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Les millions de personnes ne sont pas descendues dans la rue pour la seule abrogation d’un article qui officialisait encore un peu plus la précarité. Elles ont envahi le pavé pour en finir avec des politiciens et une société qui ne voient en nous qu’une ressource de plus dans leurs équations macabres. Soit nous acceptons une sortie de crise qui ne changera en rien nos vies quotidiennes, et nous nous en remettons aux prochaines élections, soit nous disons assez et commençons à construire le " rêve générale "!
Lundi matin, le gouvernement a piteusement décidé de " remplacer " le CPE pour tenter de mettre fin au mouvement de colère générale de la jeunesse dont il avait dangereusement sous-estimé la détermination.
Deux mois de luttes intenses, de manifestations, de blocages, d’occupations ont eu raison de l’arrogance de ce gouvernement dont l’obstination n’avait d’égale que son mépris pour la jeunesse de ce pays. Cependant, si le symbole du CPE a bel et bien été retiré, la majeure partie de la " Loi sur l’égalité des chances " ainsi que le CNE sont conservés. Ainsi la lutte contre la précarité et l’arbitraire continue et l’essentiel est bien évidemment de maintenir la pression, et de pousser l’avantage, d’élargir nos revendications, bien au delà du simple remplacement d’un article de loi par un autre. Nous sommes en effet nombreux à penser que le CPE n’est jamais qu’un point de départ, le déclencheur d’une lutte visant rien de moins que le rejet du projet ultralibéral, la remise en question de l’aliénation capitaliste. Se contenter de la seule abrogation du CPE reviendrait dès lors à se contenter d’une demi-victoire, et donc se contraindre à assumer un demi-échec. Ce serait d’autant plus dommage que, sur de nombreux points, ce mouvement est exemplaire.
Si l’heure n’est pas au bilan, on ne boudera pas notre plaisir en rappelant que les pratiques autogestionnaires, les assemblées souveraines, le rejet des leaders, l’autonomie des individus et des groupes sont, le plus souvent, la règle. De même, le principe de l’action directe a connu ces dernières semaines de belles mises en application. Enfin, à la capacité de certains à s’affronter directement aux forces de police, fût-ce au prix de nombreuses arrestations, correspond la capacité qu’ont d’autres d’inventer de nouvelles manières de lutter, une réactivité par moment surprenante, un recours à l’humour et à la spontanéité, tout aussi essentiels. Pour autant, les regrets sont à peu près aussi nombreux que les raisons de se réjouir. Une fois de plus la grève générale, outil que nous préconisons et dont se réclament à présent nombre d’étudiants et de salariés, a été laissée au placard par des centrales syndicales toujours aussi frileuses.
La jonction tant souhaitée entre le monde du travail et celui de l’université a donc peu de chances de se réaliser. Autre jonction ratée : celle qui aurait pu, qui aurait dû se faire, entre les émeutiers de novembre et les grévistes d’aujourd’hui. Dommage. De ces occasions manquées il nous faudra, l’heure venue, tirer tous les enseignements. Et, pour reprendre une expression popularisée par le psychorigide de Matignon, veiller à le faire " sans tabou ". Pour le moment, l’important est d’amplifier la fronde, de veiller à ce que la colère ne retombe pas. Les anarchistes ne sont ni fiers ni heureux, ni même satisfaits de prendre pleinement leur part à la révolte actuelle. Ils en sont, naturellement. Et continueront d’en être.
Fédération anarchiste