La lutte contre le cpe (enfin la LEC pour être précis) a eu des « résultats ». Mais aussi et surtout elle a mis en avant des pratiques de contestation promouvant l’autogestion et l’indépendance vis-à-vis des usines à contester ou s’impliquer que sont les syndicats et partis politiques.
Pour de nombreuses personnes cette mobilisation a trouvé des prolongements post-manifs. C’est ainsi qu’à Nantes, l’occupation de la Sensive, un des bâtiments de la faculté des sciences humaines, a fait germer chez un petit groupe de personnes une volonté de vivre leur engagement au quotidien, et de faire fructifier (au sens non capitaliste du terme, bien sur) la dynamique qui avait été créée. Elles ont donc emménagé dans un squat, habité depuis décembre par un « noyau dur » de 4-5 personnes. Habitent donc maintenant là bas de manière permanente une quinzaine de personnes, et j’ai eu l’occasion de passer un peu de temps avec eux.
Le lieu est agréable (un squat avec jardin dans le centre de Nantes, ça doit pas être facile à trouver), mais un petit peu petit pour un bâtiment qui serais plus qu’un simple lieu d’habitation (même si c’est un immeuble de deux étages). Il est d’ailleurs question, pour l’avenir (l’expulsion doit normalement avoir lieu début juillet), de créer un espace plus à même d’être ouvert sur l’extérieur…
L’immeuble reste néanmoins très vivant. Une dizaine de personnes gravitent autour des « permanents » et participent à la vie du lieu. De nombreux travaux restent à faire (la lumière n’est installée dans les toilettes que depuis peu, lors de mon dernier passage, un labo photo était en cours d’aménagement), les récups de bouffes sont régulières, des lectures, balades en vélo, partages de connaissances sont organisés…
Le squat est aussi rythmé par de nombreuses réunions de vie commune, sièges des décisions collectives et de nombreuses discussions. Celle à laquelle j’ai pu assister, qui avait pour but d’effectuer un bilan des motivations et des attentes de chacun, et de voir ce qu’il y a à améliorer ou à changer, a mis en avant cette nécessité de créer un espace qui soit plus qu’un lieu d’habitation, avec une implication politique plus forte. Le bilan de ce qui s’est déjà passé, est lui plutôt positif : ainsi, celles et ceux qui ont déjà une certaine expérience du squat ont salué le fait que malgré les différents parcours des gens impliqués (ou grâce à ceux-ci, selon les opinions), parfois très différents, la vie quotidienne se passe incroyablement bien.
Donc voila. J’ai eu envie de parler de ce squat parce que je trouve intéressant de mettre en avant ce qui a pu se passer après les événements de mars, et de montrer que les pratiques autogestionnaires, dont il faut saluer l’importance dans le mouvement, ne se sont pas arrêtées pour certains manifestants avec ce dernier. Il m’a aussi semblé important d’apporter un soutien à un squat qui, bien que bientôt fermé, est en devenir…