par des rythmes de travail imposés bien supérieurs, rythmes qui, étant impraticables, se traduisent concrètement par des heures de travail non enregistrées donc non payées. Sans compter que le nombre de chambres à nettoyer, donc d'heures de travail à effectuer, n'est jamais établi à l'avance, contrairement à ce qu'impose le droit du travail.
Que le groupe Accor " envisage même de ne plus travailler avec Arcade " nous paraît une excellente chose, étant donné les sinistres pratiques des dirigeants de cette société. Mais il ne faudrait pas pour autant laisser croire que le changement de sous-traitant implique forcément un changement dans les pratiques patronales. Nous savons bien, en effet, que la sous-traitance du nettoyage a pour gros " avantage " de permettre au groupe Accor d'adapter la dépense salariale aux variations de volume de travail, et que c'est cette exigence qui incite leurs sous-traitants à recourir à ces pratiques honteuses et illégales. En changeant de sous-traitant, Accor a-t-il changé les règles du jeu ? A-t-il accepté notamment que les horaires de travail des femmes de chambre soient établis à l'avance, comme l'impose la loi, donc de prendre à sa charge les conséquences des variations de volume du travail induites par l'essence même de son activité, au lieu de les faire peser sur le dos et les jambes de femmes payées guère plus que le Smic - et dont il ose prétendre être en droit d'ignorer les conditions de travail, quand c'est les chambres de ses hôtels qu'elles nettoient tous les jours...
Quand Mme Cathy Kopp communique auprès des journalistes en vendant la " réinternalisation " du nettoyage des hôtels, jamais elle ne répond concrètement à ces questions. Et c'est un fait que jamais, non plus, nous n'avons vu un journaliste les lui poser.
De notre côté, nous avons appris à ne pas nous satisfaire des déclarations et chartes du groupe Accor et nous regardons les faits. Or nous tenons à vous signaler qu'aucune des femmes de chambre qui ont participé à la grève en 2002-2003 n'a encore été embauchée directement par le groupe, et notamment pas Mme Mayant Faty, leur déléguée syndicale, que la direction d'Arcade a licenciée un an après la fin de la grève, alors que cela faisait huit ans qu'elle nettoyait les chambres du même hôtel Ibis.
Si le groupe Accor veut que l'on prenne au sérieux ses déclarations, qu'il commence donc par faire ce geste clair : embaucher toutes les femmes de chambre qui travaillent dans ses hôtels et qui se sont battues pendant un an pour faire reconnaître leur droit à des conditions de travail décentes, à commencer par Mme Mayant Faty.
Le collectif de solidarité avec Mayant Faty et les grévistes d'Arcade
Contact :
Comité de soutien aux salariés en lutte d'Arcade, Quick, McDo, Frog, FNAC, Disney, Virgin, Pizza Hut, etc.
CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris (en précisant bien le nom du comité)
Chèques à l'ordre de ADC avec mention "soutien à Faty", à adresser à ADC (boite n° 45) c/o Maison des associations 35-37 av. de la Résistance, 93100 Montreuil.
fatysolidarite@hotmail.com
Informations et documentations sur les luttes et les initiatives en cours :
http://www.ac.eu.org/
Attention : nous renonçons à nos visites d'hôtels les vendredis 24 et 31 décembre.
En revanche, nous en envisageons une mercredi 29 décembre. Rendez-vous donc le 29 décembre à 19 heures, exceptionnellement à la Bourse du travail du 67 rue de Turbigo (après la réunion, à 18 h 30 précises).
Amenez de quoi casser la graine, comme d'hab...
Source/auteur : Infos luttes sociales Bulletin n° 98