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L'En Dehors


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Ainsi donc, ce sera Ségolène.

lu sur mondialisme.org : " Je devrais dire « Ségolène Royal », mais il semble que plus les politiques sont décriés et délégitimés, plus les médias nous invitent à nous les réapproprier de façon affectueuse. Certains politiques ayant vocation à devenir des stars, même d’un jour ou d’une élection, il convient donc de les traiter comme le ferait un fan transi d’amour. Johnny Halliday, c’est « Johnny », Zinedine Zidane, c’est « Zizou », Ségolène Royal, c’est « Ségolène », tenez-vous le pour dit.

Ainsi donc, ce sera Ségolène. Au bout de plusieurs mois d’un suspens haletant, les adhérents du Parti socialiste ont tranché. Et quand je dis adhérents, je devrais préciser. Car il semble bien que ce soit les « nouveaux adhérents » qui aient fait si largement pencher la balance en faveur de Ségolène. Certains se réjouissent de cette nomination car Ségolène est une femme. Les femmes politiques sont donc appelées à transformer la vie politique, parce qu’elles sont femmes donc plus proches des préoccupations des gens du commun, plus proches de ces « petites choses » qui font ou défont notre banal quotidien. En effet, Ségolène est une femme, et comme toutes les femmes, elle subit le sexisme, qu’il se pare des attributs du machisme le plus brutal ou du paternalisme le plus commun. La scène politique étant une scène très largement dominée par des hommes blancs plutôt âgés, à l’esprit de caste bien affirmé, les femmes ont encore beaucoup de mal à s’y faire une place. Et comme cet univers de notables est aussi un univers de grande concurrence entre organisations et au sein de chacune d’entre elles, tous les moyens sont bons pour atteindre l’adversaire, pour le brider dans son ascension vers le sommet de l’appareil. On se gausse de lui s’il est femme, s’il est jeune, si la pigmentation de sa peau laisse à penser que ses origines sont extra-hexagonales. Dans la sphère du politique, les dominés, qu’ils soient femme, jeune, d’origine étrangère, usent alors de différentes stratégies pour parvenir à leurs fins et subvertir un Ordre qui les nie ou les cantonne dans des rôles subalternes : faire une force de ce qui apparaît être une faiblesse n’en est pas la moins usitée. Si Ségolène plaît tant aux femmes, c’est qu’elle incarne l’image de la femme moderne, celle qui réussit à concilier vie familiale, vie affective et vie professionnelle, malgré les embûches que certains ont dressées le long de sa route. Mais en se focalisant sur le sexe des anges, on en oublie l’essentiel. L’essentiel tient à ce que Ségolène est aussi et avant tout un pur produit des fabriques à élite si chères à notre bonne vieille société de classes. Elle partage avec ces élites le même univers social, celui de la bourgeoisie, et le même univers mental.

Un univers mental où dominent l’autoritarisme, l’arrogance du savoir, le goût du pouvoir et de l’Etat. Le monde politique est en effet un monde dur, sans pitié ; un monde qui demande plus de froideur que d’empathie ; le monde politique n’est pas extérieur au monde capitaliste : en son sein, c’est le règne de la concurrence. A chaque fois qu’une femme obtient un poste à haute responsabilité (Golda Meir, Margaret Thatcher, Benazzir Butho), « on » attend d’elle qu’elle révolutionne la façon même dont est exercé le pouvoir. Et à chaque fois, il n’en est rien. Golda Meir, la travailliste israélienne, n’a pas rendu le sionisme moins dur pour les Palestiniens ; Margaret Thatcher, libérale réactionnaire, a plongé dans la misère la classe ouvrière anglaise et cassé le Welfare state britannique ; Benazzir Butho, « fille de », a reproduit les mêmes pratiques mafieuses que ces prédécesseurs. Avant d’être des femmes, Meir, Thatcher, Butho, Royal, Angela Merkel ou Condoleeza Rice sont des produits des sociétés qui les engendrent et des conditions sociales et culturelles dans lesquelles elles ont prospéré.

Si Ségolène disait aux électeurs : « Oubliez que je suis une femme, ne voyez en moi qu’une énarque promotion 1980 », son aura en prendrait assurément un coup ! Certains se réjouissent de cette nomination car Ségolène n’aurait pas de programme ou de projet. L’absence de programme ou de projet participerait ainsi de cette modernité du politique. Avant on avait un programme plein de promesses que l’on ne respectait pas ; aujourd’hui, on se contente de quelques grandes lignes, de quelques idées, de quelques mots-clés, d’un « souffle ». Comme il n’y a plus de grands idéaux de transformation sociale, on promeut aujourd’hui le pragmatisme, le gestionnaire... et le « participatif ». Celles et ceux qui ont tâté de la démocratie participative savent à quel point la « démocratie participative » a autant de consistance que la « démocratie économique ». De même que le patronat a tout fait pour limiter au maximum les attributions des Comités d’entreprise, les politiques feront tout pour cloisonner les dites instances participatives.

Il n’y aura à la clé pas plus de « contrôle ouvrier » que de « contrôle citoyen ». Ces instances donneront à celles et ceux qui s’y investiront l’illusion qu’ils et elles sont en train de se réapproprier une partie de leur existence... et serviront de marchepied à quelques ambitieux désireux d’entrer en politique sans s’impliquer dans une structure de type parti marqués par les logiques d’appareil.

Certains se réjouissent de cette nomination car la victoire de Ségolène serait avant tout la défaite des « Eléphants » du PS. Il y a du vrai dans cela... d’autant plus que Ségolène, bien que plusieurs fois ministre, n’est pas une « éléphante » du Parti socialiste. Sa carrière, elle la doit davantage au parrainage d’un François Mitterrand ou d’un Jacques Delors qu’à la promotion interne. Elle n’a ainsi jamais exercé de fonctions importantes au sein de l’appareil et, de surcroît, jusqu’à il y a peu, elle s’est abstenue de participer aux débats internes. Depuis 2002, elle n’est intervenue ni au congrès de Dijon en 2003, ni à celui du Mans en 2005.

Comme je doute qu’elle se soit tue par inhibition, j’y vois davantage un choix tactique qui s’est révélé payant : laisser les éléphants s’entredéchirer sur la dépouille d’un parti en pleine panade, ne pas s’exposer dans des querelles de clans, attendre en clair son heure. Stratégie d’autant plus payante qu’elle savait pouvoir compter sur François Hollande. Car lui non plus n’est pas un « éléphant ». D’une certaine façon, la nomination de Ségolène Royal est une revanche pour cette fraction de l’élite du parti qui se tient peu ou prou hors courants. Les chefs de courants ont permis à Hollande de prendre la tête du parti, persuadé que, dans les conditions de l’époque, ce second couteau sans charisme, dont on moquait le goût pour le consensus, ne serait pas en mesure de contester leur légitimité de présidentiable le moment venu. Ils se sont trompés : non seulement François Hollande a tenu le parti, l’a redynamisé, mais il a également permis qu’une personnalité « hors courants » émerge, s’affirme et finisse par incarner un PS renouvelé. Nous avons assisté là, en ce mois de novembre 2006, à la revanche des outsiders.

Fabius, Strauss-Khan vont à l’évidence devoir mettre un mouchoir sur leurs désirs de grandeur. Mais le PS restera le PS : une organisation politique de barons régnant sur leur domaine, se battant comme des chiffonniers pour des prébendes et nouant des alliances parfois contre-nature afin de conquérir une position préférentielle dans l’appareil bureaucratique... Jean-Marc Ayrault, qui fut l’ombre de Jean Poperen, marxiste et ancien communiste, qui incarna jusqu’à sa mort l’aile gauche du PS, prend ainsi ses quartiers auprès de Ségolène, ancienne supportrice de Jacques Delors, qui incarne en bien des domaines l’aile droite du parti !

L’art du grand écart, en quelque sorte. Un vieil analyste de la social-démocratie au début du 20e siècle disait à peu près ceci : « Si nous n’y prenons garde, nous hériterons d’un socialisme de professeurs et d’avocats. » Dans sa bouche, ce n’était pas un compliment. Cela signifiait que le socialisme s’embourgeoisait et que ses leaders, forts en rhétorique et effets de manche, pouvaient parfaitement mêler un discours aux accents gauchistes ou rupturistes et une pratique platement réformiste. Et ce n’est pas Guy Mollet, Léon Blum ou Laurent Fabius qui me démentiront sur ce point. Pour conclure, j’aimerai revenir sur la question des « nouveaux adhérents » et de l’idée peut-être imparfaite que je m’en fais.

Comme n’importe quelle entreprise commerciale en crise profonde désireuse de reconquérir une clientèle, le PS a décidé de baisser ses tarifs d’adhésion. Pour la somme modique de 20 €, les personnes intéressées pouvaient donc adhérer et participer à la désignation du prochain candidat. Modernité oblige, on pouvait également adhérer en ligne, c’est-à-dire de façon impersonnelle, par la magie de l’internet ! Cette stratégie a porté ses fruits. Des dizaines de milliers de personnes, environ 80 000 je crois, ont franchi le pas. Sont-ce des citoyens issus des classes populaires ? Non. La plupart font partie des classes moyennes intellectuelles : ce sont des cadres, des fonctionnaires, pas des ouvriers ni des employés ; leur militance antérieure, s’il y a militance, ne se situe ni dans le syndicalisme, ni dans les secteurs associatifs traditionnels de la gauche (laïcité, cadre de vie, logement, éducation populaire, parents d’élèves).

Le PS peut bien chanter l’Internationale et mettre en avant sa glorieuse fédération du Nord, il ne peut cacher que les classes populaires le désertent de plus en plus... comme elles désertent de plus en plus les formations politiques d’une manière générale.

Le fait que cette nouvelle génération militante ait appuyé de façon si forte et incontestable la candidature de Ségolène Royal tient sommairement à deux choses :

-  Ségolène Royal, comme Arnaud de Montebourg, incarne le « renouveau » : voter pour elle, c’est envoyer à la retraite une génération impliquée dans les sempiternelles querelles d’appareil et marquée par les héritages passés du « socialisme de gouvernement ».

-  Mais le discours centriste de la candidate (ses références à Tony Blair, son éloignement de la rhétorique socialiste classique), convient parfaitement à la façon dont ces éléments issus de la petite bourgeoisie vivent le temps présent. Le libéralisme économique ? Il faut l’accepter et en corriger les excès, tout en préservant les grands équilibres et notre compétitivité internationale. La lutte des classes ? De l’histoire ancienne, peuplée d’ouvriers généreux certes mais à la culture trop grossière pour qu’on puisse envisager qu’ils soient en mesure de gérer eux-mêmes un monde aussi complexe. La démocratie ?

Une chose admirable qui permet l’alternance gauche-droite sans jamais remettre en cause l’ordre des choses. Les mœurs ? Soyons tolérants, ouverts ; toute singularité doit trouver à la fois une protection juridique et un débouché commercial, ou l’inverse. Les pauvres ? Soyons empathiques, charitables mais rappelons-leur tout de même que tout citoyen a des droits et des devoirs ; à eux de tenir leurs enfants, à eux d’accepter le travail qu’on leur offre.

Vous trouvez la charge quelque peu brutale ? Elle l’est. Alors, en guise de conclusion, j’aimerai citer Alain Accardo, sociologue, auteur d’un ouvrage cinglant sur ces classes moyennes, ouvrage intitulé « Le petit-bourgeois gentilhomme - La moyennisation de la société » : « Le petit-bourgeois est un agent à qui sa naissance et ses conditions d’existence ont fait intérioriser viscéralement cette certitude existentielle que, tant qu’à être petit, il vaut mieux que ce soit chez les bourgeois que dans le peuple. D’où l’adhésion de fond des classes moyennes à l’ordre existant, sans laquelle le consensus serait bien compromis. (...) Il ne s’agit pas de faire des petits-bourgeois les boucs émissaires de notre société développée. Mais compte tenu de l’importance fonctionnelle qu’ils ont acquise, de la place qu’ils occupent et du poids qu’ils pèsent, on ne peut minimiser leurs responsabilités dans le cours des choses. Ils assurent au système [...] la caution démocratique dont il a besoin et, en retour, ils sont conviés à s’asseoir au bout de la table des maîtres, situation éminemment ambiguë, à la fois confortable et incommode, prestigieuse et humiliante. »

Patsy (Alternantes)

Pour nous contacter, une seule adresse e-mail : patsy-alternantes@internetdown.org  ; et une seule adresse postale : Alternantes FM 19 rue de Nancy BP 31605 44316 Nantes cedex 03 Les personnes intéressées pour recevoir le programme puis les textes des émissions peuvent "s’abonner" en envoyant un courriel à l’adresse ci-dessus



(9 décembre 2006)

Ecrit par patrick83, à 07:55 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  rackhamlenoir
11-12-06
à 20:37

Ségolène ,François une belle histoire d'amour qui conduit droit au POUVOIR
Répondre à ce commentaire

  Léon (de Lyon)
12-12-06
à 10:52

Re:

Ne nous emballons pas... D'abord parce qu'ils n'y sont pas encore, au POUVOIR. Et ensuite et surtout, parce que malgré toute notre détestation du pouvoir, nous savons qu'il ne recouvre ici et plus que jamais, que le CAPITAL.
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